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Critique de Tandarica


Bien entendu, tout a déjà été dit sur le précieux art de Rilke, à quel point il peut aider à vivre. J'ai étudié ce livre dans une classe préparatoire française et éprouvé un embarras mal dissimulé de mon ignorance, lorsqu'un proche m'a indiqué, en songeant à mes origines, que Franz Xaver Kappus, celui à qui Rilke a écrit les Lettres à un jeune poète, celui qui les a publiées et y a ajouté une introduction, était un écrivain roumain. C'était une exagération mais pas tant que ça: Kappus était germanophone, né à Timișoara, à l'époque dans l'empire austro-hongrois. Il s'est installé à Berlin en 1923. Ceci étant de 1918 à 1923, il était pour ainsi dire roumain. Pas le genre de choses à constater en classe prépa, où l'on est censé former l'élite de la France…
Cependant, poursuivons. Non seulement publication et introduction, mais en plus Rilke recopie un sonnet de Kappus dans ses lettres, le seul, à ma connaissance, traduit en français. Dans son introduction, essentiellement il se tait "comme les petits le doivent devant quelqu'un de grand". Entre "petit" et négligeable, toutefois la différence est grande, surtout qu'on a toujours besoin d'un plus petit que soi. Les problèmes de taille m'intéressant peu, je relève d'une part qu'un simple coup d'oeil sur un site bien connu fait ressortir que Kappus jouit en Allemagne d'une postérité loin d'être triomphante, mais réelle cependant. D'autre part, l'art précieux, incomparable même, de Rilke, n'aurait pas existé de la même manière s'il n'y avait eu ce qu'au cinéma on appelle le hors-champ, que le temps d'un sonnet le réalisateur a voulu mettre en lumière, ce qu'il a aiguillonné, intrigué, touché: l'oeuvre de Franz Xaver Kappus.
J'ai cru, moi aussi, qu'il existait une élite (en art par exemple, des génies et des salauds, i.e. des Mozart et des Salieri selon la définition de Peter Shaffer, qui s'inspire à son tour de Mozart et Salieri d'Alexandre Pouchkine), avant et après prépa: proposition qui, en dehors de l'école et des discours politiques (dans les halls des immeubles de banlieue, on a compris depuis longtemps) ne résiste guère à la réflexion.
Je préfère toujours les poèmes de Rilke à ceux de Kappus. Mais, finalement, en me disant qu'il était bien roumain après tout, j'ai acheté un roman (il a aussi écrit des succès de librairie) de Franz Xaver Kappus, histoire d'enrichir ma bibliothèque.
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