Je veux n'être qu'offrande. Agis. Pénètre
Autant que tu le peux. [...]
Hinhalten will ich mich. Wirke. Geh über
So weit du vermöchtest. [...]
Nuit, ô si tu apprenais combien je te regarde,
combien mon être bat en retraite dans son élan
au point d'oser se jeter tout contre toi ;
puis-je concevoir que deux fois parcouru le sourcil
s'élève au-dessus de pareils fleuves de regard?
Lorsque ton visage me fait ainsi me consumer,
comme une larme celui qui pleure,
que je multiplie mon front, ma bouche
autour des traits que je connais pour tiens,
il me semble, par-dessus ces ressemblances
qui nous séparent parce qu'elles sont doubles,
déployer une pure identité.
Ce qui s'offre à nous avec la lumière des étoiles,
ce qui s'offre à nous,
capte-le tel un monde sur ton visage,
ne le prends pas à la légère.
Montre à la nuit que tu as reçu silencieusement
ce qu'elle a apporté.
Ce n'est que lorsque tu te seras confondu avec elle
que la nuit te connaîtra.
… Et ils disent que la vie est un rêve :
non pas ;
pas seulement un rêve. Le rêve est une part de la vie.
Une part confuse, dans laquelle le visage et
l’être s’acharnent l’un contre l’autre, se tressent l’un à l’autre,
comme des animaux d’or, rois de Thèbes
repris à leur mort (qui se brise).
Le rêve est la traîne de brocart qui tombe de tes épaules,
le rêve est un arbre, un éclat fugitif, un bruit de voix- ;
un sentiment qui commence et s’achève
est rêve ; un animal qui te regarde dans les yeux
est rêve un ange qui jouit de toi
est rêve. Rêve est le mot qui d’une douce chute
tombe dans ton sentiment comme un pétale
qui s’accroche à ta chevelure : lumineux, confus et las-,
lèves-tu seulement les mains : c’est encore le rêve qui vient,
et il vient comme tombe une balle- ;
tout, ou presque, rêve-,
et toi, tu portes tout cela.
Tu portes tout cela. Et avec quelle beauté tu le portes.
Chargée de lui comme de ta chevelure.
Et cela vient des profondeurs, cela vient
des hauteurs jusqu’à toi et par ta Grâce…
Là où tu es, rien n’a attendu en vain,
nulle part autour de toi il n’est fait de tort aux choses,
et c’est comme si j’avais déjà vu
que des animaux se baignent dans tes regards
et boivent à ta claire présence.
Mais ce que tu es : cela seul je l’ignore. Je sais
seulement chanter ta louange : cercle de légende
autour d’une âme,
jardin autour d’une maison
dans les fenêtres de laquelle je vis le ciel-.
Ô tant de ciel, s’en allant, vu de si près ;
ô tant de ciel sur tant d’horizon.
Et quand c’est la nuit- : quelles grandes étoiles
ne peuvent manquer de se refléter dans ces fenêtres…
"Ô de quelle façon, avec quel gémissement
nous nous sommes caressés, épaules et paupières.
Et la nuit se terrait dans les chambres,
comme un animal blessé que nous aurions transpercé de douleur."