Citations sur Poèmes à la nuit (16)
Rien ne peut se comparer. Qu’est ce qui n’est pas entièrement
seul avec soi, en effet, et y eut-il jamais chose à dire ;
nous ne nommons rien, il nous est seulement permis d’endurer
et de nous persuader que çà et là un éclat,
çà et là un regard nous a peut-être effleurés
comme si précisément cela qui est notre vie
vivait à l’intérieur. A qui résiste,
le monde n’advient pas. Et à qui comprend trop,
l’éternel se dérobe. Parfois
dans de grandes nuits pareilles à celle-ci nous sommes comme
hors de danger, partagés en fragments égaux,
répartis en étoiles. Comme elles sont pressantes.
“Ce qui s’offre à nous avec la lumière des étoiles,
ce qui s’offre à nous,
capte-le tel un monde sur ton visage,
ne le prends pas à la légère.
montre à la nuit que tu reçu silencieusement
ce qu’elle a apporté.
ce n’est que lorsque tu te seras confondu avec elle
que la nuit te connaîtra.”
Ce qui s'offre à nous avec la lumière des étoiles,
ce qui s'offre à nous,
capte-le tel un monde sur ton visage,
ne le prends pas à la légère.
Montre à la nuit que tu reçus silencieusement
ce qu'elle a apporté.
Ce n'est que lorsque tu te seras confondu avec elle
que la nuit te connaîtra.
Ange, est-ce une plainte ? Ai-je l'air de me plaindre ?
Mais que serait-elle donc, cette plainte mienne ?
Non, non : je crie, je frappe deux morceaux de bois l'un contre l'autre
Et je n'ai pas le sentiment d'être entendu.
J'ai beau faire du bruit, tu ne m'en entendras pas mieux :
Ne me sentirais-tu pas rien que parce que je suis ?
Envoie, envoie ta lumière ! Fais que les étoiles me considèrent
davantage. Car je suis en train de me dissoudre.
C'est presque l'invisible qui luit
au-dessus de la pente ailée ;
il reste un peu d'une claire nuit
à ce jour en argent mêlée.
Vois, la lumière ne pèse point
sur ces obéissants contours
et, là-bas, ces hameaux, d'être loin,
quelqu'un les console toujours.
car les dieux ne font rien pour séduire. Ils ont l'être,
rien que l'être, un excès d'être,
mais ni odeur, ni appel. Rien n'est aussi muet
que la bouche d'un dieu. Aussi beau qu'un cygne
sur la surface sans fond de son éternité,
ainsi va le dieu, et il plonge, et il épargne sa blancheur.
et cependant il n'était pas, dans la froide
nuit, d'être qui m'échappât plus infiniment.
Qu'il soit qui vous voulez. Comme la veilleuse plaintive
dans le manteau de la lampe, je me loge tout au fond de lui.
Une clarté s'apaise. Ainsi la mort
trouverait son chemin avec plus de pureté.
Montre à la nuit que tu reçus silencieusement
ce qu'elle t'a apporté.
Ce n'est que lorsque tu te seras confondu avec elle
que la nuit te connaîtra.
Zeige der Nacht, dass du still empfingst,
was sie gebracht.
Erst wenn du ganz ihr übergingst,
kennt dich die Nacht.
Tourné attentivement vers ce qui apaise,
je me suis résolu à la nuit intacte,
mes sens se sont écoulés de moi
et le coeur indiciblement en est multiplié.
Levant les yeux du livre, des lignes proches et dénombrables,
Et regardant la nuit parfaite :
Ô comme les sentiments comprimés se dispersent à la manière des étoiles
Comme si l'on déliait
Un bouquet champêtre :
Jeunesse des plus légers, vacillation, incertitude des plus pénibles,
Hésitation et fléchissement des plus tendres -.
Partout l'envie de correspondre et nulle part de convoitise ;
De ce monde, trop, et suffisamment de Terre.