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Critique de Rodin_Marcel


Rimbaud Arthur – "Oeuvres : des Ardennes au désert" –Pocket-Classiques, 1990 (ISBN 978-2-266-20688-4)

Ce recueil comprend :

- la plupart des poèmes de Rimbaud publiés, suivis du texte "Une saison en enfer" (pp. 223-266) puis des "Illuminations" (pp. 267-282), de textes réunies sous le titre factice "Conneries et autres joyeusetés" (incluant l'Album zutique – pp. 287-301) et enfin de larges extraits de ses Correspondances (pp. 303-332) ; le dossier historique (cf ci-dessous) comprend aussi des lettres de Rimbaud écrites en Abyssinie

- une préface (pp. 5-37) de Pascaline Mourier-Casile consistant surtout en une sorte de biographie littéraire et interprétative de Rimbaud

- un dossier copieux se subdivisant en deux parties :
-- "au fil du texte" paginé en chiffres romains de I à XVIII : ces dix-huit pages constituent la partie la plus décevante de ce recueil, car elle ne comprend aucune analyse détaillée de l'un ou l'autre poème majeur, mais uniquement de brefs paragraphes n'éclairant que fort peu, neuf textes de Rimbaud
-- "dossier historique et littéraire" (pp. 333-409) comportant des documents originaux, comme les textes des plaintes déposées auprès de la police par Verlaine et Rimbaud suite à leur altercation ainsi que la missive de la soeur de Rimbaud écrivant la mort de ce dernier ; suivent des portraits de Rimbaud par Mallarmé, Ségalen, Aragon, Breton et Borer ; le tout se conclue par une bibliographie (pp. 395-399) succincte mais substantielle, une page de filmographie, un Index détaillé poème par poème, une table des matières.

Autant l'avouer d'emblée, je ne fus jamais un admirateur inconditionnel de Rimbaud, et le mythe construit autour de ce poète m'a toujours semblé surfait, annonçant quelque peu les pratiques d'une certaine presse : le texte figurant en quatrième de couverture fournit ici une parfaite illustration de ce type d'idiotie.
Je suis sceptique devant tout "poète maudit" ou "torturé" (même chose d'ailleurs pour les grands compositeurs de musique), devant toute proclamation forcenée d'un adolescent génial quasiment déifié. Tout ce fatras a été construit après coup, et trouve un écho archi-favorable dans notre époque de jeunisme débilitant, de cultureuses et cultureux se croyant inspiré-e-s au seul motif qu'elles et ils se livrent à la fumette, à l'alcool ou autres moeurs sensés effrayés le bourgeois qu'elles et ils fantasment dans leur petite cervelle.

Ceci ne m'empêche nullement d'admirer sans réserve certains poèmes, plus exactement certains groupes de vers (comme par exemple certaines lignes du "Bateau ivre", ou la "Chanson de la plus haute tour"), d'apprécier le côté primesautier par exemple de la "Première soirée", mais – tout en appréciant la charge lexicale féroce – je n'aime guère le racisme social sottement facile qui s'exprime par exemple dans la première strophe des "Premières communions" et atteint des sommets avec "Les pauvres à l'église".
Il est certes admirable qu'un jeune-homme de dix-sept ou dix-huit écrive "Les mains de Jeanne-Marie" ou "Le dormeur du val", mais la beauté formelle n'habille qu'un propos finalement fort convenu... Quant aux divagations d' "une saison en enfer" et des "illuminations", ce genre de textes me rase, mais je conçois qu'il plaise à d'autres...

Une toute petite remarque pour terminer : à l'heure (juillet 2015) où notre ministricule gauche bobo grand teint s'emploie activement à détruire ce qui restait de l'enseignement du latin et du grec dans les collèges, on appréciera que le premier poème ouvrant ce recueil soit le "Jugurtha", poème rédigé en latin par Rimbaud en classe de seconde, à l'âge de quinze ans...

Sur le fond, il appartient à chacune et chacun de se faire sa propre opinion en lisant.
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