Paru en 1947 , ce roman d'
Alice Rivaz est d'une folle modernité par les thèmes abordés, ce que souligne très justement dans sa préface
Mona Chollet : "la relation complexe des femmes à la beauté et à la mode; la peur panique de vieillir [...]; leur rapport à l'espace domestique. "
Et que dire de l'incipit qui tombe comme un coup de hache: "Je crois que je n'aime plus mon mari. " Constat clinique, sans affect qui va donner le ton de ce roman où une femme, secrétaire dans un bureau, analyse avec lucidité les relations hommes/femmes dans une société où l'homme pérore et la femme se tait. Autre point encore problématique de nos jours: la volonté de ne pas avoir d'enfant, mais ici au moins les deux époux étaient d'accord.
Seul le plaisir féminin n'est pas évoqué, même si on devine que la narratrice a eu une aventure extra-conjugale.
Un roman âpre et dense, où les collègues et/ou amies de l'héroïne parlent des hommes avec beaucoup de désinvolture, peut être pour oublier tous les rêves de liberté qu'elles avaient étant plus jeunes...
A (re) découvrir sans plus attendre grâce aux Éditions Zoé.
Dans la foulée, je me suis procurée le recueil de nouvelles Sans alcool , recueil qu'un éditeur japonais a refusé de faire traduire, le jugeant trop triste...