J'ai lu
Hope, la suite, avant
Bianca, le début. J'ai préféré
Hope, son errance dans New York, son atmosphère, ses personnages énigmatiques et aériens, et tant mieux, finalement, parce que cela veut dire que
Loulou Robert (fascinante beauté, je viens encore de regarder des photos, c'est extraordinaire d'être belle comme ça !) progresse dans son écriture.
La qualité du texte est déjà là : écriture vivante, on entend clairement la voix de Loulou, une voix qui nous parle, et c'est l'essentiel du talent d'écrivain.
Bianca est anorexique, c'est une des formes contemporaines de l'éternelle mélancolie de certaines âmes. Sa tristesse est en réalité sans nom et sans raison (le poème de
Verlaine "il pleure dans mon coeur..." est fort pertinemment cité et "expliqué" pour les Nuls dans le roman "c'est bien la pire peine/De ne savoir pourquoi/sans
amour et sans haine/Mon coeur a tant de peine.)
Bianca est enfermée en hôpital psychiatrique (HP pour les intimes ) et elle rencontre Clara, Simon, Sam, Raphaël, Jeff, d'autres "fous" que le personnel médical tente de rendre "normaux". Enfin, c'est l'impression que ça donne, je ne sais pas si c'est vrai, quelle est la part de dressage dans ces thérapies. On la pèse, un psychiatre essaie de la faire parler, elle vit des expériences avec ses camarades...Qu'est-ce qui la soigne le plus ? On a bien l'impression que ce sont ses conversations avec Jeff, le sage interné, seul adulte à sembler avoir compris quelque chose au monde, à savoir qu'il vaut mieux vivre sans trop de regrets avant de mourir, comme lui, d'un cancer.
Point de grands élans lyriques ni de guérison miraculeuse, point de mièvrerie, de bons sentiments. Des douleurs et des blessures qu'on tente de soigner chez ces adolescents, parce qu'il faut vivre. Pourquoi ? Parce que cela offre aussi des joies : un petit frère qui vous aime, un garçon qui vous trouve belle et vous aime, une mère qui se réveille, un père qui vous propose New York...
Bon, d'accord, ce n'est pas feel-good niaiseux, mais c'est beaucoup beaucoup mieux. C'est une vraie voix qui nous parle de la vraie vie. Un très bon texte, quoi, qui fait sentir et réfléchir.