Habituellement je lis très vite. Un livre de cette taille, 236 pages, je le lis généralement en une soirée. Mais ici, j'ai voulu prendre mon temps tant l'affaire est complexe.
Parce qu'il y a les faits, bien sûr, que je vais rappeler, mais il y a surtout ce que l'on découvre dans ce livre, toute la dimension humaine qui a entourée ces près de 40 ans d'attente entre la disparition d'Agnès et la condamnation définitive de son meurtrier.
Petit rappel des faits, car je me suis rendu compte en parlant du livre autour de moi que tous ne connaissaient pas l'affaire dont il est question. Petit rappel rapide, uniquement de la procédure judiciaire, ceux qui s'y intéressent trouveront de plus amples détails sans difficultés sur internet.
En 1977, Agnès le Roux, jeune femme assez fortunée, disparaît sans laisser de traces. Son corps ne sera jamais retrouvé. Très vite, les soupçons se portent sur son amant, l'avocat niçois Maurice Agnelet. Mais suite au témoignage d'une autre de ses maitresses, il bénéficie d'un non lieu en 1985. La maitresse en question ayant fourni l'alibi s'étant rétractée, Maurice Agnelet est remis en examen en 2000 et comparait devant les assises de Nice en 2006.
C'est là que commence le récit de
Pascale Robert-Diard. Sur ce procès qui s'ouvre près de 30 ans après les faits.
L'affaire, on la suit de l'intérieur, l'auteur ayant bénéficié de l'éclairage du fils du meurtrier, Guillaume.
Au travers les yeux de ce fils qui pendant plus de 30 ans a apporté un soutien sans faille à son père malgré sa conviction de sa culpabilité, on découvre Maurice Agnelet comme un homme arrogant, sûr d'échapper à la justice, méprisant envers tous et surtout envers ceux qui ne se « prosternent » pas devant lui.
On cherche à comprendre ce qui a pu pousser ce fils modèle à « trahir » son père tout en louant son courage car il sait, avant même de prendre sa décision, qu'il se retrouvera seul contre tous.
Devant les assises de Nice, Maurice Agnelet est acquitté. le parquet fait appel. Renvoi est fait devant les assises d'Aix en Provence. Là il est condamné. 20 ans. Guillaume Agnelet peut respirer. Mais Maurice Agnelet se défend. Il saisi la Cour Européenne des droits de l'homme qui condamne la France en 2013. Un nouveau procès doit avoir lieu.
Il se tiendra devant les assises de Rennes.
C'est ce procès qui est le procès de trop pour Guillaume. Il craque et « déballe » tout ce qu'il sait. Son témoignage portera un coup fatal à son père. Son témoignage ou l'arrogance de cet homme qui n'a pas hésité à clamé devant sa famille que « tant qu'ils ne retrouvent pas le corps, je suis tranquille. Et le corps, je sais où il est. ».
Pascale Robert-Diard nous livre une chronique judiciaire qu'on lit presque comme un roman, même si on ne s'y plonge pas aussi profondément car le style ne nous fait jamais oublier qu'il ne s'agit pas là d'un récit fictif, mais d'une véritable affaire et que Maurice Agnelet est un monstre tout ce qu'il y a de plus réel.
Voilà d'ailleurs un petit bémol sur cette oeuvre : A trop coller au style narratif qui éloigne un peu de la simple chronique judiciaire, j'ai trouvé que c'était par moment « trop long », et j'ai failli décrocher à une ou deux reprises. Je n'ai gardé le cap qu'en m'accrochant aux faits en m'efforçant d'occulter les pensées et sentiments du fils Agnelet.