- Lâchez-moi espèce de...
- Brute ?
- Vous êtes parfaitement insupportable.
- Merci du compliment.
- Vous êtes l'homme le plus prétentieux, le plus autoritaire, le plus égocentrique et le plus insensible que je connaisse.
- Vous oubliez extravagant, têtu et incroyablement séduisant. Vraiment Gwenievre vous me décevez. Je pensais que vous aviez plus d'imagination. Ce sont vos meilleures insultes ?
- Au pied levé ? Oui.
J'ai appris qu'il faut accepter l'amour lorsqu'il se présente et tout lui donner, parce qu'il pourrait ne pas revenir une nouvelle fois. J'ai également appris qu'on ne connaît toute sa beauté, toute sa valeur et sa portée que lorsqu'on a le coeur brisé.
Tout le problème lorsqu'elle était entre ses bras, était que ce n'était pas de l'abandon qu'elle éprouvait. Mais le besoin de répondre à la passion par la passion, au désir par le désir. L'escalade était vertigineuse. Et enivrante. Constater cette nouvelle facette de sa personnalité était peut-être la plus troublante des découvertes.
- Vous êtes singulière, Gwenievre. Je ne vous ai pas encore tout à fait cernée, je suis intrigué par l'innocence.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez.
- Votre verni new-yorkais ne la dissimule pas tout à fait. Elle est dans vos yeux, Gwenievre. Bradley ne sait pas pourquoi ils sont si beaux, et je ne vais pas le lui dire. Mais c'est à cause de l'innocence et de la promesse qu'ils contiennent. Je vois une innocence cristalline sur ce merveilleux visage et une chaleur annonciatrice de passion. C'est un équilibre ténu.
- Vous êtes Luke Powers !
- Oui.
- Vous n'avez pas aimé mon dernier livre ?
- C'est celui en cours que je désapprouve.
- Oh ?
- Je désapprouve que vous l'écriviez ici, dans cette maison.
- Est-ce une désapprobation morale, Gwenievre ?
- Je doute que vous connaissiez quoi que ce soit à la morale. Et ne m'appelez pas Gwenievre, seule ma mère m'appelle de cette façon.
- Quel dommage, c'est un prénom si romantique ! Mais peut-être n'aimez-vous pas non plus le romantisme ?
- Quand il s'agit de ma mère et d'un Casanova de comédie de douze ans son cadet, je n'appelle pas ça du romantisme.
- Votre peau est d'une incroyable beauté. On dirait le velouté d'un pétale de rose après la pluie.
- Non !
Elle recula.
- Ne me touchez pas !
- Je touche toujours ce que j'admire.
- Je ne veux pas que vous m'admiriez.
Une lueur d'amusement traversa son regard, le rendant encore plus séduisant.
L'inconnu de son côté, avait vu la stupeur, la confusion, puis la contrariété su succéder sur le visage tourné vers lui. Si les yeux étaient le miroir de l'âme, ceux qui le considéraient étaient d'une limpidité admirable. Plus transparents que le cristal, ils reflétaient chacune des émotions qui les traversaient.
Luke Powers, la simple évocation de ce nom lui faisait grincer des dents - romancier et scénariste à succès, célibataire en vue, grand voyageur. Et sinistre crapule, ajouta-t-elle en serrant les mains sur son sac comme si elle avait pu l'étrangler.