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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
EN GUISE DE MISE EN GARDE
Ouvrez le placard sous votre évier. Déposez sur la table de la cuisine votre lot de produits détergents. Observez minutieusement les pictogrammes derrière chacun. Ne gardez que le plus corrosif. Ouvrez la première page de ce roman et appréciez en substance la différence entre la soude et les effets de Travailler tue ! sur les voies biliaires du lecteur que vous êtes. Dégustez.
CA, C'ETAIT AVANT...
Hubert Garden est un homme respectable, cadre subalterne dans une société de travaux publics respectable, chargé de veiller au bon suivi des procédures de sécurité avec l'engouement et le respect des fonctions qui incombent à un homme de son rang. D'aucun aurait dit qu'il était taillé pour ce job. D'autres qu'il y avait quelque chose de louche dans la manière qu'il avait de mordre ses lèvres comme dans une peau de boudin. La vérité, c'est qu'Hubert avait accepté son poste à contrecoeur, que sa hiérarchie l'avait mis là pour le disqualifier et qu'un malheureux concours de circonstances allait précipiter ce brave type expert en accidentologie dans la plus diabolique et la plus vengeresse des vendettas...
...AVANT LA TRAGEDIE
Travailler tue ! Voilà le sceau de la fatalité ! Implacable, inique et bien au-delà de l'endurance humaine. Hubert est un homme manipulé et impuissant. Fatigué d'être le larbin d'une boîte ingrate. Fatigué de voir se succéder les accidents sans y pouvoir grand chose. Fatigué de devoir décrocher des crédits. Epuisé de faire un enfant à sa femme qui, faute de le voir rentrer tous les soirs à la maison, suspecte une relation torride avec la contrôleuse de gestion de son entreprise. Faire les courses. Passer à la caisse. Trouver une putain de place de stationnement. Etc, etc. Dans une guerre sans fin contre les contingences. Abattu mais pas en reste. Hubert a rendez-vous avec son destin. Et son destin, s'il est de sombrer un jour dans les tréfonds de l'âme humaine, sera de vaincre le mal qui le ronge en s'attaquant à la racine, quitte à sacrifier quelques innocents sur l'autel de la rédemption : comme investi d'une mission dictée d'en haut !
Moralité de l'histoire. Pas de moralité mais le plaisir coupable d'avoir aimer tuer le travail dans un roman si ce n'est complètement cathartique, absolument jubilatoire ! Noir, mordant et sans bavures ! C'est arrivé près de chez vous mais du côté de Neuville. Un chef d'oeuvre de roman pas policier mais presque...
Lien : http://librairielescordelier..
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Travailler Tue , Yvan Robin chez Lajouanie

" Tu vas finir par crever, ou Dieu sait quoi . C'est pourtant pas ton genre de mourir . Ça te ressemble pas . Tu es un gagnant. Un battant . Un vivant .Si les bords de la mort sont comme ceux du lavabo tu dois pouvoir en faire le tour, sans glisser dans le siphon. Respire.Voilà .T'es plus un gosse, bon sang."

Hubert Garden est employé d'une boite de travaux publics. Il doit veiller à ce que les procédures de sécurité soient respectées quitte à contourner les règles comme le dit si bien ce vieil adage.

"Il subissait une pression de tous les instants, digne d'un harcèlement moral caractérisé."

Malgré son travail acharné, les accidents se succèdent et son supérieur lui fait miroiter le placard s'il n'atteint pas "Zéro accident "

"Les risques-ci . Les risques-là. Des risques à ne plus savoir qu'en foutre."

Le travail c'est la santé, ne rien faire c'est la conserver.....

À la limite du burn-out, il entreprends une nouvelle bataille. Il devient un nouveau soldat et part en guerre à sa façon contre l'ingratitude de cette boite.

"Depuis l'enfance, oppression parentale, oppression sociale, oppression scolaire, oppression professionnelle. La liste était plus longue que ces trains de marchandises qui sillonnent les campagnes."

Sa femme, également au bord du pétage de plombs, l'accompagnera sans se douter des lourds secrets que lui cache son homme, elle-même en plein bilan sur sa vie.

"Les heures passaient-parfois les jours-et son mari refaisait surface. À la manière d'un cadavre qui remonte, après avoir visité le fond. A croire que lui aussi, il avait ses secrets."

Ce roman aurait tout aussi bien pu s'appeler: "Chroniques de Burn-out annoncés”. À travers ce récit cynique et décapant, nous accompagnons ce couple, monsieur et madame tout le monde, dans leur vie quotidienne et professionnelle avec une réalité surprenante.

Qui de nous n'a jamais subit de harcèlement au boulot, ou fait un petit bilan sur sa vie, avec ensuite une envie de tout foutre en l'air. Seulement on n'a pas le choix, faut avancer, survivre coute que coute, et continuer à croire que ça va s'arranger.

Yvan Robin réussit à mettre des mots sur nos maux, avoués ou enfouis...

Avec humour noir, il dépeint admirablement le monde du travail manuel, le patronat, les obligations de faire toujours mieux pour remplir davantage les poches de ceux-ci. Ceux-là même qui vous tourneront le dos aux moindres pépins. Sous tension en permanence, l'être humain souffre, mois après mois jusqu'à l'explosion....

Un roman social, brutal, réaliste, parfois dérangeant, intriguant. Un roman noir qui éveillera en vous questionnement et rébellion contre ce système aussi pourri qu'il parait.

c'est tellement ça, c'est tellement vrai, et c'est tellement bien écrit, bien transcrit, ce malaise ambiant...une histoire qui m'a touché pour m'y être reconnue parfois, et qui me conforte dans mon choix d'avoir quitté ces entreprises à faire du fric sur mon dos, et à créer la mienne avec le choix d'y travailler seule à ma façon. Je travaille pour vivre, je ne vis pas pour travailler, car n'oublions pas :

TRAVAILLER TUE !

Encore une sacré découverte de la maison d'édition Lajouanie qui nous réserve de belle surprise, ici encore, "Roman pas policier mais presque".Pas d'enquête, pas de flic, pas de témoin, mais un suspense intense ...Yvan Robin rejoint cette écurie d'auteurs aussi diversifiée que sur un champs de courses en route vers les podiums. Qu'on se le dise ...

Et prenez le temps de lire, trop TRAVAILLER TUE ! Pensez-y .

Petit plus: si vous avez aimé le couperet de Donald E. Westlake ou vu l'adaptation cinématographique avec José Garcia, ce livre vous plaira forcément ...
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un livre qui m'a absorbé jusqu'à la fin, m'a retourné les tripes sans toutefois me rendre malade, vraiment surprenant qui nous pose des questions sur le monde du travaille surtout quand on est étudiant.
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Un roman noir palpitant et décapant. Très original!

Lien : https://aziquilit.wordpress...
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Drôle, noir et métaphysique à souhait. Un petit bijou.
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Roman pas policier mais presque…
Plutôt thriller, mais un peu plus…
Le roman d'Yvan pointe du doigt le système, c'est une sorte de descente aux enfers, la mienne, la vôtre, celle de Monsieur tout le monde.

Très bonne surprise, donc vous l'aurez compris ce n'est pas un polar, mais un roman noir et brutal.
Yvan réussit admirablement à montrer le raz-le-bol d'un employé qui se perd ou se sent perdu et du coup il va se rebeller.
Cela sonne très vrai. le malaise enfouis en nous qui se transforme en mal au fil des mois jusqu'à l'explosion !
Au fur et à mesure de ma lecture je me suis vu en Hubert… Les obligations de faire toujours mieux toujours plus, au profit des autres, une certaine souffrance interne, une tension permanente qui devient une normalité jusqu'à…

Un roman parfois dérangeant, qui peut vous faire vous poser beaucoup de questions car il sonne juste malgré le ton étrange et absurde voulu par l'auteur.

Bravo aux éditions Lajouanie !
……………………

“Je saisis l'homme par le col, et l'oriente dos au vide. J'approche mon visage du sien pour qu'ils sent la chaleur de mon haleine, et lui murmure une phrase que je n'ai pas préparée. Ce n'est pas contre toi. Je tends brusquement les bras.
L'homme bascule en arrière. Un éclair de terreur le défigure. Il disparaît de mon champ de vision. Je l'ai fait. Bon dieu de merde je l'ai fait. Je m'approche prudemment du vide. Ma main gauche trouve un anneau de fer, enfoncé dans le béton, pour m'assurer. Je risque un coup d'oeil vers le sol. La silhouette de l'homme est invisible.”
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