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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Tant que dans la montagne règneront les ours, le soleil se lèvera le matin. Mais, au soir où mourra la dernière reine, alors ce sera le début du temps des ténèbres. »

Édouard Roux, gueule cassée de 14-18, se rend à Montmartre chez Jeanne Sauvage, afin qu'elle lui fabrique un nouveau visage. Ne pouvant la payer, et cette dernière étant sculptrice animalière, il lui montre ses montagnes et ses forêts du Vercors, tout en lui racontant l'histoire du dernier ours abattu sous ses yeux lorsqu'il avait dix ans. Dans une grotte connue de lui seul et de ses ascendants, Édouard lui montre La Dernière Reine. de retour à Paris, la sculpture de Jeanne a un franc succès. Mais après quelques ennuis avec la justice, et la santé de Jeanne étant fragile, le couple prend la décision de s'installer définitivement dans cette montagne qu'ils aiment tant tous les deux...

Un hiver, des bêtes disparaissent. Se pourrait-il qu'il y ait encore un ours ? Déterminé à le protéger, Édouard va devoir à nouveau faire face aux hommes...

Comme dans "Le loup", Jean-Marc Rochette nous dépeint ici un paysage montagnard à couper le souffle, dans lequel ses protagonistes, isolés volontairement et par amour de ce lieu, sont en pleine communion avec lui. Ici il n'est pas question du loup, mais de l'ours, tout aussi majestueux et pour lequel on prend partie (enfin en ce qui me concerne, je suis toujours du côté de l'animal de toute façon).

Mais il n'est pas uniquement question de l'ours, il y a aussi la montagne et ses forêts, tout comme Édouard dont la personnalité est aussi bien dépeinte que les paysages qui l'entourent.

Les illustrations, telles des peintures de paysage, sont rendues vivantes, en mouvement continuel. Souvent imprécis, aux tons sobres, très aérés, les dessins de Rochette sont à l'image d'Édouard, de son visage sans nez et sans bouche, de son passé douloureux, de ses points de vue "anarchistes".

Il y a très peu de texte, mais il n'y en a pas besoin de plus. Édouard a énormément de prestance, tout comme la montagne, sa faune et sa flore. Les dessins s'imposent et en disent long et suffisamment.

En-dehors de son histoire, douloureusement belle, Jean-Marc Rochette nous offre en parallèle des tableaux à la fois percutants et immersifs.

"La dernière reine" est une très belle découverte, que j'ai d'ailleurs mieux apprécié que "Le loup", certainement parce que le lien entre l'homme et l'animal m'a ici davantage touchée.
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Meilleur livre de l'année 2022 pour le magazine Lire, et c'est une BD, ou un roman graphique, comme vous voulez.

Une couverture de toute beauté, une histoire sur plusieurs temporalités, où les hommes n'ont pas le beau rôle.
Quelques planches retracent l'histoire du Vercors à différentes époques, avant l'apparition des hommes, à la préhistoire, au moyen age. Les animaux et ceux qui les aiment et les protègent vont y subir la loi des hommes.

L'histoire principale met en scène deux personnages: une gueule cassée de la grande guerre, Édouard Roux, déjà tenu à l'écart petit car fils d'une "sorcière" et fervent défenseur de la vie sauvage, et Jeanne , sculptrice, qui fabrique des masques pour redonner figure humaine à ces hommes que la guerre a privé d'une partie de leur visage. Ils vont s'aimer. Ils vont essayer de vivre leur vie, dans les montagnes, à l'écart des autres, mais la vie, ou plutôt la mort les rattrapera. Je ne divulgâche pas, car les premières pages nous disent que la grâce d'Édouard a été refusée.

Mais le premier personnage de cette BD c'est la nature et cette montagne du Vercors, et les animaux qui tentent d'y survivre, notamment La dernière reine.

Des dessins magnifiques aux tonalités qui évoluent suivant l'endroit représenté, une incursion dans le cercle artistique du Paris de l'après-guerre instructive, un message déjà d'actualité à l'époque sur les désastres que l'homme fait subir à la nature et à la vie sauvage, un plaidoyer pour le droit à la différence, beaucoup de choses sont abordées dans cette BD, des thèmes chers à mon coeur.

Il reste néanmoins que le format BD me touche moins qu'un roman. Je m'y trouve moins plongée, moins emportée dans l'histoire. Voilà pourquoi ce ne fut pas un coup de coeur pour moi, malgré la splendeur des dessins.

Je pense notamment à ces planches qui nous montrent à la fin du livre, quelques animaux, à différentes distances, d'un plan rapproché sur leur regard à leur silhouette dans le lointain.
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1898, dans le Vercors. Il n'est pas peu fier, le berger Tolozan, d'avoir réussi à tuer l'ours qui s'attaquait aux troupeaux du village. Seul ce gamin, Édouard Roux, s'indigne de ce geste infâme et honteux. Raillé par d'autres enfants, il s'énerve et s'apprête à frapper, le menaçant de mort, l'un des enfants mais finira au cachot où sa mère viendra le récupérer. Ce n'est qu'une fois rentrés chez eux, dans la montagne, que celle-ci lui dira de se méfier des hommes, souvent bien plus cruels que les animaux. Des années plus tard, sur le front, Édouard verra la plupart de ses camarades mourir tandis que lui finira défiguré. Une gueule cassée, comme on dit, qui n'osera alors plus rentrer chez lui et voir sa mère, trop honteux de ce visage dont le nez et tout le côté droit est parti dans l'explosion de la trachée. Exilé à Grenoble, il vit en permanence avec un sac en papier sur la tête. Alors qu'il vient tout juste de perdre sa mère, il fait la rencontre d'un jeune garçon, voisin de palier. Celui-ci lui conseille d'aller voir son oncle, qui habite au premier. Une gueule cassée comme lui qui lui donnera l'adresse de Jeanne Sauvage, à Paris, sur la butte Montmartre. Une artiste qui fait des miracles en refaisant les visages...

La dernière reine n'est autre que la dernière vieille ourse qu'Édouard, dans toute sa noblesse et son honneur, tentera de sauver des hommes qui cherchent à la tuer. Bien avant cela, devenu une gueule cassée qui n'osera montrer son visage à quiconque, et surtout pas à sa propre mère, Édouard Roux, grâce à Jeanne et à son art, reprendra goût à la vie et retrouvera l'espoir. Sur fond de chasse à l'ours, dans le Vercors, Jean-Marc Rochette nous plonge au coeur de passionnantes, vibrantes, presque viscérales, histoires d'amour. Amour entre un homme et une femme, entre un homme et un territoire, celui des montagnes du Vercors, entre un homme et un animal. Si l'auteur interroge sur l'art, le sens de la guerre, la chasse, le deuil, la place de l'homme dans la nature, il transcende, toutefois, cette histoire d'amour entre Jeanne, un personnage fort, accompli, humaniste et libre, et Édouard, un homme puissant, farouche et respectueux qui se révélera au contact de cette dernière. Sensible et intense, cet album se révèle tout à la fois tragique et beau. Graphiquement, l'auteur nous offre de magnifiques paysages de montagnes. le trait charbonneux et les planches sombres nous plongent dans une atmosphère particulièrement troublante.

À noter qu'un film est déjà en préparation...

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Depuis quelques mois, j'ai fait l'impasse sur les bandes dessinées et je rattrape mon retard avec quelques titres incontournables.
Tout d'abord ce splendide album de Rochette, « La dernière reine ».
Cette dernière reine, c'est la dernière ourse encore présente dans le massif du Vercors.
Enfant, Edouard Roux a assisté à une battue pour exterminer les derniers ours présents et tenté de s'interposer, ce qui lui vaudra une réputation de rebelle délinquant.
Après la première guerre, devenu une « gueule cassée », il n'ose pas revenir au village et se fond dans la foule parisienne.
C'est là qu'il rencontrera Jeanne Sauvage, sculptrice animalière, qui lui confectionnera un masque (oui comme dans « Au-revoir là-haut ) qui lui changera la vie et le rapprochera à jamais d'elle.
Et quoi de mieux, pour enrichir son inspiration, que lui faire découvrir son merveilleux Vercors et ses légendes...

Tout est beau dans cette bande dessinée !
Le scenario, riche, met en scène les légendes immémoriales sur les ours, la boucherie de la première guerre, le Paris des années 20 et son effervescence artistique, la magnificence du Vercors, et une histoire d'amour improbable et tragique !
Le dessin et les couleurs, sombres, sépias, avec des bleus profonds et des taches de rouge grevés de quelques rares morceaux de ciel bleu, collent complètement au récit.
Tout nous émerveille et nous émeut dans cette histoire et on ne se lasse pas de détailler chaque épisode et son atmosphère particulière.
Une bande dessinée à relire et à offrir !
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Une légende venue du fond des âges disait que « le jour où disparaîtra la dernière reine, alors sera venu le temps des ténèbres ».

Lorsqu'en 1898, le dernier ours du plateau du Vercors est abattu par un berger, Edouard Roux n'est alors qu'un enfant mais déjà il sait que ce n'est pas une bonne chose. Celui que le village dit être le fils d'une sorcière et d'un ours, gardera le coeur lourd d'avoir vu disparaître cet animal que vénéraient les ancêtres.

Revenu défiguré de la première Guerre Mondiale, il rencontre Jeanne Sauvage, une plasticienne animalière qui lui refera un visage et avec qui il partagera son amour pour la montagne et pour les ours qui la peuplaient autrefois.

Traversant l'âge de pierre, la préhistoire, le Moyen Âge et la guerre de 14-18, ce roman graphique nous emmène jusque dans les années 20, sur les traces de cet animal inquiétant, symbole de puissance.

Les illustrations sont superbes, toutes dans les tons sombres comme l'est cette histoire. Les paysages du Vercors sont grandioses avec des textes sobres, parfois inexistants. Les personnages sont souvent terrifiants, seuls les animaux restent magnifiques. L'imprégnation est totale et j'ai été happée par l'ambiance dure et sauvage qui règne dans cette longue BD.

Et pourtant c'est cette noirceur que j'ai regrettée dans un récit qui ne laisse pas beaucoup de place à l'espoir et où chacun se voit contraint de renoncer à ses idéaux.
Même si j'ai aimé la magie des images du passé qui nous racontent l'histoire de la cohabitation de l'ours et de l'homme à travers les siècles, j'aurais préféré une vision un peu plus positive qui, aux mains de l'imaginaire, aurait pu laisser une petite chance aux éternels perdants.
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J'avais été émue par Ailefroide, j'avais pleuré devant Loup, et à nouveau, j'ai été assez bouleversée par La dernière reine.
La dernière reine, c'est l'ourse du plateau du Vercors, au féminin car c'est la mère protectrice de ses petits que l'on découvre presque dans les premières pages dans de superbes planches à l'image de cette couverture où l'ourse ressort sur les nuages blancs et le bleu du ciel, face aux montagnes. Cette ourse pêche dans les rivières, hiberne dans les grottes des falaises, mange les myrtilles, se bat contre les loups. C'est une vie dure, mais sauvage, car ignorée des hommes. La date nous l'annonce, nous sommes il y a moins 100 000 ans lorsque le Vercors n'était peuplé que d'animaux, et que les hommes n'étaient pas là. Les montagnes sont magnifiques et magnifiées par les dessins et les couleurs, avec leurs différentes teintes du coucher ou du lever du soleil, avec les variations du temps et le passage des saisons. Les hommes n'arrivent qu'il y a moins 30 000 ans, mais ils arrivent avec le feu, les chiens, et la violence. La chasse est brutale, sauvage, sanglante.
Les hommes sont les prédateurs ultimes, qui s'en prennent aux animaux comme aux forêts. Les forêts sont défrichées, exploitées pour le profit, débitées en planches de bois. L'homme veut aller toujours plus haut, tout conquérir, tout posséder, à l'image de ces chevaliers du Moyen-Âge qui en font l'ascension en armure, espérant y acquérir de la gloire et des trésors. Si ce n'est pas mentionné clairement du fait du contexte, j'ai aussi pensé à l'exploitation par le ski qui détériore les alpages, et à la fragilité des glaciers, si sensibles au réchauffement.
Edouard est à part, parce qu'il connaît et respecte la nature, ne pêchant ou chassant que pour manger, respectant les jeunes sangliers, ne coupant que le bois nécessaire... Il est à part aussi par ses cheveux roux, son origine sans père, son visage ravagé par la guerre. Alors qu'il sombre dans l'alcool, il rencontre sa reine à lui, Jeanne Sauvage. Un coeur généreux, une artiste bohème, une sculptrice de talent, une femme amoureuse. Plus que sa sculpture d'ourse qui fait effectivement penser à Pompon, ce sont ses sculptures éphémères au coeur de la montagne que j'ai trouvées les plus émouvantes, meules de blés, cairns en pierres, tas de neige... Elle sculpte avec les matériaux qu'elle trouve, dans le respect et l'amour du paysage et de la nature.
Tous les fils narratifs se rejoignent peu à peu, et ont un sens : si j'ai été surprise par les premières pages se déroulant dans la prison de Grenoble ou les scènes dans les tranchées, elles ont un sens, montrer la brutalité et la violence des hommes, par contraste avec le calme et l'éternité menacée de la montagne et la beauté simple des histoires d'amour évoquées. Il y a celle entre Jeanne et Édouard toute en sensualité et en respect mutuel, celle de Jeanne pour l'art et la création, celle d'Édouard pour ses montagnes qu'il transmet à sa compagne. Si l'évocation du Paris bohème est intéressante par son hommage aux artistes - Cocteau et Soutine, si la violence des tranchées ressort en quelques pages, c'est bien les scènes se déroulant dans les montagnes iséroises qui sont les plus belles.
Une très belle oeuvre, toute en poésie, en délicatesse, pleine d'émotions.
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"La dernière reine", de Rochette, est un bien bel album. J'avoue qu'au démarrage je n'ai pas été très emballée par le dessin (traits épais, couleurs sombres), mais sa magnifique et surprenante histoire a su prendre le dessus pour m'emporter moi aussi dans les belles montagnes du Vercors.
Elles sont pourtant au début pleines d'injustice : celle des hommes envers la nature, celle des hommes envers ceux qui sont différents, celle de la guerre également. Mais la beauté et l'amour ne sont pas loin, et vont permettre à notre héros Edouard de connaitre le bonheur.
Je recommande !
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.
CELLE LÀ , JE N'AI PAS PU M'EN EMPECHER.


Publiee trois ans aprés le Loup. L'auteur semble en avoir retenu les rares critiques.

C'est une longue et belle BD, épique et romantique, triste, très triste. Et très noire. Il faut se laisser aller, se faire prendre par les dessins où les dialogues et les textes sont parfois rares.

Le texte est exempt de naïveté. le sujet est étudié et documenté. Cela pourrait être un polar puisqu'il est noir.

C'est beau. C'est fort. BRAVO !



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Rochette nous offre un récit exceptionnellement puissant d'un être fort mais 'damné de la terre' pourtant né en communion avec cette terre, au fond du Vercors. La damnation ne vient pas de la terre, elle vient des autres hommes. Damné parce qu'il est presque détruit dans les tranchées de 14-18. Il en sort la gueule cassée, la mâchoire et le nez arrachés.
Là commence une belle aventure humaine: le chirurgien qui le sauve lui renseigne une artiste qui refait les visages, une femme exceptionnellement douée pour rétablir le visage des damnés des tranchées.
Lui connait la nature, elle vit à Paris. Ils se rapprochent et se donnent l'un l'autre ce qu'aucun d'eux n'osait espérer de la vie: l'amour pour lui, la communion avec la beauté de la nature pour elle.
Mais l'aventure ne se referme pas sans que la souffrance et la tristesse, qui ponctue tout l'ouvrage, ne se laisse lire et voir jusqu'au bout.
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Édouard Roux est une gueule cassée de la première guerre mondiale. Alors que Savine semble totalement anéanti, il fait la connaissance de Jeanne, qui va lui redonner goût à la vie…
Touchée par l'ambiance, les illustrations et l'histoire… c'est beau comme toujours, c'est poignant, délicat, brutal… un goût de « Au revoir là-haut » avec les montagnes en plus… une ode à la nature… c'est encore une lecture puissante et magnifique
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