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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Toujours beaucoup de plaisir en admirant les graphismes parfait de Jean-Marc Rochette avec des couleurs travaillées qui traduisent avec réalisme la teneur de cette histoire.

C'est une double histoire, celle d'un homme, une gueule cassée de la Grande Guerre, et celle d'une femme artiste, sculptrice, dont le talent va les unir pour l'éternité. Ce sont deux personnalités auxquelles le lecteur s'attache dès les premières planches les mettant en scène, partageant leur bonheur et leur douleur.

L'action se déroule en grande partie dans le Vercors pour l'illustration duquel Rochette a déployé tout son art, surgissant dans les levers ou couchers de soleil, avec cette magnifique lumière bleutée émergeant au-dessus des rochers, des sapins, de toute une nature superbement valorisée par un dessinateur talentueux.

Une partie de l'action emmène le lecteur dans les tranchées de la guerre, mais aussi au Moyen Age sur le plateau du Vercors, époque où les loups et les ours, craints des humains, étaient pourchassés sans relâche.

Il y a donc tout ce que l'on peut espérer d'un beau roman graphique à la lecture duquel on savoure autant la beauté des lieux que l'histoire douloureuse et belle d'Edouard Roux qui a connu le grand amour malgré son visage défiguré à la guerre.

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Club N°50 : BD sélectionnée ❤️
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Indispensable, Rochette atteint le sommet !

Clément
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Dernier volet de la trilogie montagnarde de Rochette, après l'autobiographique et grandiose Ailefroide, puis le superbe d'atmosphère le Loup, voici La Dernière Reine.

C'est dans la lignée des deux premiers volumes, une grande réussite de scenario et son style graphique si particulier.

On est cette fois dans le Vercors, entre différentes époques avant de se poser au début du 20eme siècle et la fin de la première guerre mondiale.

On sent l'influence de Pierre Lemaitre, de Frison-Roche et sa Grande Crevasse et de l'amour de la nature et de la montagne qui ont rempli la vie de Rochette.

C'est très moderne malgré l'époque et la réflexion sur la place de la nature/homme.

Une trilogie majeure de la BD !

Greg (Club BD)
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Un récit d'une très grande force qui s'appuie sur les illustrations grandioses de Jean-Marc Rochette !

Isabelle
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Encore un chef-d'oeuvre !!

A mi-chemin entre "l'Ours" de J. J Annaud et "Au revoir la-haut" de Pierre Lemaitre avec évidemment toute la qualité scénaristique de J.M Rochette.

je ne mets que 4.5/5 car cette BD méritait une édition plus prestigieuse, entre autre un format plus grand.

Aaricia
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Très belle BD !

L'histoire et le dessin abordent pleins de thématiques différentes avec une grande justesse et une grande sensibilité.

J'ai adoré !

Morgane N.
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Une pure merveille !

Il se dégage une magie incroyable, une émotion tintée de tristesse ainsi qu'une revendication de liberté à tout prix...

Gwen
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La meilleure BD de cette sélection.

Dommage que ce soit la dernière de Rochette mais il termine sur une apothéose.

Wild57
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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L'auteur Jean-Marc Rochette déclare que la dernière reine sera sa dernière oeuvre en BD préférant poursuivre dans la sculpture et la peinture où il y a plus de liberté. Il a été fortement secoué par l'affaire Bastien Vivès et les commissaires politiques et de la moralité qui sévissent dans ce milieu où tous les coups sont désormais permis. On peut comprendre et respecter sa décision.

C'est donc une oeuvre testament qu''il nous laisse en héritage. Autant dire, que c'est réellement un magnifique récit qui nous entraîne sur des sentiers encore inexplorés entre art, guerre et belle histoire d'amour entre uns sculptrice et une gueule cassé. On peut affirmer que c'est sa meilleure oeuvre tant la puissance du récit emporte tout sur son passage.

Evidemment il y a un hymne à l'amour véritable mais également celui de la préservation de la nature que les hommes détruisent petit à petit. le décor sera celui du Paris des années folles qui a suivi la première Guerre Mondiale où on voulait revenir à un peu plus de légèreté après le grand traumatisme qui avait secoué le pays. Beaucoup de soldats l'ont payé de leur vie et les survivants de leur corps et de leur âme.

Nous aurons également droit à de magnifiques paysages situés dans le Vercors qui garde encore un parfum de nature et de liberté. A noter qu'on passe d'un univers à l'autre en un rien de temps mais que le dosage est quasiment parfait au niveau de la transition.

Au niveau du dessin, c'est quand même très sombre avec des couleurs qui ne favorisent pas l'éclat et la lumière parfois indispensable. On a l'impression que l'on ne sort pas des tranchées. Il y a eu une utilisation à outrance d'encres noires qui donnent ce rendu. Mais bon, il faut s'y habituer et on est facilement pris dans l'intrigue grâce à une narration bien pensée et agréable.

La fin est véritablement poignante et triste à mourir. J'ai rarement lu quelque chose d'aussi fort où l'on a envie de crier à l'injustice (mais pas de tout casser). Il faut dire que notre système judiciaire est profondément biaisé à la recherche constante de bouc émissaire parmi les individus les plus défavorisés de la société.

C'est une très belle histoire tragique que j'ai adoré parce qu'il y avait des personnages qui sonnent vrais et qui sont charismatiques. C'est certainement la BD qu'il faut absolument lire pour ne pas passer à côté.
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Bravo ! Waahoooou ! Coup de coeur ! Celui qui dit que la BD est un art mineur n'a pas lu cette BD !
Bon oui, d'accord, j'arrive complètement après la bataille, moyenne de 4,52 sur 428 notes, élu meilleur livre de l'année par le magazine Lire en 2022.
Cet ouvrage, je l'ai emprunté à la médiathèque sans trop y croire, il me tendait ses petits bras avec un joli « Coup de coeur des bibliothécaires » barrant sa couverture.
Malgré tout ça, j'ai quand même hésité au départ tant le graphisme me paraissait sombre, j'irais même jusqu'à dire un peu « sale », tout me paraissait uniformément triste.
Pourtant, très vite cette impression s'est dissipée, au bout de quelques pages, j'étais ferrée, et n'ai fait que deux bouchées en apnée de ce conte majestueux et poignant !
Jamais roman graphique ne m'a paru aussi riche, intelligent, érudit et subtil ! Oui, je sais, je suis décidément tout en nuances après cette lecture si enthousiasmante !
Edouard Roux passe son enfance dans les montagnes du cirque d'Archiane au coeur du Vercors. Il n'est pas toujours facile d'être le fils de la « sorcière », la femme seule qui élève son fils, riche de ses connaissances des plantes et de la faune. D'ailleurs quand le dernier ours est tué en 1898, le fils du gendarme n'hésitera pas à dire à son « camarade » Edouard qu'il est le fils de l'ours.
17 septembre 1916, changement radical de décor dans la Somme, à la suite d'une explosion, Edouard perd toute sa jeunesse, son nez, et une partie de sa bouche, il devient une gueule cassée. de retour de la guerre, il porte en permanence un sac percé de deux trous sur la tête. Il vivote de sa maigre pension qu'il écluse dans les bars quand il apprend l'existence d'une femme, Jeanne Sauvage, qui redonne un visage aux gueules cassées.
J'ai découvert ici un pan de l'histoire fascinant, Jean-Marc Rochette s'est inspiré de la vie de Jane Poupelet qui a fabriqué des masques pour ces hommes au visage fracassé, les photos avant/après visibles sur internet sont incroyables. Grâce à un matériau très souple et un art maîtrisé, ces hommes reprennent forment humaine et un semblant de vie sociale sous les mains de Jeanne. La similitude avec la Jeanne Sauvage de l'histoire ne s'arrête pas en si bon chemin, Jane Poupelet était également une véritable artiste qui maîtrisait la sculpture animalière et réalisait de superbes nus féminins.
Jeanne Sauvage ne va pas uniquement redonner gout à la vie à Edouard, ils vont vivre une magnifique histoire d'amour. Edouard emmènera Jeanne dans son Vercors natal lui faire découvrir la faune sauvage, les superbes paysages de montagne…
L'auteur a mis ses tripes et son âme dans ce récit brut, poignant, qui met en scène majestueusement la nature et ses animaux sauvages. La Terre si longtemps généreuse avec les hommes est massacrée, bafouée, les vies animales prises pour des raisons absurdes. Ainsi, la dernière reine, la magnifique ourse - qui se détache sur la neige en couverture - est tuée pour finir empaillée dans un musée à Grenoble. Car la véritable héroïne de l'histoire, c'est elle, cette ourse, tantôt bien vivante, tantôt fantasmée, dessinée, sculptée, prisonnière, adorée, déifiée…
Le lecteur passe du Paris artistique des années 20 brillamment évoqué, à Grenoble, puis aux forêts et montagnes du Vercors, ces dernières étant les seules à procurer un havre salvateur à Edouard : « Il faut fuir les hommes. Les forêts sont devenues trop petites… pour cacher les ours et ceux qui s'aiment. Ils débusquent et tuent tout ce qui n'obéit pas à leur loi. Les forêts sont devenues trop petites pour la liberté. Beaucoup trop petites. » (p.89)
Les textes et les dialogues sont superbes, rarement des dessins m'auront donné autant d'émotions.
« Les jours que j'ai passés ici sont les plus beaux de ma vie.
J'aurais tant voulu qu'ils durent l'éternité. Rien de plus, rien de moins. Voir les saisons s'égrainer, regarder et sentir tout ce qui est là, découvert et caché.
J'aurais eu besoin de l'éternité pour apprendre à aimer, pour ne pas me lasser.
Le vent qui irise l'étang, le souffle des pierres, les couleurs. Ce fleuve qui se répand en nous chaque seconde. Et les arbres, les animaux, et toi, mon amour, que je vais quitter.
L'art n'est rien s'il ne force le réel. [...]
Jure-moi qu'on ne m'enterrera pas.
Fais de moi un nuage. » (p.188-189)
Alors même si vous lisez très peu de romans graphiques, je ne peux que vous recommander de choisir celui-ci ! Voilà qui aura au moins le mérite de vous faire passer un moment agréable avant notre fin prochaine, l'auteur prophétisant le temps de ténèbres, après la mort de la dernière reine, et l'avenir ne semble que pouvoir lui donner raison.
Une superbe déclaration d'amour à la nature, à la préservation des espèces, à arrêter le massacre de notre Terre qui nous mène à notre perte. Un message écologique qui touche en plein coeur et suscite le besoin d'être partagé. Un superbe roman graphique qu'on a très envie d'offrir …

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"Tant que dans la montagne régneront les ours, le soleil, se lèvera le matin. Mais, au soir où mourra la dernière reine... alors ce sera le début du temps des ténèbres."

Et au soir où périra l'Innocent, les ténèbres recouvriront la terre... et l'âme de ceux qui ne veulent pas accepter de vivre dans l'harmonie de toute chose !


Edouard Roux, est l'ami des solitaires parce qu'habité de solitude lui-même, l'ami des animaux sauvages, celui qui souffre quand on les traque, qui souffre de voir leur liberté s'amenuiser, de voir leurs vies s'écourter devant l'appétit toujours plus vorace de l'homme et de sa bêtise.

Edouard Roux, parfait dans ce qu'il est pour se confondre dans cette matière humaine "chair à canons" que le vingtième siècle a généré pour sa soif de barbarie et l'orgueil des nations.
S'il ne laisse pas la vie dans cet interminable et abominable conflit, il y perd son visage... Gueule cassée, il erre dissimulé sous une étoffe. Qui accepterait de le regarder dans les yeux ? Qui accepterait de contempler ce que l'entêtement humain peut produire comme désastre ? Même retourner vers sa mère, il ne l'ose et pourtant, il ne doit avoir honte de rien, lui l'Innocent, ce sont les Grands de ce monde qui devraient lui demander pardon de ce qu'ils l'ont fait devenir. Plus d'avenir pour Edouard, plus d'identité, l'indifférence du dégoût dans les regards qui l'effleurent encore...
Et il rencontre Jeanne... Jeanne magicienne qui lui redonne apparence, et quelle apparence, celle d'un kouros, inflexible et intimidant… d'un pur, comme si le masque devenait reflet de l'âme.

En échange de cette "renaissance", Edouard fait découvrir à Jeanne dont il s'éprend passionnément, son paradis, le Vercors, ses montagnes sauvages, la faune qui y habite encore, ses arbres qui bruissent dans le vent, le sol qui se recouvre de neige et garde en mémoire l'empreinte de ces invisibles qui le foulent... Et l'ourse, cette merveille éternelle nichée au creux d'une grotte, celle qui se laisse contempler par les doux, les sages, ceux qui sont assez humbles pour parvenir jusqu'à elle, ceux qui écoutent la montagne et les arbres raconter, cette ourse de pierre, témoignage qui incarne ceux de son espèce victimes de la barbarie des hommes, qui narre l'histoire de ces ours qui ont possédé en leur coeur et leur corps ces terres boisées du Vercors… malgré les hommes.

Mais lisez pour rencontrer Edouard, pour le regarder avec les yeux de Jeanne, pour vous rapprocher de l'ourse… pour accepter d'ouvrir votre coeur et d'y laisser murmurer le chant d'une nature partagée entre tous.
Lisez pour comprendre que l'homme vit porteur des époques antérieures, que l'homme est dépositaire de l'histoire passée… et que s'il ne le comprend, ni ne l'accepte, il périra après avoir fait tant périr…

Edouard qui a déjà mille fois payé à la société pour une dette qu'il n'a jamais contractée, paiera encore bien davantage, à cette société humaine qui le renie, le déteste, refuse de le comprendre. Edouard va "mourir pour ses idées et de mort lente" mais surtout de ce qu'on nommerait de mort lasse, sans se défendre de l'opprobre... Dans quel monde accepter de vivre si ceux que l'on aime par dessus tout ne sont plus, si ceux pour qui on se bat disparaissent... Si la flamme de l'innocence s'éteint dans le coeur des hommes, si les ténèbres ont déjà commencé leur ascension malgré la vie encore fragile de la "peut-être" dernière Reine…


Une lecture magnifique, et je garde dans mon coeur tous ces regards d'animaux libres, toutes ces prunelles étincelantes où se niche le reflet de ceux qui savent…
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Je lis rarement de la bande dessinée ou des romans graphiques et pourtant, lorsque j'ai vu la superbe couverture de « La dernière reine », il était évident que je lirai un jour ce récit, pour ses illustrations, pour son titre, pour ses thèmes qui me sont chers : le destin de vie d'un homme revenu abimé de la guerre, l'art, le féminisme, la montagne, l'ours et le respect de la vie animale.
Je ne regrette pas mon choix, j'ai adoré cette histoire tragique, sa tristesse, sa palette de couleurs sombres en beaux aplats, ses nombreuses réflexions.

*
Nous sommes à Grenoble dans les années 1920.
Un homme, Edouard Roux, est en prison pour une raison qui nous est inconnue. Sa demande de grâce vient d'être rejetée, il va bientôt être exécuté.

Et puis contre toute attente, le lecteur est embarqué dans un incroyable voyage qui nous fait remonter le temps jusqu'aux temps préhistoriques et le récit reprend son court dans une alternance de courtes scènes où la voix du dernier ours du Vercors et celle de cet homme, intimement liées, se répondent en un jeu de miroir.

*
On voit Edouard grandir, être témoin de la disparition du dernier ours de sa région, se révolter face à la bêtise des hommes qui détruisent sans discernement.
Et puis, c'est la grande guerre, l'homme nous plonge dans la bataille de la Somme en 1916, l'enfer des tranchées, les combats et le choc des obus, la barbarie des hommes et les traumatismes tant psychologiques que physiques.

Gueule cassée, objet de méfiance, de honte et de dégoût, Edouard retrouve la paix auprès de l'artiste Jeanne Sauvage qui fabrique des masques pour dissimuler les mutilations des visages des soldats et leur permettre de poursuivre une vie plus décente sans le regard scrutateur, incisif et révulsé des gens.
Ce personnage féminin est inspiré de Jane Poupelet, une sculptrice animalière, qui se servit de ses talents pour rendre l'apparence d'un visage aux victimes défigurées.

Il est donc question d'art.
On voyage dans le temps et l'espace, de la préhistoire aux années 1920, de la vie dans les montagnes du Vercors au milieu artistique parisien des Années folles. On rencontre un autre sculpteur animalier, François Pompon, dont on peut admirer les formes généreuses et gracieuses de son ours blanc au Musée d'Orsay.

*
L'auteur saisit la beauté de la nature, de la montagne du Vercors, ce sont des instants de grâce et d'une poésie infinie. En cheminant au côté d'Edouard dans ces montagnes qu'il aime tant, on découvre sa sensibilité derrière son visage détruit, son amour de la nature, des grands espaces et de ses habitants.

"Ici, le monde est si léger que les montagnes flottent sur les nuages."

Mais plus encore, Rochette capture des regards, hommes et bêtes. Des regards expressifs, perçants. A travers eux passent la peur et la haine, l'incompréhension et la douleur, la tristesse et l'agressivité, la bienveillance et la bonté. Ceux qui m'ont le plus accrochée sont ceux d'Edouard, bien évidemment, mais aussi et surtout ceux des animaux qui croisent sa route, notamment l'ours, l'orang-outan, le renard, ou la laie et ses petits.

J'ai aimé les illustrations de Jean-Marc Rochette, les lignes épaisses des traits, la sobriété des décors, ses grands aplats de couleurs, la maîtrise des couleurs mates et sombres, leur densité et leur profondeur feutrée, le superbe contraste entre blanc et noir.

*
Les multiples thèmes s'imbriquent et s'entremêlent avec délicatesse et force : la nature et notre besoin de dominer, la guerre et ses horreurs, l'homme et l'animal, l'amour au-delà des apparences, la condition humaine et le respect des femmes, le temps et le tragique, la beauté et le sacrifice, l'art et la protection de l'environnement.

" … tant que dans la montagne régneront les ours, le Soleil se lèvera le matin. Mais, au soir où mourra la dernière reine, alors, ce sera le début du temps des ténèbres."

*
Coup de coeur pour cet émouvant et bel album rempli de tendresse et de cruauté, de simplicité et de beauté ! J'ai aimé ces pages au magnifique graphisme où le présent se mêle au passé, où les émotions sont là.
Une ode émouvante à la majesté de la montagne et à ses êtres qui la peuplent.
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Tant que dans la montagne règneront les ours, le soleil se lèvera le matin. Mais au soir où mourra la dernière reine ---
--- alors ce sera le début du temps des ténèbres

240 pages d'ode à la nature sauvage, d'hymne à l'art capable de transfigurer la laideur et la danse de deux amants unis face à la bêtise des hommes.

Dans cet album, Rochette joue avec les pinceaux, ressort de sa palette le blanc virginal des montagnes, son bleu reconnaissable entre tous (cfr AileFroide, le Loup), y ajoute le brun, le vert pour magnifier la nature
- sauvage -, comme il aime à la défendre.
Les traits s'épaississent par moments pour souligner des moments forts:
la passion des amants, les terreurs d'Edouard, puis s'épurent, s'affinent pour célébrer la vie, la montagne, les derniers sauvages.


A la fin du XIXe S, dans le Vercors, les vieilles légendes sont tenaces. Edouard, le rejeton de la Sorcière (fille-mère) aux cheveux roux comme le diable a trouvé son équilibre dans la nature et sa faune sauvage. Relié à elles par des liens insaisissables pour beaucoup d'humains.
Impuissant, il assiste gamin à la mise à mort du dernier ours.

Quelques années passent, Roux se retrouve comme tant d'autres dans les tranchées de la guerre 14-18. Il en sort la figure arrachée: une gueule cassée
Une rencontre va tout changer, lui redonner vie et espoir

" Mon cher Edouard (STOP) Je viens de finir votre visage (STOP)
J'en suis contente (STOP) Venez vite (STOP) Jeanne "

Sculpteur enjuponné, Jeanne Sauvage (*) a mis son talent au service des défigurés de la grande guerre en leur confectionnant des masques.
Avec Edouard, c'est la rencontre de deux âmes soeurs qui vont s'aimer passionnément. Elle lui fait connaître Montmartre, le Lapin Agile, Soutine. Il l'aide à réaliser son rêve: "je fais des visages pour gagner ma vie mais ma véritable passion, ce sont les animaux" en l'emmenant découvrir les derniers secrets de ses montagnes.


Pour découvrir le destin de ces cassés de la vie, s'en prendre plein les yeux, s'évader dans des paysages à couper le souffle (Cirque d'Archiane, Réserve), admirer des dessins magnifiés par la palette d'un peintre (Galerie) sur un scénario feuilleton solide qui tient ses promesses de bout en bout, posant des questions essentielles sur l'équilibre nature / homme dans le monde actuel, démontant la connerie humaine, mettant en lumière le pouvoir de l'art et la Femme (Jane Poupelet *).


Pour profiter de la magie de ce conteur-artiste, fervent défenseur de SA montagne: La Dernière Reine, une promenade graphique de 240 pages, une évasion intelligente et réussie. Enchantement.
**il m'a juste manqué quelques pleines pages pour être au septième ciel, j'étais au 9ième - sujette aux vertiges, j'ai pris mon pied --- de bulles.

Des liens vers les évasions que la lecture de cette album nous offre

* Jane Poupelet (Jeanne) Anna Coleman Ladd, reconstruction des défigurés
https://www.lematrimoine.fr/jane-poupelet/
https://www.culture.gouv.fr/.../Les.../Icones/Poupelet-Jane
https://www.youtube.com/watch?v=qEk69wf_Ro8

* le Vercors et le cirque d'Archiane
https://www.inspiration-vercors.com/.../le-cirque-darchiane

*Jean-Marc Rochette, Encres de chine, Aquarelles, Huiles sur toile, sculpture
https://galerielesetages.fr/page/qui-sommes-nous.html
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L'ours est l'animal qui me fascine le plus, alors quand Rochette, dont j'ai adoré le loup que je viens de relire d'ailleurs, qu'elle ne fut pas mon bonheur ! J'ai fait durer le plaisir tout comme un dernier verre de Chartreuse que je me gardais. En décembre j'ai vu à Grenoble l'Expo à la galerie Momie consacrée à Rochette où j'ai pu admirer les planches d'origine, les sculptures et tableaux. Il dit qu'il arrête le roman graphique alors celle-ci je l'ai savouré et c'était facile, l'histoire est juste magnifique. Dessins peut-être un peu sombre. L'homme qui fout en l'air l'écosystème, les gueules cassées, la sculpture, l'histoire d'amour, l'intolérance, la nature, le loup, les chamois, l'ours, la neige et le Vercors bien sûr. Grandiose ! Il s'améliore comme le bon vin, donc j'espère qu'il continuera à nous enchanter.
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Quel beau roman graphique !

Depuis quelques années, Jean-Marc Rochette nous concocte des albums vraiment réussis : Ailefroide, récit autobiographique qui racontait sa jeunesse dans les Ecrins, le loup, fable écologique qui confrontait un loup et un berger, et aujourd'hui cette dernière reine.

Cette fois, l'auteur a choisi une histoire vraiment romanesque, celle d'Edouard Roux. L'album commence dans le Vercors où il grandit auprès de sa mère, puis se poursuit pendant la guerre de 14/18 dont Edouard sortira défiguré et traumatisé. Il nous emmène ensuite à Paris lorsqu'Edouard rencontre une jeune sculptrice animalière qui fait des masques pour les gueules cassés. Ce sera son grand amour et je n'en dis pas plus si ce n'est que le récit alterne les lieux (Paris, Grenoble et le Vercors) et les époques (l'auteur n'hésite pas à faire des allers retours entre l'après-guerre et un passé très lointain).

Les thèmes sont nombreux : l'amour, la dégradation de la nature ici symbolisée par un ours, l'art, les ravages de la guerre, pour citer les principaux. C'est réellement une belle histoire tragique qu'il nous raconte.

Le dessin est somptueux comme d'habitude, notamment pour les scènes qui se passent dans la nature et/ou avec des animaux. le trait est épais, les couleurs sont assez sombres. Il en ressort une impression de puissance qui sert complétement l'histoire. Bravo !
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« Edouard, ici le monde est si léger que les montagnes flottent sur les nuages »
P 102

Quelle belle mais triste histoire. J'ai retardé le plus possible ma lecture car je savais que la fin me bouleverserait, ce qui n'a pas manqué, bien sûr. Je suis une petite chose émotive.
Le dessin est superbe avec le Mont Aiguille en majesté et ces couleurs qui varient suivant l'émotion du moment.
C'est une ode à la nature, à la vie sauvage, au respect de cette faune.
« le loup a disparu, l'ours a disparu, l'aigle a disparu et tout le reste suivra. Vous avez exploité le monde jusqu'à sa racine. » P 224
Dans ce récit coexistent deux livres que j'ai particulièrement appréciés.
D'abord, "Au revoir, là-haut": Edouard Roux est une gueule cassée à qui Jeanne, sculptrice animalière, a redonné un visage grâce à un masque.
Ensuite "Et vous passerez comme des vents fous" : Edouard, surnommé par méchanceté "fils de l'ours" a sauvé de la famine la dernière reine, la dernière ourse du Vercors.
« Tant que dans la montagne régneront les ours, le soleil se lèvera le matin. Mais, au soir où mourra la dernière reine... alors, ce sera le début du temps des ténèbres »
P 36
N'hésitez plus. Découvrez mon coup de coeur.
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