Car aux mâles de notre culture, on a appris à transformer toute détresse et toute frustration en une seule chose, la colère, pour qu'ils n'aient pas l'air "faibles".
Tel cherche le troupeau qui trouve le loup.
Ça fait plus de 5.000 ans que mes ancêtres chassent les loups ici. C'est une guerre qui date d'avant les rois de France, qui dure depuis toujours. Alors c'est pas la République qui va me casser les couilles.
La seule source de chaleur ici est sa propre vie.
Partout la nature se réveille, les animaux sont heureux et effarés comme des survivants. Et partout, ça farandole, ça bourdonne...
Ca siffle.
Ca zinzinule, ça croasse, ça trompette.
Ca glapit.
Ca hurle.
Le jeune loup a senti l'odeur familière de l'assassin de sa mère.
L'hiver s'éclaire alors d'une lumière à nulle autre pareille.
Une lumière douce et chaude, comme la caresse d'une femme.
Tu sais, elles vont toutes finir à l'abattoir. Alors mourir ici ou là-bas, quelle différence ?
Mais reine ou pas, je lui ai mis une cartouche.
Cinquante bêtes ! Un vrai carnage. De brebis et des agneaux les tripes à l'air. Du sang de partout. Des hurlements de douleur. J'ai pu en abattre dix. Les autres, faute de cartouches, j'ai dû les égorger moi-même. Là-haut, ça pue la charogne. Je ne peux pas les enterrer pour les indemnités, et les vautours ne sont pas assez nombreux. C'est irrespirable.