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Citations sur Là-haut (60)

Ce jour-là, dans la montagne comme dans les villes, dans les casernes comme dans les derniers couvents, dans les plus humbles hameaux et par delà les étroites frontières du pays, les cœurs suisses, partout où il y en a, frémiraient ensemble aux souvenirs évoqués de toute leur histoire.

Quatrième partie
Chapitre XIII
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Il flottait vers l’inconnu de ses destinées, porté sur les vagues des orages, défendu par la force des choses et par celle de sa volonté. L’ombre saine de son passé vaillant planait encore sur lui, dans la douteuse lumière des temps nouveaux. Et voici qu’en un jour solennel, il voulait revivre par le souvenir ces heures grandes et sombres de son aurore, où sa conscience était née dans l’effort d’affirmer ses droits, ces heures qu’enveloppe la brume des légendes et dont une flamme de poésie illumine l’incertitude.

Quatrième partie
Chapitre XIII
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Parfois avec Sergine, – compagnon taciturne, mais bienveillant et spontané, – plus souvent seul, Sterny refit une à une les belles courses aimées des précédentes années. Il grimpa les durs sentiers pierreux qui conduisent dans ces replis de verdure qui sont comme les sourires des Alpes, dans les combes désertes que surplombent les hautes parois rocheuses, sur les cols ou sur les sommets d’où le regard embrasse la gloire des hautes cimes surgissant dans l’entassement des glaciers. Il jouit de ces solitudes, de la beauté de leurs aspects, de la pureté de leur silence, de la fraîcheur de leur air. Il jouit aussi de cette gymnastique de la marche, saine et forte, qui vide le corps de ses inutiles pensées et lui prépare de bons sommeils de bête inconsciente et lassée. Ces fatigues salutaires atténuèrent un peu la déception qu’aggravait la fuite des jours : car maintenant, il ne se demandait plus, en des éclairs d’espérance : « Viendra-t-elle ? » Il se disait avec une cruelle certitude : « Elle ne viendra pas ». Et il s’avouait les causes de cette retraite : ayant lu dans son cœur, de son clair regard de vierge aimante et fière, Madeleine en avait aperçu la ruine, deviné le néant : devant ce cœur à ressusciter, à refaire, à épurer, à ennoblir, elle reculait comme devant une tâche indigne d’elle, ou vaine, et passait son chemin ; en sorte qu’après avoir entrevu le salut en elle, dans un effort utile dont seule elle pouvait lui donner le courage, dans un départ, peut-être, avec elle, vers l’inconnu des pays nouveaux où le travail refait l’âme simple et tranquille, il ne lui restait plus qu’à retomber, abandonné, dans les bas-fonds de sa précédente vie.

Quatrième partie
Chapitre XIII
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On peut bien vous offrir un verre, monsieur Sterny !
– Ah ! vous avez recommencé ! s’écria Julien.
– Un petit peu… Avec l’âge, vous comprenez on se rouille : il faut bien mettre de l’huile dans la machine.
Il éclata d’un bon gros rire, qui secoua toute sa grosse petite personne, sa bedaine et son triple menton.
– Et que dit le curé ?
– Le curé, on ne lui demande pas la permission.

Quatrième partie
Chapitre XIII
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Une fois de plus, en montant de Servièze, il reconnut, au bord du chemin, les arbres qu’il aimait : les noyers dont les branches s’élancent dans des gestes de passion, les vieux sapins dépouillés, pareils à de grands vieillards chauves, que la vie aurait tenus longtemps ployés sous la même épreuve. Une fois de plus, au dernier contour, il s’arrêta pour contempler le dernier morceau de la plaine prête à disparaître et le moutonnement des roches polies par les vagues des antiques glaciers. Une fois de plus, en passant devant la cabane à Nanthelme, il fut arrêté par le brave petit homme dont il reçut l’habituelle bienvenue :

– Hé bonjour, monsieur Sterny, vous êtes donc de nouveau au milieu de nous ?...

Quatrième partie
Chapitre XIII
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Il revenait, ramené par une espèce d’habitude, mais plus encore par une secrète espérance, comme averti que ce petit endroit où son âme troublée avait peu à peu retrouvé la paix, exercerait encore une action bienfaisante sur sa destinée. Il revenait, après un hiver mauvais, passé à chercher la saveur des plaisirs anciens dont il ne retrouvait que le dégoût. Il revenait, effrayé d’avoir constaté la mort en lui de l’homme d’autrefois sans pouvoir encore dégager l’homme nouveau qu’il sentait s’agiter : forme vaine, entrevue, poursuivie et perdue, image enfuie après un rayonnement.

Quatrième partie
Chapitre XIII
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(...) il y avait comme un levain qui travaillait le village, comme une force invisible qui le poussait vers de nouvelles destinées.

Quatrième partie
Chapitre XII
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Et voici qu’à peine découverte une nouvelle industrie, plus facile à la fois et plus profitable que celles que leur ingéniosité avait créées, un étranger survenait pour s’en emparer ! Installé parmi eux de la veille, il dépouillait un vieux travailleur, un survivant de leurs dernières guerres, un doyen, presque un ancêtre ! L’homme nouveau, muni d’argent, saisissait la maison où s’était absorbé le travail des générations, et disait à l’homme ancien : « J’ai pris ta place ; va-t’en mourir ailleurs ! » N’y avait-il pas là de quoi faire réfléchir les plus audacieux ?

Quatrième partie
Chapitre XII
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Depuis des siècles, en effet, le village vivait de sa vie propre, enfermé dans le repli des Alpes où fument ses cheminées, où ses herbes ondulent, où mûrissent ses blés. Sans doute, ses familles augmentant trop pour que le sol pût les nourrir, il essaimait à travers le monde : ses chèvres portaient leur lait aux habitants de la ville, il envoyait ses ardoises dans des pays lointains ; les plus entreprenants parmi ses habitants s’en allaient jusqu’en Tunisie pour le commerce de tartre qu’ils avaient inventé. Mais il restait impénétré, pur de tout élément étranger : de sorte que les Vallanchais formaient comme une grande famille où l’on s’entraide les uns les autres, si même on se dispute quelquefois. Leurs querelles, leurs procès, qui s’arrangeaient presque toujours avant d’arriver au tribunal, ne les empêchaient point de vivre unis, en somme, retenus ensemble par une espèce de solidarité fraternelle, toujours prêts à se mettre d’accord pour améliorer leur lot ou faire face à leurs ennemis communs. Comment eussent-ils, sans cela, conquis leur vie au jour le jour, sur l’avarice de leur sol ? Chacun possédait son pré, son chalet, ses vaches, ses chèvres : il fallait bien s’entendre pour faucher l’herbe rare ; pour résister aux avalanches qu’à chaque printemps les mauvais esprits roulent sur les flancs du Scex de Belle, ou pour réparer la route quand les pluies d’automne en ont emporté de grands morceaux. On confiait ses chèvres au même berger, le même bouc les fécondait. Les vaches montaient dans les mêmes pâturages, dont les « consorts » se partagent les produits de leur lait, le beurre et le bon fromage gras. On se partageait de même les sapins qu’on peut couper sans compromettre l’avenir des forêts, le lichen qui charge leurs branches et fournit pour l’hiver la litière des bêtes. On formait ainsi un petit monde dans le vaste monde, un groupe aux membres solidaires, tous combinant leurs efforts pour exploiter la terre comme un trésor commun.

Quatrième partie
Chapitre XII
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Depuis des siècles, en effet, le village vivait de sa vie propre, enfermé dans le repli des Alpes où fument ses cheminées, où ses herbes ondulent, où mûrissent ses blés.

Quatrième partie
Chapitre XII
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