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Citations sur Là-haut (60)

Georges-Étienne était un vrai bondieusard, dont toutes les filles, avant de partir pour la ville, faisaient partie de la confrérie du Rosaire, et qui chantait lui-même aux processions du dimanche, en ouvrant une bouche aussi large que le four du boulanger.

Première partie
Chapitre III
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(...) et si l’on remontait plus haut, il y avait dans sa famille une sinistre histoire de sorcière, brûlée pour avoir bouleversé le pays par ses maléfices. Sans doute, on ne croit plus guère à ces vieilles histoires ; pourtant, il en reste quelque chose, et c’est peut-être bien à cause de son aïeule que Nanthelme avait essayé de s’expatrier.

Première partie
Chapitre Il
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Alors Julien laissa tomber la conversation et se mit à observer la tante. Elle était sèche, remuante, agitée. Elle dégageait une insupportable vulgarité, – une de ces vulgarités qui viennent de la bassesse de l’âme plus encore que de l’insuffisante éducation, et qui se manifestent par la voix, par le geste, par l’accent, par la tenue. Son visage olivâtre n’aurait point frappé par sa laideur insignifiante, si ses allures ne l’eussent soulignée : elle avait une façon presque incongrue de tenir sa fourchette, de rompre son pain, de poser son poing sur la table ou d’étaler sa large main, aux doigts en spatules. Bruyante, elle riait d’un gros rire de poule qui glousse, d’un rire pâteux dont elle s’emplissait la bouche et qu’elle roulait comme un gargarisme, d’un rire qui devenait vite malveillant, maussade, grognon, comme l’expression de ses yeux jaunes, perçants et vifs. Ces petits yeux, quand ils se fixaient sur Madeleine, – ce qui arrivait constamment, – devenaient tout à fait méchants, se chargeaient de rancune et de haine : (...).

Première partie
Chapitre Il
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Entre ces deux êtres affectueux, Madeleine eut une de ces enfances ensoleillées qui prédestinent à savourer la joie de vivre, mais aussi à frémir plus douloureusement au contact de la peine. Installé au foyer d’Oscar Vallée, le bonheur ne trouva aucune place à celui de son frère : gâté par ses parents, puis flatté par ses camarades d’étude qui voyaient en lui un futur grand homme, Frédéric fut ce qu’on appelle « un fruit sec ». De lourdes maladresses au commencement de sa carrière suffirent à la compromettre : le tact et le talent lui manquèrent pour les réparer. Son mariage acheva de le perdre : d’éducation inférieure, sortie de bas, épousée parce qu’elle voulut l’être, Mme Frédéric Vallée, quand elle eut perdu sa fraîcheur, ne fut plus qu’une petite femme sèche, âpre, revêche, despotique, qui ne pardonna jamais à son mari d’avoir manqué la fortune. À ses déceptions s’ajoutèrent des chagrins plus réels : elle perdit trois enfants en bas âge. Jules lui-même ne résista aux maladies de ses premières années que grâce au miracle qu’accomplit au jour le jour l’affection presque désespérée de sa mère : une affection d’ailleurs sauvage, jalouse, cruelle, sans douceur, sans tendresse, un attachement de louve à son louveteau. Il fut un enfant gâté, en ce sens qu’on obéit à ses moindres caprices ; mais jamais il ne connut le charme bienfaisant des caresses maternelles. Entre son père qu’il ne voyait guère et sa mère qui le couvait furieusement, il devint un petit être sournois, volontaire, envieux, vaniteux, entêté. Peu à peu, par la puissance du contact, sa mère fit passer en lui l’âcreté de ses ambitions déçues et de ses jalouses convoitises.

Première partie
Chapitre Il
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Jamais frères n’avaient eu chance plus inégale que les deux frères Vallée. Tandis que le cadet, Frédéric, – celui sur lequel se portaient autrefois les espérances de la famille, – poursuivait à Genève une carrière médiocre d’avocat peu recherché, l’aîné, Oscar, faisait à Lyon, dans le commerce, une rapide et brillante fortune, en même temps qu’un heureux mariage lui donnait ce bonheur de vivre auprès d’une femme intelligente, douce et bonne, d’une de ces compagnes dont l’âme est une source inépuisable de réconfortantes tendresses.

Première partie
Chapitre Il
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Mlles Marthe Lechesne et Marie Baudoir, la première boitant un peu, la seconde tachée d’une légère envie au visage, arrivaient d’habitude dès les premiers jours de juin. Inséparables, elles couraient sans cesse le pays et rapportaient des fleurs pour offrir aux podagres ou pour décorer les tables : car elles étaient bienveillantes, bien que leur bonté fût un peu douceâtre et surtout commandée par leur grande envie des joies éternelles. Volontiers, elles attiraient les petites filles du village pour leur offrir des traités de propagande protestante, ce qui les faisait mal voir de la population.

Première partie
Chapitre Il
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Bientôt des groupes de montagnards passèrent, endimanchés, leur missel à la main : les hommes portant presque tous des vêtements de laine brune et des chapeaux noirs à larges bords, tandis que les femmes, plus fidèles aux anciennes coutumes, conservaient le vieux chapeau valaisan, le chapeau de paille entouré d’un épais ruban noir à plis serrés. Ils venaient de loin, de tous les jeurs, de tous les mazots, de tous les hameaux disséminés par la vallée, pour répondre à l’appel de la cloche qui carillonnait d’étranges variations (...).

Première partie
Chapitre Il
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La tête traversée par cette affreuse idée, il se dressa, épouvanté, presque hagard : est-ce que jamais il ne se délivrerait de cette âme irritée, qui le hantait, qui buvait son sang, qui le traînait à la mort ? « Tu m’avais prise : tu me garderas ».

Première partie
Chapitre Il
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Alors, Julien entendit chanter dans sa mémoire, sur leur musique chargée de regrets infinis, ces deux vers d’un lied que Paris avait fredonné tout l’hiver :
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille…

Il les répéta plusieurs fois, comme pour s’imprégner de leur intime nostalgie, en les appliquant au spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Que ces gens étaient paisibles ! Laborieuses ménagères qui prolongent la journée pour assurer la propreté du lit, vigoureux ouvriers, qui jouissent d’un repos bien gagné en savourant la fumée de leur grossier tabac ! Quel bon sommeil allait verser sur eux la nuit fraîche et sereine ! Comme ils se réveilleraient dispos à l’aube, pour reprendre le travail bienfaisant dont ils se délasseraient demain soir, assis au même endroit, ils s’en délassaient aujourd’hui ! Ah ! s’il pouvait se perdre, se noyer dans cette simple vie ! Et qui sait ? Peut-être que, peu à peu, elle l’envelopperait comme la nuit immense et belle enveloppait le village avec les montagnes, peut-être qu’il se fondrait dans ces choses jusqu’à n’être plus qu’un atome du paysage, peut-être que son âme triompherait enfin de sa propre tyrannie pour se mêler, meilleure et plus pure, à ces âmes si différentes – peut-être que ces hommes lui diraient le secret qu’ils ont, sans doute, pour vivre ainsi, robustes, sereins et si calmes !

Première partie
Chapitre I
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Soudain, un vacarme de clochettes, de piétinements, de bêlements, ébranla l’air : c’étaient les chèvres qui redescendaient des hauteurs, folles encore des bonnes herbes broutées aux flancs des précipices, agitant leurs petites queues frétillantes et leurs drôles de barbiches. Aussitôt des enfants se précipitèrent en criant hors de l’hôtel, pour leur offrir du pain. Ce fut un rapide tumulte. Puis elles se dispersèrent, pressées d’offrir leurs mamelles gonflées aux femmes qui les attendaient devant les portes des étables. Les laveuses ne cessèrent point de battre leur linge, les hommes fumaient toujours leurs pipes recourbées, les silhouettes s’effaçaient dans le crépuscule. Alors, Julien entendit chanter dans sa mémoire, sur leur musique chargée de regrets infinis, ces deux vers d’un lied que Paris avait fredonné tout l’hiver : Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là, Simple et tranquille…

Première partie
Chapitre I
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