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Citations sur Là-haut (60)

Et puis, partout, c’étaient encore d’autres montagnes, des montagnes toujours, les Alpes, toutes les Alpes, telles qu’un caprice de la nature les a faites de pierre et de glace pour écraser un morceau de la terre sous leur poids magnifique.

Troisième partie
Chapitre XI
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– C’est un homme un peu singulier, que M. Sterny, tel qu’on n’est guère habitué d’en rencontrer ici : un homme compliqué. Je lui crois une âme très noble, mais que des mélanges impurs ont longtemps enveloppée et qui a eu de la peine à se dégager. La vie a été pour lui l’opération qui délivre de ses alliages le métal précieux… Vous savez sans doute, Mademoiselle, qu’on ne trouve jamais l’or pur, qu’il faut tout un triage pour le tirer de son minerai ? (...)
Ce triage est une opération difficile : on a des machines qui écrasent, broient, chassent les éléments grossiers… M. Sterny a passé par ces machines. Il a traversé des épreuves dont bien d’autres, aux âmes nulles, ne seraient point sortis meilleurs. Lui, en a été renouvelé, transformé, – épuré. Si je vous dis cela, Mademoiselle, c’est parce que je crois qu’il doit un peu sa métamorphose à Vallanches, à la beauté de la nature, à la bonté de l’air, à la simplicité de cœur des gens qu’il a rencontrés ici, – peut-être aux sympathies que quelques-uns d’entre eux ont su lui inspirer.

Troisième partie
Chapitre X
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– Cette jeune fille est plutôt jolie, n’est-ce pas, Mademoiselle ? On ne soupçonnerait pas qu’un tel visage cache une vilaine âme. Mais c’est toute une histoire, Mademoiselle. Oh ! je puis bien vous la raconter : je la connais par le menu, car je suis intimement liée avec sa famille : j’entends son oncle et sa tante, Mademoiselle, M. et Mme Vallée, car elle est orpheline. Ce sont des gens excellents, – la bonté même ! – et vous n’imagineriez pas les tourments qu’elle leur cause. (...)

Mme Adeline continuait :
– Notez qu’ils l’ont recueillie, ils lui ont ouvert leur maison, ils l’ont installée à leur foyer comme leur propre fille.
Mlle Topin interrompit :
– Elle n’avait donc point de fortune ?
– Oh ! si fait ! répondit Mme Adeline. C’est-à-dire que son excellent oncle est parvenu à sauvegarder ses intérêts, à force de sacrifices. Mais là n’est pas la question. Sa seconde famille lui a donné mieux que du pain et de l’argent : de bons exemples, une saine atmosphère, des soins maternels. Mme Vallée a été pour elle la meilleure des mères. C’est qu’elle ne savait pas quel serpent elle réchauffait dans son sein

Troisième partie
Chapitre X
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(...) à travers le clochettement du troupeau frétillant des chèvres, on entendit l’aigre voix de Mlle Topin, qui demandait :
– Qui est-ce ?
Ses yeux brillaient de curiosité maligne, comme si elle eût deviné, en la nouvelle arrivante, un de ces êtres marqués pour exciter les langues vipérines; (...).

Troisième partie
Chapitre X
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Cette année-là, un pensionnat de jeunes filles s’abattit sur le Chamois, comme un vol d’oiseaux bigarrés. Elles avaient de quatorze à dix-huit ans, des cheveux tressés en longues nattes ou flottants sur leurs épaules, blonds, bruns, noirs, roux, « auburns » : le français qu’elles parlaient par ordre se nuançait de tous les accents ; leurs rires sonnaient comme des gammes bien perlées. Après les repas, elles papillonnaient sur la place, passaient et repassaient en couples d’amies, les mains à la taille, en chuchotant des confidences, ou s’en allaient rêver sur les roches moutonnées, avec de vagues pensées et d’incertains désirs au fond de leurs grands yeux. À table, leur bruit de volière rendait impossible toute conversation. Ce fut grand bonheur, car il y avait cette année-là, avec les Adeline revenus comme exprès pour emplir la maison de leurs jérémiades, une ancienne institutrice à belles manières, Mlle Topin, qui se plaisait à dévider d’interminables discours, en langage choisi, pour être écoutée.

Troisième partie
Chapitre X
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Venez voir !

Il emmena le peintre vers le cimetière, dont il entrouvrit le portail. Croissy eut un geste de recul : le champ du repos si paisible, où les familles dorment en groupes fidèles, venait d’être bouleversé comme un terrain qu’on défriche. Des débris de croix jonchaient le sol. La terre sainte était remuée et retournée comme pour des semailles. Arrachés, les arbres mortuaires trouvés trop vieux, des cyprès, des ifs, des églantiers qui prêtaient depuis si longtemps l’ombre de leur feuillage ou la grâce de leurs fleurs à des morts inconnus ; arrachées, les touffes de fleurs sauvages, les mauves, les trolles, les camomilles, les coquelicots qui se balançaient entre les tombes et tapissaient le sol ; dans un coin, contre le mur de l’église, il y avait un tas d’ossements jetés pêle-mêle, tibias sur fémurs et clavicules ; les os des ancêtres oubliés, morts depuis trop d’années, dont les noms s’étaient effacés sur les croix, que leurs petits-neveux ne visitent plus le dimanche, les restes anonymes des pauvres morts aux âmes négligées, privés de prières, qu’on chassait maintenant de leur dernier asile.

Troisième partie
Chapitre IX
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Il soulignait ses paroles d’un geste circulaire, qu’il terminait en abattant sa main sur la table à la fin de chaque phrase. Les autres l’écoutaient sans broncher, car, bien que le récit de cette guerre ait été écrit dans des livres, c’est autre chose quand on l’entend de la bouche même de ceux qui ont tout vu et tout fait. (...)
Ils écoutaient, rêveurs, émus de cet écho lointain des passions d’autrefois.

Troisième partie
Chapitre IX
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Mais en même temps que sa sagesse raisonnait ainsi, une voix obstinée murmurait en lui : « S’il n’existe entre sa destinée et la mienne aucun lien mystérieux, – pourquoi l’ai-je revue ?... Si elle ne sent pas ce lien comme je le sens moi-même, – pourquoi m’a-t-elle dit « au revoir » ?

Deuxième partie
Chapitre VIII
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Cependant, pour atténuer la tristesse sauvage de cette impression, des fleurs éclatantes s’épanouissaient en une symphonie de couleurs et de grâce, car c’est dans l’enchantement du printemps que l’Alpe est la plus belle, constellée de fleurs comme un ciel où il n’y aurait que des étoiles, gemmée de fleurs comme une chevelure où luiraient plus de pierreries qu’il n’y en a dans les contes de tout l’Orient. Ce sont de vastes champs de rhododendrons, d’un rouge vif, dressés sur leurs tiges ligneuses aux dures feuilles luisantes : fleurs hardies et malicieuses, fleurs vigoureuses, fleurs de santé, de bonne mine et de courage ; de place en place, parmi leurs buissons envahissants, se dressent en soleils orangés les grandes fleurs de l’arnica, tandis que les lis martagons balancent leurs turbans ponctués de pourpre, et que d’autres lis, ces petits lis blancs qu’on nomme des « paradisies », si délicats, si frêles, semblent destinés à mourir aux premières gouttes de rosée. Des violettes à deux fleurs, abondantes et menues, garnissent de touffes jaunes le creux des roches. Sur les replats du gazon, il y a des tapis de pensées, d’un bleu intense, de gentianes encore plus bleues, ouvrant leurs corolles en coupe allongée au-dessus de leurs feuilles coriaces, de grassettes d’un Dieu presque noir, pareilles à de minuscules cornes d’abondance, de myosotis d’un bleu clair et vif, du même bleu que le ciel. Aux bords des névés qui se retirent, pointent les clochettes dentelées de soldanelles, petites fleurs en demi-deuil d’un lilas tendre, de la couleur des chagrins presque consolés, si pressées de naître qu’elles percent la couche de neige trop lente à disparaître. Jusque dans les pierriers s’ouvrent les céraistes aux blancs pétales étalés, les courtes grappes des linaires au palais de safran, les bouquets blancs des achillées. Et il y en a d’autres encore, car toutes les herbes fleurissent, toutes les mousses, toutes les plus humbles graminées dans une gaieté folle, dans un éperdu besoin de vivre, de jeter leurs pollens aux brises caressantes, de semer pour l’avenir des moissons de pétales colorés, de pistils odorants. C’est comme un sourire épanoui des plantes, autour desquelles bourdonnent d’invisibles insectes dont le bruissement se fond dans le silence, tandis que de grands papillons furtifs, des apollons aux ailes lumineuses voltigent parmi toutes ces fleurs comme des fleurs vivantes.

Deuxième partie
Chapitre VI
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Sous les parois rocheuses qui la ferment, au pied du glacier de la Tour-aux-Fées, la plaine gazonnée et marécageuse s’étendait, si profondément solitaire qu’on pensait à ce que fut le monde au temps de sa virginité, quand les êtres ne se mêlaient pas encore aux choses, ou quand il n’y avait, pour animer les paysages déserts, que des monstres aux formes lentes, à peine dissemblables du limon d’où le Verbe les tirait.

Deuxième partie
Chapitre VI
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