Citations sur Grégoire et le vieux libraire (60)
C’est quoi cette société, toute cette technicité, si l’on n’est pas foutus capables de se tenir la main quand on a peur comme on a peur quand il s’agit de mourir ? Y’a pas de diplôme pour ça.
C'est passionnant de voir comment les textes se parlent entre eux. Comment d'un mot, tu penses à tel ou tel paragraphe de tel autre livre lu précédemment.
Mon directeur de stage est formidable, avec lui, j'en apprends tous les jours. Le liber, me dit-il, en latin, signifie tout à la fois la pellicule située entre le bois et l'écorce, mais également le livre; Dois-je encore vous convaincre, monsieur Picquier ? Mes héros, ce sont les arbres. (p. 234)
Je ne pensais pas qu'on puisse vivre ainsi dans l'aventure d'un autre. Cette angoisse qui vous prend quand l'avenir vous fait face. L'inquiétude de Holden, c'est la mienne. Le passage sur les filles et le sexe, j'en rougis à sa place. jusqu'au 15 juillet, faits et gestes du héros de Salinger [cf. L'Attrape- coeurs ]m'appartiennent. Aux derniers mots du livres, je suis ému. Emu d'une sensation de vide. (...) La chambre se resserre. Je vois des bras qui s'ouvrent, des histoires qui m'appellent, je suis tombé au fond d'un piège où la lumière scintille d'incroyables promesses. (p. 30)
On ne construit pas des parcs à vieux à l'extérieur des villes pour en entendre parler de la sorte. Silence EHPAD ! Pas de bruit, on meurt et pendant ce temps, de l'autre côté, à défaut de vivre, on trime.
Geste premier à l’approche de l’eau, je respire. L’odeur de vase. Primitive. S’échappe alors de moi l’humain social et culturel. Je désenglue le verbe de ses mots. Je ne suis plus qu’un cri. Je saute. Torse nu. En maillot. Mes lunettes de grenouille sur les yeux.
-Les rentrées littéraires.La pression qu'elles te mettent. Faire semblant d'avoir lu. Conseiller des bouquins dont tu ne connais même pas le première ligne. Heureusement, le conseil au client, j'ai toujours aimé ça. Je peux même dire que j'étais doué. Une cliente, écoute ça comme c'est beau: " Je me sens bien chez vous, vous êtes mon esthéticienne." C'est pas mal? Parce que vraiment, quoi qu'on en dise je les aime, ces enfoirés de bouquins. Ils nous corrigent un peu le portrait. T'as vu nos gueules? Et n'essaie pas de me faire dire que je les préfère aux gens, aux vrais. Jamais, t'entends!? Parce que les livres, les gens, les deux ça marche de pair. Vrai-faux. Ensemble. La vie.
Commence par explorer tes propres goûts. On ne lit bien que ce qu’on aime. Tu sélectionnes les textes drôles ou sérieux que tu souhaites partager, et peu à peu, s’élabore une toile au centre de laquelle tu peux te promener comme bon te semble. Et alors tu composes des programmes par genres ou thématiques, régions du monde ou noms d’auteurs. Toutes les combinaisons deviennent possibles. Tu vas très vite te prendre au jeu. C’est passionnant de voir comment les textes se parlent entre eux.
- un dictionnaire, Grégoire. Un dictionnaire et une boussole. Avec eux t'es tranquille, y'a du sens.
Et enfin pour classer les trois mille titres de sa bibliothèque par ordre alphabétique de noms d'auteurs, vingt-cinq cailloux triés sur le volet au fil des balades. Vingt-cinq cailloux plus ou moins proches de la forme d'un livre pour séparer les vingt-six lettres de l'alphabet. Une histoire par caillou. (p. 122)
Une belle voix sans répertoire, ça ne vaut rien. Le répertoire fait le lecteur. (...) Roman après roman, recueil de nouvelles, tu vas trouver des perles correspondant aux sujets qui te touchent, toi. Commence par explorer tes propres goûts. On ne lit bien que ce qu'on aime. (...) Tu vas très vite te prendre au jeu. C'est passionnant de voir comment les textes se parlent entre eux. (...) Considère la littérature comme une oeuvre collective qui ne cesse de déferler d'elle-même en renaissant chaque fois de ses reflux. Si d'aventure elle est en prise avec la vie, là, tu touches au chef-d'oeuvre. (p. 87)