Coup de coeur pour ce roman de
Margaret Rogerson, que j'ai encore plus apprécié que
Sorcery of Thorns !
Artemisia est une jeune femme taciturne. Elle vit à Naimes, dans un couvent, au milieu des soeurs grises, et souhaite devenir l'une d'elle. Leur rôle : défendre les hommes et femmes contre les spectres. Spectres qui s'apparentent fortement à des démons. Pour cela, elles sont chargées de « purifier » les corps de certains défunts et éviter ainsi qu'ils ne donnent naissance à un esprit.
Elles emploient des reliques dans lesquelles sont enfermées des esprits. Quand le couvent est attaqué, Artemisia se retrouve dépositaire d'une relique bien particulière, un revenant d'une grande puissance. le seul peut-être capable de l'aider à lutter contre le mal qui se répand dans le pays. Mais aura-t-elle la force de lui résister sans être possédée ?
***
Un univers bien sombre, qui m'a beaucoup plu. Un univers riche, avec une belle diversité chez les revenants et leurs pouvoirs. Des gouvernements construits autour d'une religion, d'une Déesse qui veille sur les humains, après une catastrophe qui a failli causer la perte de ces derniers.
"Peut-être qu'au fond de chaque être se dissimulait un animal effrayé, craignant d'être blessé, et que cela expliquait toutes ces choses déroutantes et méchantes et terribles que nous faisons."
Le gros point fort de ce roman, ce sont ses personnages, tout en nuances. Artemisia, la protagoniste, est quelqu'un de très solitaire, qui déteste les foules, ne sait pas comment interagir avec les autres (en témoigne sa relation avec Marguerite). Mais malgré cela, elle fait preuve d'une belle force de caractère. L'évolution de ses rapports avec le revenant est passionnante, j'ai adoré leurs échanges.
Parlons-en du revenant : c'est un personnage au ton mordant, qui a la réplique facile. Tantôt boudeur, tantôt très bavard, il manie allègrement l'humour et les piques, et nous offre une belle critique de ce monde dans lequel les hommes répètent les erreurs du passé.
"S'il est une chose à laquelle je peux toujours me fier, c'est à la fiabilité rassurante de la bêtise humaine. Laisse aux hommes un siècle ou deux, et ils répéteront gaiement les mêmes erreurs qui ont failli provoquer leur extinction quelques générations plus tôt."
En ce qui concerne les autres personnages, j'ai énormément apprécié l'évolution de Marguerite, qu'on nous décrit d'abord plutôt comme une peste, mais qui se révèle dans la deuxième partie du récit.
Vous l'aurez compris, j'ai énormément apprécié le fait que la psychologie des personnages soit travaillée. Il n'y a pas de manichéisme, ils évoluent, se trompent parfois. Même notre héroïne voit ses certitudes remises en question au fil de ses découvertes sur cette société et les secrets du passé.
Parmi les autres thématiques abordées dans ce roman de fantasy young adult, il y a l'amitié, ma confiance, la remise en cause du fanatisme opposé à la tolérance. Et enfin, l'idée de "rédemption", que rien n'est tout blanc ou tout noir, que l'on peut évoluer.
Est-ce que je suis conquise ? Absolument !