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Citations sur Vie de Beethoven (82)

«  Si la musique nous est si chère , c’est qu’elle est la parole la plus profonde de l’âme , le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur ».
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Il était petit et trapu, de forte encolure, de charpente athlétique. Une large figure, de couleur rouge brique, sauf vers la fin de sa vie, où le teint devint maladif et jaunâtre, surtout l'hiver, quand il restait enfermé, loin des champs.
Un front puissant et bosselé. Des cheveux extrêmement noirs, extraordinairement épais, où il semblait que le peigne n'eût jamais passé, hérissés de toutes parts, "les serpents de la méduse". Les yeux brûlaient d'une force prodigieuse, qui saisit tous ceux qui le virent ; mais la plupart se trompèrent sur leur nuance. Comme ils flambaient dans un éclat sauvage dans une figure brune et tragique, on les vit généralement noirs ; ils ne l'étaient pas, mais bleus gris......
(extrait du premier chapitre "Vie de Beethoven" du volume paru à la librairie "Hachette" en 1947)
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... Je mène une vie misérable. Depuis deux ans, j'évite toutes les sociétés, parce qu'il ne m'est pas possible de causer avec les gens : je suis sourd. Si j'avais quelque autre métier, cela serait encore possible; mais dans le mien, c'est une situation terrible Que diraient de cela mes ennemis, dont le nombre n'est pas petit!... Au théâtre, je dois me mettre tout près de l'orchestre, pour comprendre l'acteur. Je n'entends pas les sons élevés des instruments et des voix, si je me place un peu loin.... Quand on parle doucement, j'entends à peine,... et d'autre part, quand on crie, cela m'est intolérable.... Bien souvent, j'ai maudit mon existence.... Plutarque m'a conduit à la résignation. Je veux, si toutefois cela est possible, je veux braver mon destin; mais il y a des moments de ma vie où je suis la plus misérable créature de Dieu.... Résignation ! quel triste refuge! et pourtant c'est le seul qui me reste,
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Beethoven interrompit brusquement la Symphonie en ut mineur, pour écrire d’un jet, sans ses esquisses habituelles, la Quatrième Symphonie. Le bonheur lui était apparu. En mai 1806, il se fiançait avec Thérèse de Brunswick.Elle l’aimait depuis longtemps, — depuis que, petite fille, elle prenait avec lui des leçons de piano, dans les premiers temps de son séjour à Vienne. (...) La Quatrième Symphonie, (...), est une pure fleur, qui garde le parfum de ces jours les plus calmes de sa vie.
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Sa jeunesse fut attristée par les préoccupations matérielles, le souci de gagner son pain, les tâches trop précoces. (...)
En 1787, il perdit sa mère, qu’il adorait. « Elle m’était si bonne, si digne d’amour, ma meilleure amie ! Oh ! qui était plus heureux que moi, quand je pouvais prononcer le doux nom de mère, et qu’elle pouvait l’entendre[6] ? » Elle était morte phtisique ; et Beethoven se croyait atteint de la même maladie ; il souffrait déjà constamment ; et il se joignait à son mal une mélancolie, plus cruelle que le mal même.
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La Quatrième Symphonie, écrite cette année, est une pure fleur, qui garde le parfum de ces jours les plus calmes de sa vie. On y a justement remarqué « la préoccupation de Beethoven, alors, de concilier autant que possible son génie avec ce qui était généralement connu et aimé dans les formes transmises par ses prédécesseurs[28] ». Le même esprit conciliant, issu de l’amour, agissait sur ses manières et sur sa façon de vivre. Ignaz von Seyfried et Grillparzer disent qu’il est plein d’entrain, vif, joyeux, spirituel, courtois dans le monde, patient avec les importuns, vêtu de façon recherchée ; et il leur fait illusion, au point qu’ils ne s’aperçoivent pas de sa surdité, et disent qu’il est bien portant, sauf sa vue qui est faible[29]. C’est aussi l’idée que donne de lui un portrait d’une élégance romantique et un peu apprêtée, que peignit alors Maehler. Beethoven veut plaire, et il sait qu’il plaît. Le lion est amoureux : il rentre ses griffes. Mais on sent sous ses jeux, sous les fantaisies et la tendresse même de la Symphonie en si bémol, la redoutable force, l’humeur capricieuse, les boutades colériques.

Cette paix profonde ne devait pas durer ; mais l’influence bienfaisante de l’amour se prolongea jusqu’en 1810. Beethoven lui dut sans doute la maîtrise de soi, qui fit alors produire à son génie ses fruits les plus parfaits : cette tragédie classique, la Symphonie en ut mineur, — et ce divin rêve d’un jour d’été : la Symphonie pastorale (1808)[30]. — L’Appassionata, inspirée de la Tempête de Shakespeare[31], et qu’il regardait comme la plus puissante de ses sonates, paraît en 1807, et est dédiée au frère de Thérèse. À Thérèse elle-même il dédie la rêveuse et fantasque sonate, op. 18 (1809). Une lettre, sans date[32], et adressée À l’immortelle Aimée exprime, non moins que l’Appassionata, l’intensité de son amour :

« Mon ange, mon tout, mon moi… j’ai le cœur gonflé du trop que j’ai à te dire… Ah ! où je suis, tu es aussi avec moi… Je pleure, quand je pense que tu ne recevras probablement pas avant dimanche les premières nouvelles de moi. — Je t’aime, comme tu m’aimes, mais bien plus fort… Ah ! Dieu ! — Quelle vie ainsi ! Sans toi ! — Si près, si loin. — … Mes idées se pressent vers toi, mon immortelle aimée (meine unsterbliche Geliebte), parfois joyeuses, puis après tristes, interrogeant le destin, lui demandant s’il nous exaucera. — Je ne puis vivre qu’avec toi, ou je ne vis pas… Jamais une autre n’aura mon cœur. Jamais ! — Jamais ! — Ô Dieu ! pourquoi faut-il s’éloigner quand on s’aime ? Et pourtant ma vie, comme elle est à présent, est une vie de chagrins. Ton amour m’a fait à la fois le plus heureux et le plus malheureux des hommes. — … Sois paisible…, sois paisible — aime-moi ! — Aujourd’hui, — hier, — quelle ardente aspiration, que de larmes vers toi ! — toi — toi — ma vie — mon tout ! — Adieu ! — oh ! continue de m’aimer, — ne méconnais jamais le cœur de ton aimé L. — Éternellement à toi — éternellement à moi — éternellement à nous[33]. »
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Beethoven interrompit brusquement la Symphonie en ut mineur, pour écrire d’un jet, sans ses esquisses habituelles, la Quatrième Symphonie. Le bonheur lui était apparu. En mai 1806, il se fiançait avec Thérèse de Brunswick.[25] Elle l’aimait depuis longtemps, — depuis que, petite fille, elle prenait avec lui des leçons de piano, dans les premiers temps de son séjour à Vienne. Beethoven était ami de son frère, le comte François. En 1806, il fut leur hôte à Mârtonvàsàr en Hongrie, et c’est là qu’ils s’aimèrent. Le souvenir de ces jours heureux s’est conservé dans quelques récits de Thérèse de Brunswick [26]. « Un soir de dimanche, dit-elle, après dîner, au clair de lune, Beethoven s’assit au piano. D’abord il promena sa main à plat sur le clavier. François et moi nous connaissions cela. C’était ainsi qu’il préludait toujours. Puis il frappa quelques accords sur les notes basses ; et, lentement, avec une solennité mystérieuse, il joua un chant de Sébastien Bach [27] : « Si tu veux me donner ton cœur, que ce soit d’abord en secret ; et notre pensée commune, que nul ne la puisse deviner. » Ma mère et le curé s’étaient endormis ; mon frère regardait devant lui, gravement ; et moi, que son chant et son regard pénétraient, je sentis la vie en sa plénitude. — Le lendemain matin, nous nous rencontrâmes dans le parc. Il me dit : « J’écris à présent un opéra. La principale figure est en moi, devant moi, partout où je vais, partout où je reste. Jamais je n’ai été à une telle hauteur. Tout est lumière, pureté, clarté. Jusqu’à présent, je ressemblais à cet enfant des contes de fée qui ramasse les cailloux, et ne voit pas la fleur splendide, fleurie sur son chemin…. » C’est au mois de mai 1806, que je devins sa fiancée, avec le seul consentement de mon bien-aimé frère François. »
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Dans plusieurs de ces œuvres, on est frappé par l’énergie et l’insistance des rythmes de marche et de combat. Cela est surtout sensible dans l’allegro et le finale de la Seconde Symphonie, et plus encore dans le premier morceau, superbement héroïque, de la Sonate à l’empereur Alexandre. Un caractère guerrier, spécial à cette musique, rappelle l’époque d’où elle est sortie. La Révolution arrivait à Vienne. Beethoven était emporté par elle. « Il se prononçait volontiers, dans l’intimité, dit le chevalier de Seyfried, sur les événements politiques, qu’il jugeait avec une rare intelligence, d’un coup d’œil clair et net. » Toutes ses sympathies l’entraînaient vers les idées révolutionnaires. « Il aimait les principes républicains », dit Schindler, l’ami qui le connut le mieux dans la dernière période de sa vie. « Il était partisan de la liberté illimitée et de l’indépendance nationale… Il voulait que tous concourussent au gouvernement de l’État… Il voulait pour la France le suffrage universel, et il espérait que Bonaparte l’établirait, et jetterait ainsi les bases du bonheur du genre humain. » Romain révolutionnaire, nourri de Plutarque, il rêvait d’une République héroïque, fondée par le dieu de la Victoire : le premier Consul ; et, coup sur coup, il forge la Symphonie héroique : Bonaparte (1804)[22], l’Iliade de l’Empire, et le finale de la Symphonie en ut mineur (1805-1808), l’épopée de la Gloire. Première musique vraiment révolutionnaire : l’âme du temps y revit avec l’intensité et la pureté qu’ont les grands événements dans les grandes Âmes solitaires, dont les impressions ne sont pas amoindries par le contact de la réalité. La figure de Beethoven s’y montre colorée des reflets de ces guerres épiques. Partout elles s’expriment, peut-être à son insu, dans les œuvres de cette période : dans l’Ouverture de Coriolan (1807), où soufflent des tempêtes, dans le Quatrième quatuor, op. 18, dont le premier morceau a tant de parenté avec cette ouverture ; dans la Sonate Appassionata, op. 57 (1804), dont Bismarck disait : « Si je l’entendais souvent, je serais toujours très vaillant[23] » : dans la partition d’Egmont ; et jusque dans ses concertos pour piano, dans ce concerto en mi bémol, op. 73 (1809), où la virtuosité même se fait héroïque, où passent des armées. — Comment s’en étonner ? Si Beethoven ignorait, en écrivant la Marche funèbre sur la mort d’un héros de la sonate op. 26), que le héros le plus digne de ses chants, celui qui plus que Bonaparte s’approcha du modèle de la Symphonie héroïque, Hoche, venait de mourir près du Rhin, que domine encore son monument funèbre, du haut d’une petite colline entre Coblentz et Bonn, — à Vienne même, il avait vu deux fois la Révolution victorieuse. Ce sont les officiers français qui assistent en novembre 1805, à la première de Fidelio. C’est le général Hulin, le vainqueur de la Bastille, qui s’installe chez Lobkowitz, l’ami et le protecteur de Beethoven, celui à qui sont dédiés l’Héroïque et l’Ut mineur. Et le 10 mai 1809, Napoléon couche à Schoenbrunn [24]. Bientôt Beethoven haïra les conquérants français. Mais il n’en a pas moins senti la fièvre de leur épopée ; et qui ne la sent pas comme lui, ne comprendra qu’à demi cette musique d’actions et de triomphes impériaux.
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Cet amour, cette souffrance, cette volonté, ces alternatives d’accablement et d’orgueil, ces tragédies intérieures se retrouvent dans les grandes œuvres écrites en 1802 : la Sonate avec marche funèbre, op. 26, la Sonate quasi una fantasia, et la Sonate dite du Clair de lune, op. 27, la Deuxième Sonate, op. 31, avec ses récitatifs dramatiques, qui semblent un monologue grandiose et désolé ; la Sonate en ut mineur pour violon, op. 30, dédiée à l’empereur Alexandre ; la Sonate à Kreutzer, op. 47 ; les six héroïques et poignantes mélodies religieuses sur des paroles de Gellert, op. 48. La Seconde Symphonie, qui est de 1803, reflète davantage son juvénile amour ; et l’on sent que sa volonté prend décidément le dessus. Une force irrésistible balaye les tristes pensées. Un bouillonnement de vie soulève le finale. Beethoven veut être heureux ; il ne veut pas consentir à croire son infortune irrémédiable : il veut la guérison, il veut l’amour ; il déborde d’espoir[21].
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Cette tristesse tragique s’exprime dans quelques œuvres de cette époque, dans la Sonate pathétique, op. 13 (1799), surtout dans le largo de la troisième Sonate pour piano, op. 10 (1798). Chose étrange qu’elle ne soit pas partout empreinte, que tant d’œuvres encore : le riant Septuor (1800), la limpide Première Symphonie (en ut majeur, 1800), reflètent une insouciance juvénile. C’est sans doute qu’il faut du temps à l’âme pour s’accoutumer à la douleur. Elle a un tel besoin de la joie que, quand elle ne l’a pas, il faut qu’elle la crée. Quand le présent est trop cruel, elle vit sur le passé. Les jours heureux qui furent ne s’effacent pas d’un coup ; leur rayonnement persiste longtemps encore après qu’ils ne sont plus. Seul et malheureux à Vienne, Beethoven se réfugiait dans ses souvenirs du pays natal ; sa pensée d’alors en est tout imprégnée. Le thème de l’andante à variations du Septuor est un Lied rhénan. La Symphonie en ut majeur est aussi une œuvre du Rhin, un poème d’adolescent qui sourit à ses rêves. Elle est gaie, langoureuse ; on y sent le désir et l’espérance de plaire. Mais dans certains passages, dans l’introduction, dans le clair-obscur de quelques sombres basses, dans le scherzo fantasque, on aperçoit, avec quelle émotion ! dans cette jeune figure le regard du génie à venir. Ce sont les yeux du Bambino de Botticelli dans ses Saintes familles, ces yeux de petit enfant où l’on croit lire déjà la tragédie prochaine.

À ses souffrances physiques venaient se joindre des troubles d’un autre ordre. Wegeler dit qu’il ne connut jamais Beethoven sans une passion portée au paroxysme. Ces amours semblent avoir toujours été d’une grande pureté. Il n’y a aucun rapport entre la passion et le plaisir. La confusion qu’on établit de notre temps entre l’une et l’autre ne prouve que l’ignorance où la plupart des hommes sont de la passion, et son extrême rareté. Beethoven avait quelque chose de puritain dans l’âme ; les conversations et les pensées licencieuses lui faisaient horreur ; il avait sur la sainteté de l’amour des idées intransigeantes. On dit qu’il ne pardonnait pas à Mozart d’avoir profané son génie à écrire un Don Juan. Schindler, qui fut son ami intime, assure qu’ « il traversa la vie avec une pudeur virginale, sans avoir jamais eu à se reprocher une faiblesse ». Un tel homme était fait pour être dupe et victime de l’amour. Il le fut. Sans cesse il s’éprenait furieusement, sans cesse il rêvait de bonheurs, aussitôt déçus, et suivis de souffrances amères. C’est dans ces alternatives d’amour et de révolte orgueilleuse, qu’il faut chercher la source la plus féconde des inspirations de Beethoven, jusqu’à l’âge où la fougue de sa nature s’apaise dans une résignation mélancolique.
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