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Critique de maevedefrance


Traduit par Laetitia Devaux

Frances et Bobbi sont, à leurs heures perdues, poétesses et performeuses. Elles ont aussi été en couple mais ont rompu tout en restant amies. Un jour, dans une soirée littéraire, elle rencontre Melissa, une journaliste photographe ayant des accointances avec le milieu littéraire. Celle-ci a 37 ans, est mariée à Nick, acteur de 32 ans. Frances et Bobbi sont plus jeunes, la vingtaine, étudiantes. Rapidement, Frances est attirée par Nick alors que Bobbi trouve Melissa charmante et sympathique. Bobbi n'aime pas Nick. Frances n'a pas vraiment de sympathique pour Melissa. Bon. Et alors ?

Alors, la première partie du roman réside sur le suspense du "Est-ce que Frances va coucher avec Nick et briser le couple qu'il forme avec Melissa ?". Déjà, je me sentais mal barrée au bout d'une centaine de pages, me demandant clairement ce que j'avais comme type de roman entre les mains. Nick et Frances s'envoient des SMS et des mails. Et finalement, ben si ce dont on se doutait n'était pas arrivé, il n'y aurait pas eu ce roman. Bref, il va s'ensuivre un Je-t'aime-moi-non-plus-tu-veux-ou-tu-veux-pas-on-arrete-ou-on-continue-par-devant-ou-par-derriere pendant 393 pages. Trop passionnant non ? :(

Mélissa et Nick sont soi-disant ensemble mais plus vraiment, mais non, sont ensemble mais dorment dans des lits séparés, mais en fait, Nick ne quittera pas Mélissa, et Mélissa, bien sûr, finit par apprendre ce que bidouillent Frances et Nick derrière son dos. Elle envoie un long mail à Frances pour lui dire ses vérités. Entre temps, Nick et Frances ont rompu plusieurs fois, puis se sont remis ensemble, puis ont rompu, puis se sont fait la gueule, puis se sont remis ensemble.

Pendant ce temps, Bobbi est un peu laissée de côté. Et Frances ne lui dit que très tardivement ce qu'elle bidouille avec Nick parce qu'elle a peur de sa réaction et surtout qu'elle se moque d'elle.

Ah oui, au fait, j'oubliais : Frances est pauvre et se dit communiste et féministe. Bobbi est d'un milieu aisé et se dit aussi féministe. Pourtant, on n'entend pas du tout parler de communisme dans cette histoire. Ni de féminisme, d'ailleurs.

Frances a un jour très mal au ventre, au point de faire un malaise et de se retrouver aux urgences. Elle pense faire une fausse couche de l'enfant de Nick. Mais c'est pas ça. Ses malaises se répètent tout au long du roman jusqu'à ce qu'on apprenne enfin ce dont elle souffre : endrométriose. Mais on se demande ce que ce détail vient faire dans cette histoire, d'autant qu'il n'est pas centré sur ce problème féminin mal connu, c'est vrai.

J'ai terminé ce roman avec labeur, tant il est insipide. Il est plein de détails qui ne servent à rien, en particulier de scènes de sexe (qui ne servent pas à grand chose, à mon humble avis !).
"C'était dur de savoir ce qu'il ressentait. Au lit, il ne me mettait jamais la pression, et il était toujours très respectueux de mes envies. Et pourtant, c'était comme s'il était absent, réservé. Il ne me complimentait jamais sur mon physique. Il ne me touchait ni ne m'embrassait jamais de façons spontanée. Je me sentais encore nerveuse en me déshabillant, et la première fois que je lui ai fait une fellation, il est resté si silencieux que j'ai dû m'interrompre pour lui demander si je lui faisais mal. Il dit non, mais quand j'ai repris, il a gardé le silence."

On se croirait dans 50 nuances de grey . C'est ainsi à plusieurs reprises. Je me suis surprise à rire plusieurs fois , non parce que c'était drôle, mais parce que c'était ridicule voire peu crédible. Frances et Nick couchent ensemble dans la maison où est présente Melissa et elle ne les surprend jamais. C'est dingue, non ?

Un roman est littérairement facile, occupé essentiellement par de la romance-sexe. On n'a pas mal à la tête à la fin, on n'a rien appris de nouveau, on ne s'est pas enrichi. Quelques jours après l'avoir refermé, je ne me souviens déjà plus de la fin. Si ce n'est que les 2 amies se remettent en couple et que finalement, non, Nick, c'est mieux que Bobbi. Mais c'est pas sûr. OMG ! Minette, mon meilleur conseil est de consulter un psy !

Sally Rooney a 27 ans. On en parle comme le nouveau prodige de la littérature irlandaise. Je ne comprends pas. Je n'avais aucun a priori sur ce roman, j'étais même impatiente de le découvrir. Ma déception est d'autant plus forte. La presse traditionnelle l'a montée en épingle.
Voici ce qu'en dit le magazine Lire de ce mois : "L'auteure irlandaise se fait le porte-voix des millennials, génération mal aimée. Souvent mise en porte-à-faux, cette jeunesse désenchantée est surtout incomprise. Comparée à Lena Dunham (la créatrice de la série Girls), Sally Rooney en dresse ici un portrait d'une justesse bluffante. Remise en question de la valeur travail, peur de la précarité, sentiment de ne pas être à sa place, émancipation sexuelle, combat féministe, indignation politique... Tout est passé au crible dans ce livre éblouissant." Je suis sidérée quand je lis ces propos car il n'est pas du tout question de la valeur travail, ni même de combat féministe et d'indignation politique. C'est bien facile de caser toute une génération dans une case. Mal aimée ? Ah bon ? Pourquoi ? Il est un chouya question d'argent car Frances est pauvre mais l'intrigue ne tourne pas autour de ça. Combat féministe ? Alors là, que nenni ! Indignation politique ? Ah bon ? ça ne saute pas aux yeux.

Voici ce que dit le magazine Elle de la semaine dernière : "Frances, narratrice et héroïne de ce premier roman, observe d'un oeil dubitatif et fasciné [le milieu de la bourgeoisie intellectuelle] quand une histoire d'amour avec un acteur de quinze ans son aîné la propulse dans la vie d'adulte. "Comme elle, explique Sally Rooney, je comprends l'attraction de ce style de vie sur une jeune femme d'un milieu populaire. Mais, comme elle, je veux rester sceptique vis-à-vis de ces systèmes et, en particulier, du monde de l'édition qui fonctionne comme une facette du capitalisme. Certains écrivains gagnent beaucoup d'argent, d'autres pas du tout." (...) Certains ont voulu faire d'elle l'emblème de la génération des millennials, mais le prisme par lequel Sally Rooney regarde le monde est, dit-elle, "plus marxiste et féministe que générationnel". Les bras m'en tombent ! Il n'est pas question de la condition des écrivains dans ce roman. Ni de capitalisme.

Je n'ai pas lu dans ce livre une analyse fine de la société ou même d'une génération. C'est juste une histoire d'amour passionnelle, et surtout de sexe, qui monopolise les lignes. Mais sans grand intérêt car rien de nouveau sous le soleil. Cette histoire un peu spéciale ne concerne pas une génération en particulier.

Bref, si vous voulez vous faire votre propre opinion vous pouvez le lire. Pour ma part, j'ai un peu en travers les 23€ que j'ai dû débourser pour lire un roman aussi insipide. La parution de son deuxième roman, Normal People est prévu pour bientôt. Je vais passer mon chemin : il y a tant de vraie belle littérature irlandaise à lire, à mon humble avis.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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