Citations sur Normal People (152)
Difficile de savoir si ça plaît à Marianne d’entendre ces choses ; elle désire les entendre, mais elle est consciente d’être capable de désirer ce qu’elle ne veut pas.
Ils étaient dans leur bulle, à l’époque. Ils réprimaient tellement leurs sentiments au quotidien, les réduisaient tant à la portion congrue, que les événements les plus insignifiants prenaient une importance folle et effrayante. On pouvait se permettre de se toucher et de hurler pendant un match de football. (…) Rien n’était plus important pour Rob que l’approbation des autres ; pour être apprécié, pour avoir un statut. Il aurait trahi la confiance de n’importe qui, la bienveillance de n’importe qui, contre la promesse d’une reconnaissance sociale. Connell ne pouvait pas le lui reprocher. Lui aussi était comme ça, en pire. Tout ce qu’il voulait, c’était être normal, dissimuler les aspects de sa personnalité qu’il trouvait honteux et perturbants. C’était Marianne qui lui avait montré qu’une autre voie était possible. La vie n’a plus été la même, après ça ; peut-être n’avait-il jamais compris à quel point les choses avaient changé. (p. 257)
Ne parle pas de ça à maman, dit-il. Marianne secoue la tête. Non, elle est d’accord. Mais ça n’aurait pas d’importance si elle lui parlait, à vrai dire. Denise a décidé depuis longtemps qu’il est acceptable pour les hommes de recourir à l’agression comme mode d’expression avec Marianne. Enfant, Marianne résistait, mais désormais elle est simplement indifférente, comme si cela ne présentait aucun intérêt à ses yeux, ce qui est le cas, d’une certaine façon. Denise y voit un symptôme de la frigidité et de la personnalité revêche de sa fille. Elle trouve que Marianne manque de « chaleur », par quoi elle entend l’aptitude à réclamer de l’amour à ceux qui la détestent. (p. 83)
Marianne boit une gorgée de café au moment où il dit ça, et semble s'immobiliser un instant, la tasse aux lèvres. Il ignore si cette pause fait naturellement partie de son geste, mais il le remarque. Puis elle repose la tasse sur la soucoupe.
Marianne avait l'impression que sa vraie vie se déroulait quelque part ailleurs, très loin d'ici, qu'elle se déroulait en son absence, elle ignorait si elle réussirait un jour à savoir comment la trouver et y prendre part. (...) Tout ce qu'elle savait, c'est que sa vraie vie commencerait pour de bon, elle n'aurait plus besoin de l'imaginer.
À l’école, les garçons avaient tenté de la briser à force de cruauté et de mépris, et à la fac les hommes avaient tenté d’y parvenir avec le sexe et la popularité, tous dans le but commun de dompter sa force de caractère. Ça la déprimait de trouver les gens si prévisibles.
Il se disait qu’il se sentirait moins seul avec elle, mais cela n’a fait que rendre sa solitude plus tenace, comme si elle était enracinée en lui, impossible à éliminer.
Au lycée, ils étaient au même endroit, à la fois perdus et en souffrance, et depuis elle était persuadée que s'ils y retournaient ensemble, ils éprouveraient la même chose. Elle comprend désormais que, ces dernières années, Conell s'est lentement adapté au monde, un processus parfois douloureux mais constant, alors qu'elle a regressé, s'est éloignée de plus en plus de l'équilibre mental, est tellement abîmée qu'elle en est devenue méconaissable et qu'ils n'ont plus rien en commun.
L'argent est la substance qui donne au monde sa réalité.
Elle savait que si elle voulait dire quelque chose, tout le monde se tournerait pour l'écouter avec un intérêt sincère, et cela aussi la rendait heureuse, même si elle n'avait rien à dire.