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Critique de Nemorino


J'ai eu la chance de recueillir ce beau livre, tout neuf, cet été. Il m'attendait dans un dépôt sauvage d'ordures en même temps que 22 CD intacts de Maria Callas. Malheureusement je n'ai jamais contemplé ses tableaux de près.
L'oeuvre de Rozsda n'est pas seulement surréaliste, elle est tellement spéciale que j'ai plongé dans l'ouvrage immédiatement laissant les disques pour un ami mélomane.
Le peintre franco-hongrois a beaucoup écrit lui-même pour expliquer sa démarche. C'est le temps que Rozsda cherche à saisir. C'est l'oubli qu'il ordonne pour comprendre le chemin parcouru, celui des misères mais aussi des délices. Ce temps est multicolore et surtout lumineux.
Ses oeuvres tardives ressemblent à un amoncellement inimaginable, à un maquis dense de détails. Mais le spectateur arrive à y respirer et éprouver un réel plaisir du regard grâce à l'émotion qu'elles dégagent.
J'ai vraiment apprécié cet album, admirablement construit, auquel plusieurs auteurs, poètes et écrivains ont contribué, et entre autres Érik Orsenna. Il éclaire sur différentes périodes et nombreuses activités de l'artiste qui est parallèlement dessinateur et photographe. J'en ai tiré beaucoup de citations, ne rechignant pas devant leur longueur, pour faire partager mon enthousiasme et notamment pour faire connaître aux autres les investigations historiques qu'il contient.
La première période de Rozsda, où il incarne remarquablement des femmes âgées et des mendiantes, lui apporte le succès tout en le rangeant au postimpressionnisme hongrois. Brusquement, sous l'effet d'un concert de Béla Bartók, la vétusté de son propre style lui saute aux yeux. En 1938, il part à Paris, il se lie d'amitié avec Françoise Gilot, la future compagne de Picasso, à qui il donne des cours de peinture. Rozsda fait également connaissance avec Max Ernst, Alberto Giacometti, Raymond Queneau, André Breton. Sa peinture se transfigure au contact des surréalistes. Puis au cours des années 1960 il change encore et évolue vers l'abstraction lyrique d'une minutie et d'une richesse exceptionnelles. Il s'éternise devant une seule toile. Aléatoire à lui-même, il y met tout en vrac pour observer comment les choses s'accordent, s'accolent et s'arc-boutent. Et pour en revenir heureux comme un dieu.
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