AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,25

sur 162 notes
5
4 avis
4
23 avis
3
17 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans son roman, l'auteure par l'intermédiaire de son personnage, Louise, nous fait appréhender le monde de la surdité. Un handicap qui ne se voit pas mais qui ne fait plus voir la vie comme elle est. C'est ce qui arrive à Louise qui devient de plus en plus sourde et doit faire un choix crucial : abandonner le son réel des malentendants, même faible, pour un implant,
Alors Louise va poser le pour et le contre, se teste, se trouve un emploi. Elle se raccroche à beaucoup de choses, un imaginaire qui l'aide à aller de l'avant, à vivre et quelques proches, humains et bienveillants, Anna et Thomas, Cathy+ .
Louise tente d'isoler les sons, en un herbier sonore, comme elle a peur de se perdre dans son monde, elle se perd déjà souvent dans les dialogues et interprète les phrases quand on lui parle, ce qui donne des moments cocasses ou d'incompréhension et de perdition.

Quel exercice difficile que de vouloir mettre des mots sur le silence et nous faire partager ce que perçoit un sourd et comment il le vit.
Ce roman est un bel exploit, écrit dans une très belle langue. Un roman de qualité où j'ai suivi le parcours du combattant d'une malentendante.
J'aurais aimé plus de concrets que de lire parfois des passages que j'ai trouvés farfelus, toutes ces métaphores de la vie fantastiques, qui sont très belles, mais qui m'ont donnée l'impression d'errer aussi dans le livre sans m'y accrocher, comme si je ne comprenais pas ou ne pouvais pas comprendre.
Commenter  J’apprécie          40



« Seule la lecture pouvait calmer l'angoisse de la disparition, voir les mots intacts, palpables, encrés »

Louise est totalement sourde d'une oreille et partiellement d'une autre. Elle oscille, les pieds sur Terre, les yeux fixés sur la bouche de son interlocuteur et sa tête dans le silence, entre le monde des sourds et des entendants. Un dilemme s'impose à elle : se mettre un implant ou se murer dans le silence en continuant sa vie ainsi? La réponse pourrait paraître évidente pour quelqu'un qui s'est rasé la tête afin de rendre son sonotone visible.

Pourtant la réponse n'est pas d'une évidence pure.
Quand Louise se rend compte que ses souvenirs s'étiolent, elle se demande s'il faut du son pour activer la mémoire ?

Elle n'entend plus ses baskets couiner sur le sol, les consonnes et les voyelles n'ont pas de sens, le mot « quoi » fait partie de ses mots récurrents.
Son handicap invisible rendra son nouveau travail en mairie pénible et harassant. Elle se mure dans le silence des archives.

L'écriture d'Adele Rosenfeld nous fait vivre cet entre deux mondes de manière très immersive. Nous comprenons les choses à demi mot, vivons l'isolement progressif de Louise avec une appréhension poignante. Un roman bouleversant mettant en péril un sens où l'humour demeure, malgré tout.
Commenter  J’apprécie          40
Les méduses n'ont pas d'oreilles mais nous permettent l'ouverture à un monde que malgré toute notre empathie nous ne pouvons qu'effleurer. Avec humour et justesse l'autrice nous livre un premier roman touchant, une héroïne combattive.
"Déracinée du langage" louise doit faire un choix définitif faisant d'elle une entendante à demi ou une sourde définitive, avec ce que cela suppose dans une vie, dans le quotidien.
Audition synthétique ou parcellaire ?
Poésie du silence ou du vacarme ?
S'il suffisait d'écouter le silence" ?
Un beau projet pour ce début d d'année.
Commenter  J’apprécie          40
Ce premier roman d'Adèle Rosenfeld nous plonge dans l'univers cotonneux et grésillant des malentendants, des sourds.
Son héroïne, Louise qui perçoit encore quelques sons de l'oreille droite et plus rien à gauche nous entraine, avec énormément d'humour, dans son parcours du combattant qu'est la vie de tous les jours quand on ne saisit pas ce qu'on nous demande, qu'on dépense une énergie folle à essayer de combler les trous des paroles qui ont été prononcées, à tenter de lire sur les lèvres à s'en brûler les yeux pour ne pas faire répéter.
Toutes ces situations cocasses sont décrites avec un humour fou
Plus sérieusement, nous découvrons le monde du travail avec l'insertion des handicapés, quota oblige, et les « crasses » des collègues, qui lors des « restructurations » craignent que le handicapé ne leur pique leur poste, ainsi que la mise progressive au placard.
Nous apprenons l'angoisse de la tombée de la nuit quand il faut lire sur les lèvres, ainsi que de nombreuses autres situations anxiogènes qui ne nous effleurent pas un instant, nous les « entendants ».
Grâce à une écriture simple et détaillée, nous sommes immergés dans ce monde car l'héroïne décrit tellement bien ce qu'elle entend d'un mot, d'une phrase ou d'une conversation que nous éprouvons sa panique de devoir répondre à côté ou faire répéter de multiples fois.
Louise, donc, continue de façon dramatique à perdre de l'audition à gauche si bien que la pose d'un implant lui est proposé. Tout le roman tourne autour de la décision que doit prendre Louise, accepter, refuser. Nous assistons au combat qui se livre en elle , la peur d'être complètement sourde et celle de devenir entendante de façon irréversible.
Un très beau livre que je recommande vivement, il aborde avec humour et douceur un handicape que beaucoup dissimule, quitte à se couper du monde.
Commenter  J’apprécie          40
Louise, la trentaine née en banlieue parisienne, devient malentendante.

Alors dans la vie de tous les jours, lorsqu'elle répond oui à la place de non, on la prend pour une idiote. Mais, lorsque quand il y a trop de bruits ou trop de conversations à plusieurs, elle s'y perd et se renferme dans sa bulle.

Elle va chez un spécialiste orl. Il constate quinze décibels en moins sur l'autre oreille. Non seulement, il faut que Louise accepte ce dont elle a refusé depuis toujours, son statut de malentendante, mais prendre aussi la décision de devenir une femme bionique.

Dans ce premier roman, Adèle Rosenfeld conte ce cheminement entre reconnaître sa différence et se faire poser ou non un implant. Elle présente les brouhahas inaudibles, les trous noirs au milieu d'une phrase, la perception des différentes fréquences et les lèvres qui ne se laissent pas regarder.

Adèle Rosenfeld présente avec beaucoup de poésie les amis imaginaires de Louise qui comblent sa solitude sociale : le Soldat prend sa place dans la vie. Son Chien Circus, exprime les émotions. Et la Botaniste, elle, collectionne des plantes mirages qui expliquent le monde. Ses amis, et plus, bien vivants, savent aussi se tenir à ses côtés.

C'est l'histoire d'une battante qui s'entoure de la poésie de l'imaginaire et de la distance de l'humour pour dépasser les difficultés de la surdité.

Une plume sensible, délicate et ironique.

Étant sourde, je me reconnais dans la description de ne pas pouvoir tout comprendre et de louper des mots essentiels quand on essaie d'écouter. J'aurais aimé en savoir plus quand elle s'est fait implantée et si elle est heureuse ou pas.
Commenter  J’apprécie          30
La narratrice, Louise, est complètement sourde de l'oreille gauche, malentendante et appareillée de l'oreille droite depuis l'âge de cinq ans. Devenue adulte, elle qui s'est construite tant bien que mal entre ses deux parties, la sourde et l'entendante, voit son audition baisser drastiquement lors de son dernier examen chez l'ORL. La seule issue est l'implant cochléaire, une intervention irréversible qui transformerait le peu d'audition naturelle qui lui reste en audition synthétique.

Jusqu'à présent elle lisait sur les lèvres pour "compléter une langue à trous", les lèvres et la lumière lui étaient indispensables pour reconstituer les conversations. Depuis son enfance, elle a passé des heures chez l'orthophoniste à apprendre à lire sur les lèvres et à reconnaître les sons à l'oreille, des heures à "polir sa voix pour paraître normale" dans un déni de son handicap, refusant d'être enfermée dans une catégorie, le monde des sourds.

Maintenant qu'elle sombre dans la surdité profonde, elle consigne les derniers sons qu'elle entend dans un herbier sonore pour en garder une trace et développe un monde imaginaire peuplé de fabuleux personnages, un soldat de la première guerre mondiale, un chien, une botaniste... qui l'accompagnent pendant ses longs mois de doute.

Alors qu'elle éprouve les émois du début d'une relation amoureuse, déchiffrant péniblement les mots d'amour sur les lèvres d'un garçon, Louise se retrouve face à une décision qui va changer le cours de son existence : accepter l'implant ou rester dans son îlot de silence. Elle est face à la peur de devenir quelqu'un d'autre.

Ce texte est inspiré de l'histoire personnelle de l'auteure sans que ce soit explicitement dit. Les ressentis, les sensations d'une malentendante sont tellement bien restitués que nous sommes plongés de façon saisissante dans le monde des sourds et des malentendants. Les passages où l'auteure décrit l'univers de songes et de fantaisie qu'elle développe ne sont pas ceux qui m'ont le plus intéressée même si j'ai compris qu'elle voulait ainsi nous montrer qu'exercer son imagination était vital pour elle "Le silence libérait des mots et des images que le langage rendait prisonniers"
La capacité de l'auteure à décrire son, silence, sentiment d'entre deux mondes... est tout simplement exceptionnelle. Un texte doux, sensible et non dénué d'humour sur un handicap invisible. Un roman qui reste léger malgré le sujet et qui souligne que les différences peuvent se révéler précieuses.
Commenter  J’apprécie          30
Tout en humour et jeux de mots, Adèle Rosenfeld raconte l'histoire de Louise, dont l'ouïe d'une oreille tend à disparaître. Son imaginaire foisonnant la mettra face à un soldat de la grande guerre, un chien noir baptisé Cirrus, et une botaniste. La solution de pose d'implant filera le long de l'histoire.
J'ai aimé la poésie qui se dégage de ce livre, et dès les premières pages, avec les scènes chez l'ORL, le décor est planté. Les échanges surréalistes, déformations des mots, avec lesquels l'auteure joue, sont de petits bijoux, et l'humour qui pétille sur chacune des pages aide à comprendre de quoi il est question. Des magazines trônant sur la table basse du cabinet de l'ORL, ce Trente millions de sourds, en plus de faire sourire, donnent au handicap une vision animale, à apprivoiser. C'est aussi un livre très visuel, avec la description des mouvements de la bouche formant les sons. J'ai appris beaucoup en lisant, car Adèle Rosenfeld explore ce handicap, le compare à d'autres, et son incursion au Muséum d'Histoire naturelle est saisissant.
Un beau premier roman qui aborde le handicap de manière très subtile.
Commenter  J’apprécie          30
Louise entend de moins en moins bien de l'oreille droite, sa seule oreille encore entendante. Et peu à peu, même cette audition-là va disparaître. Les différents examens, et surtout sa propre expérience le lui assurent, elle doit absolument programmer rapidement une opération avant de devenir complètement sourde. Mais l'implant cochléaire qu'on lui propose va transformer aussi sa façon d'entendre, enlever le naturel pour passer au métallique, au synthétique.

Pour celle qui vit entre deux mondes depuis l'enfance, le choix et la décision sont bien difficiles. Doit-elle rester dans ce brouillard opaque dans lequel elle évolue depuis si longtemps. Il faut croire que malgré les inconvénients elle s'en satisfait puisqu'au fond il la rassure, ou doit-elle sauter le pas. Bien sûr, elle a appris à lire sur les lèvres, elle doit se faire à l'idée que très bientôt il lui faudra aussi apprendre le langage des signes. Mais elle se complaît d'une certaine façon dans cet univers dont elle connaît les contours, souvent flous, parfois opaques, ces conversations tronquées, ces échanges faits de quiproquos et d'isolement, mais qui semble-t-il la rassure, car elle s'y reconnaît.

D'autant que dans ce brouillard auditif, Louise s'est fait des amis, les sons et les mots perdus se sont transformés en un soldat, un chien, une botaniste aux curieuses manières, qui viennent peupler son monde du silence.

C'est une étrange expérience que de découvrir les sons et les mots à travers tous ces silences, ces manques, ces interprétations. Ne pas comprendre les failles mais savoir qu'elles sont là, qu'elles ont une réalité que moi, bien entendante, je ne peux même pas imaginer. Comprendre la difficulté du handicap, le regard des autres, l'isolement, le rejet. Entendre aussi le doute, la peur, les questions que posent un changement radical et les conséquences d'une opération que l'on ne maîtrise pas. En ce sens, j'ai apprécié ce roman, même si je dois avouer que le coté surréaliste m'a un peu perdue.
chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/03/13/les-meduses-nont-pas-doreilles-adele-rosenfeld/
Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          20
Quand j'étais étudiante, j'ai passé un week-end chez une amie dont la soeur, Murielle, était sourde. Nous nous sommes très bien entendues, nous avons discuté, elle lisait sur les lèvres, nous sommes allées danser et nous avons continué à discuter par signes dans le brouhaha.
Mais je n'avais pas mesuré à quel point l'effort fourni par Murielle pour passer ce week-end "normalement" avec sa soeur et moi devait être intense.

Les méduses n'ont pas d'oreilles m'a fait réaliser les difficultés auxquelles elle devait faire face au quotidien.

Louise, le personnage central de ce roman est sourde d'une oreille et malentendante appareillée de l'autre. Elle ne fait pas partie du monde des sourds qui signent, mais son audition baissant, se sent de moins en moins intégrée dans le monde des entendants.
À l'aube de la trentaine, elle va devoir prendre une décision concernant son avenir.

Au-delà du récit qui ne peut qu'émouvoir, Adèle Rosenfeld signe un premier roman brillant, riche de couleurs, de sensations, de sons. Loin de tomber dans un mélo que l'on aurait pourtant compris, le propos est vivant, habité, parfois drôle.

C'est un roman qui retentit et résonne encore des jours après l'avoir lu.
Commenter  J’apprécie          20
Il ne reste à Louise que très peu d'audition à l'oreille droite, la gauche étant déjà condamnée. Quelques sons lui parviennent encore mais elle lit principalement sur les lèvres de ceux qui l'entourent. Comme pour ne jamais oublier ces quelques bruits, elle en garde une trace dans un herbier sonore. « Nom latin : siren siphonarius. Nom vulgaire : sirène de pompiers. Latitude : 48.866667. Longitude : 2.333333. Chant diphonique de phoques de la mer Rouge. » Mais aujourd'hui, il est temps pour Louise de prendre une décision : la pose d'un implant.

« Mais est-ce qu'entendre, c'était avoir accès au langage ? Oui. Et non. Car, entendre, ce n'était pas écouter. Comme regarder, ce n'était pas voir. Je savais écouter, mais je n'entendais plus. Et pourtant, tout ce temps, j'avais entendu du langage. Je m'étais écoutée écouter, c'était peut-être là que j'étais devenue totalement sourde. En me faisant implanter, je pourrais entendre de nouveau et ne plus m'écouter écouter. »

Adèle Rosenfeld nous entraîne dans le monde de son héroïne fait d'humour et de poésie. le combat que se livre Louise contre la surdité est intéressant lorsque l'on est entendante comme moi. L'autrice est parvenue à me faire découvrir un autre langage, une autre écoute. La pluie qui tombe sur la voiture. le vent qui souffle dans les arbres. le clic du radiateur. Et si ces petits bruits étaient le silence ? J'écoute. Je m'interroge. Et en refermant ce roman, je prends conscience de ma peur du silence. Un beau premier roman.

« C'est alors que je me suis souvenue de cette phrase de Victor Hugo : ‘Qu'importe la surdité de l'oreille, quand l'esprit entend ? La seule surdité, la vraie surdité, la surdité incurable, c'est celle de l'intelligence.'»

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/01/12/39293658.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
Commenter  J’apprécie          10



Lecteurs (339) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}