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3.25/5 (sur 162 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1986
Biographie :

Adèle Rosenfeld (Paris, 1986) travaille dans l’édition depuis dix ans. Parallèlement à son activité, elle développe des projets d’écriture à dimensions variables. En 2016, elle collabore avec une artiste plasticienne sur le thème de L’Eau et les Rêves de Gaston Bachelard. Puis elle explore le genre de la nouvelle avec un ton à la fois acide et onirique en s’inspirant de ses livres de chevet Les Saisons de Maurice Pons et Fictions de Borges. En 2018, elle intègre le Master de création littéraire de l’université Paris 8 où elle développe un projet de roman autour d’un personnage qui plonge dans le silence.

Source : revuefracas
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
L’homme est un être plein d’espoir et de désespoir, a-t-il repris, si le désespoir l’emportait constamment, tout le monde sombrerait, et comme il n’est pas raisonnable de conserver de l’espoir dans ce monde dans lequel nous vivons, c’est la preuve même que l’homme n’est pas un être raisonnable. La renaissance d’une chose si absurde que l’espoir montre bien que vous allez tenir, et que ce n’est pas votre raison, mais votre déraison qui va faire que vous allez dépasser cette situation. Servez-vous-en pour avancer, ne regardez pas l’aspect raisonnable des choses, Louise, mais puisez dans la folie la force pour grandir.
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Il expliquait que les tentatives qui se développaient pour archiver le Web n'y faisaient rien, que le passé échappait, que le futur allait être encore moins enregistrable et conservable. La fragilité des supports, leur durée doive extrêmement courte faisaient que nous entrions plus encore dans l'oubli.
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Oedipe s'était crevé les yeux, mais pourquoi ? Il aurait dû plutôt se crever les oreilles. En réalité c'était une affaire d'oreilles. Oedipe a mal entendu le message de l'oracle, c'était un malentendant, il n'avait pas su écouter les mises en garde. Mais le sourd n'a pas la grandeur de l'aveugle, ni son calme philosophique. Et l'engouement de la psychanalyse a persévéré dans ce malentendu. Non, vraiment, ça n'avait aucun sens, les psys ne sont ni yeux ni bouches, ils sont oreilles.
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Le langage aussi peut être sécurisant, voire sécuritaire : on croit alléger la dureté des mots en les compliquant. Sourds, aveugles, vieillards, malades mentaux, on a honte de parler de vous : des malentendants aux hospitalisés spéciaux en passant par les non-voyants et les seniors, on va arriver à parler des personnes mortes comme des non-vivants.
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Car, entendre, ce n'était pas écouter. Comme regarder, ce n'était pas voir. Je savais écouter, mais je n'entendais plus. Et pourtant, tout ce temps, j'avais entendu du langage.
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En termes d’imaginaire collectif, le sourd était passé à la trappe, nulle légende dorée autour d’oreilles crevées. Les sourds n’avaient pas leur place dans les mythes fondateurs de l’humanité. L’empathie de l’humanité était indéniablement réservée aux aveugles. En Chine, les sourds étaient jetés à la mer ; en Gaule, ils étaient sacrifiés à leurs dieux ; à Sparte, ils étaient précipités du haut des falaises ; à Rome et Athènes, ils étaient exposés sur les places publiques ou abandonnés dans les campagnes.
Œdipe s’était crevé les yeux, mais pourquoi ? Il aurait dû plutôt se crever les oreilles. En réalité, c’était une affaire d’oreilles. Œdipe a mal entendu le message de l’oracle, c’était un malentendant, il n’avait pas su écouter les mises en garde. Mais le sourd n’a pas la grandeur de l’aveugle, ni son calme philosophique. Et l’engouement de la psychanalyse a persévéré dans ce malentendu. Non, vraiment, ça n’avait aucun sens, les psy ne sont ni yeux ni bouches, ils sont oreilles.
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J’adorais Blue Train.
Plus tard, j’ai reconnu les premières notes du premier morceau de l’album, elles coulaient en moi comme jamais elles ne m’étaient parvenues.
J’avais dit à Thomas, le saxophone, c’est ce qui se rapproche le plus de la voix humaine, parfois je les confonds.
Puis, il m’avait écrit cette phrase de Miles Davis : « La véritable musique est le silence et toutes les notes ne font qu’encadrer le silence », m’invitant à accepter que le silence était premier sur le son.
À la fin, j’ai dû pleurer de plaisir quand la basse a percé, puis le piano. J’entendais chacun des instruments.
Comment était-ce possible ? « Tu te souviens l’audiogramme ? » Thomas l’avait donné à un de ses amis régisseur et il avait adapté Blue Train à ma courbe auditive, réglant chacune des fréquences pour qu’elles me parviennent au mieux.
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J'ai longtemps réfléchi et je me suis dit que si le silence faisait partie du langage. Il n'était pas son contraire mais une entité intrinsèque à la langue.
Le silence était un lieu où résider dans le langage. Le silence libérait des mots et des images que le langage retenaient prisonniers. Je n'étais donc pas perdue mais en chemin.
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Mes forces se fracassaient sur tous les malentendus. Chaque mot incompris devenait une injustice de plus. J’avais beau tendre mon cou, dirigé mon regard sur les lèvres, écarquiller les paupières, polir mon lexicographe interne, garder confiance et me répéter « tu vas l’avoir cette phrase », l’échec envahissait mon existence.
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Dans la vitrine suivante, des carrés gris avec en leur centre des petits trous noirs étaient épinglés sur des plaques numérotées. Je me référais à la légende pour y lire qu’il s’agissait d’oreilles de poissons. Un bouton était disposé à côté, j’ai appuyé dessus, déclenchant une salve de vibrations qui sont remontées jusque dans mes avant-bras. Un panneau lumineux s’est affiché pour compléter les informations : l’expérience sensorielle nous présentait la façon dont le poisson appréhendait le son, par vibrations.
Puis, on s’orientait vers le carré suivant complètement translucide : l’ouïe de méduse, l’opposé du trou noir que représente l’oreille chez les poissons et chez l’homme.
À la place d’un bouton, on pouvait plonger son doigt dans un amas visqueux qui, de temps en temps, se contractait comme une vulve. Le petit encart lumineux précisait que les méduses n’avaient pas d’oreilles, qu’elles possédaient des organes sensoriels orientés vers la sensibilité visuelle ou l’équilibre. Je me sentais méduse, flottant dans la masse, sans visibilité.
L’huître occupait l’espace de transition vers l’oreille humaine. On pouvait glisser de nouveau son doigt et ça pinçait. L’encart lumineux précisait que l’huître réagissait aux audiogrammes qu’une équipe de chercheurs avait produits en se refermant brutalement, surtout lors des fréquences graves. Leur sensibilité aux vibrations du son leur permettait d’entendre le ressac, les dorades et les navires. L’encart, enfin, expliquait que ces derniers nuisaient à la santé des huîtres qui s’ouvraient et se refermaient bien trop fréquemment. Je les comprenais.
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