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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A la fois étrange et déconcertant ce roman est un magnifique témoignage sur la surdité. Un roman différent à l'image de Louise, la narratrice, qui perd progressivement l'ouïe et cherche sa place dans une société où elle se sent souvent incomprise. Louise m'a fait vivre une expérience inédite et incroyable en m'emmenant dans un univers singulier à l'imagination débordante. Une lecture marquante et passionnante.
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Les méduses n'ont pas d'oreilles
Quel roman déroutant, inventif et sensible qu'a écrit Adèle Rosenfeld pour nous raconter sa vie de malentendante. Comme son personnage principal Louise, l'auteure est malentendante depuis l'enfance. Elle explique dans une vidéo diffusée sur Brut qu'elle l'a caché à l'école puis a espéré que les autres le devineraient en se coupant les cheveux très courts pour qu'on voit son appareil. Plus récemment, elle a perdu un peu plus encore l'ouïe, pénétrant dans le monde des sourds. Dans Les méduses n'ont pas d'oreilles, on entre dans la tête de Louise alors qu'elle doit prendre une décision (un implant qui signera la fin de toute audition naturelle mais qui lui, on l'espère, facilitera et adoucira sa vie).

Déroutant
Les méduses n'ont pas d'oreilles n'est pas du tout un témoignage mais bien un récit littéraire. Les fantômes traumatiques (ce sont les mots de l'écrivaine) prennent de plus en plus de place dans la tête et la vie de Louise que ce soit ce soldat qui lui glisse parfois les bons mots, cette botaniste qui prend forme au musée d'histoire naturelle ou le chien Cirhus. Est ce pour combler les blancs laissés par un silence de plus en plus grand que l'imagination de Louise s'emballe ?

Inventif
Mais ce qui m'a frappé avant tout c'est l'écriture inventive d'Adeline Rosenfeld.

Pas de signe avant-coureurs. Pourquoi fallait-il d'ailleurs que les signes courent ?

J'ai rejoint les sous-sols et à la pause déjeuner, j'ai eu besoin de retrouver le degré zéro de l'existence.

Pour décrire la surdité qui s'installe, elle écrit « la bande-son s'est coupée ». Pour rendre compréhensible des ressentis physiques, sensoriels qu'un entendant n'a jamais vécus, l'écrivaine use de tout un panel de comparaisons et d'images pour décrire les sons produits par l'environnement et par chacun, pour décrire les voix.

Elle attire aussi notre attention sur des choses que nous ne remarquons pas, ne voyons pas en tant qu'entendant comme les mouvements formés par les lèvres et la bouche quand nous parlons et ce qu'on dit avec les yeux.

Pour garder une mémoire des sons qui disparaissent, s'effacent, Louise se constitue un herbier sonore.

Les méduses n'ont pas d'oreilles : Poignant
La grande force du roman, en dehors de son inventivité, est de suggérer combien la surdité, handicap invisible (peut être encore plus dans le cas de Louise qui parle normalement puisqu'elle a entendu ou a réussi à compenser d'une manière ou d'une autre et dont on ne peut pas soupçonner ce handicap), est épuisante au quotidienne pour « s'adapter ».

A la mairie où elle a trouvé un emploi, dans les soirées entre amis ou même en tête à tête avec sa mère, Louise est toujours obligée de déployer des efforts, des stratégies pour des sons, des sens, des mots (ce qui génère parfois des quiproquos amusants !).

Face à elle, même ceux et celles qui ont connaissance de son handicap, paraissent globalement peu empathiques. Aux yeux des entendants, le fait de ne pas comprendre, de faire répéter, de répondre à côté parfois, passe rapidement pour de la folie.

C'est cette solitude que j'ai trouvé poignante, d'autant plus que n'étant pas sourde de naissance, Louise semble être à cheval entre deux mondes.
Lien : https://www.chocoladdict.fr/..
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Le résumé de la 4ème de couverture est complet et performant, inutile ici d'en rajouter plus.
Il présente parfaitement l'enjeu du roman : Louise se retrouve devant un dilemme qui va rediriger sa vie, soit elle tombe définitivement dans le monde des sourds, soit elle reste dans le monde des entendants, (le monde "des bouches qui parlent")  sous une nouvelle formule, les entendants implantés. 
Vivant depuis l'enfance entre les deux, " passée de sourde moyenne à sourde sévère" elle tente de saisir ce que cette perte d'audition totale va transformer dans sa vie. Elle réfléchit à ces deux mondes différents, à ce qui crée cette différence, elle va tenter de saisir ces langages, ces façons de communiquer.
Elle relate avec humour les conversations qu'elle tente de saisir avec ce qui lui reste d'audition, avec désespoir ses efforts pour suivre la conversation sur les lèvres, la peur de la lumière qui décline et qui cache le langage. 
La pression, la souffrance qu'elle ressent nous sont transmises par l'écriture, par les nombreuses images, par les récits fantasmagoriques qui tendent vers une lourdeur, une opacité. L'inquiétude suinte de ce texte. L'entrée "dans ce monde de silence " semble obscur, une impression d'enfermement se terre dans ses moments de doute. D'autant que le monde des entendants et surtout le monde professionnel n'accueille pas cette perception du monde visuelle, olfactive et non plus auditive. Et pourtant l'auteure nous raconte ce drame puisque c'en est un personnel, une épreuve avec humour.  
Louise nous fait vivre cette période de doute, de décision,
" avec cette étrange sentiment de ne plus savoir déchiffrer le réel" 
 pendant laquelle elle va s'enfermer dans un monde imaginaire, qui finalement n'est que le reflet inconscient de ses peurs. 
Une immersion aussi passionnante qu'inquiétante dans une épreuve physique : la transformation de son corps et existentielle : la transformation de sa perception du monde et de soi. 
J'ai apprécié cette plongée dans l'inconnu d'un nouveau mode de vie, la peur du changement  décrit avec fantaisie, avec humanité; j'ai trouvé ce récit très émouvant.  #lesmédusesn'ont pasd'oreilles#NetGalley

Lien : https://passeuredelivres.ove..
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Adèle Rosenfeld traite habilement de la question du handicap en puisant dans la réalité (les codes, les tabous et l'incompréhension) et dans l'imaginaire. Ce premier roman est fait de fantaisie et d'une profonde humanité. Les sons prennent chair dans ce livre, lui apportant une sensualité étonnante.
Tous ces points et bien d'autres sujets ont été l'occasion de discuter avec Adèle Rosenfeld.
Lien : https://audioblog.arteradio...
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