Dès votre plus jeune âge, vous savez que vous n'êtes la propriété de personne. Parfois, vous le regrettez.
Vous évitez de penser à la mort, vous évitez de penser au désir, vous évitez de penser au lien qui s'établit entre les deux, vous mangez, vous dormez, vous parlez, vous plaisantez, vous souriez, vous étudiez avec une constance et une régularité à toute épreuve, rien ne vous gêne, rien ne vous arrête, rien ne vous étonne, rien ne vous subjugue, rien ne vous désarme, rien ne vous affaiblit, vous maîtrisez tout, vous vous retenez.
Vos relations avec le jeune homme s'épuisent. Vous n'arrivez pas à vous libérer. Vous êtes fragile, vulnérable, incapable de vivre en harmonie avec vos semblables hors du cercle familial. L'imprégnation a eu des effets irréversibles.
Vous essayez de vous contenir, de manifester le moins possible, d'être parfaitement lisse, de ne donner aucune prise. C'est la première fois de votre vie que vous aimez vraiment quelqu'un d'autre que votre mère.
Vous ne savez pas si l'impregnation est un soulagement ou une souffrance. Vous alternez entre la resistance et l'abandon, vous vous fabriquez des automatismes, vous évitez les réactions trop violentes, vous êtes imprégnée,
Vous avez le pressentiment qu'appartenir à quelqu'un d'autre vous permettrait d'échapper à votre mère.
Vous écrivez donc régulièrement au vieux monsieur à barbe blanche, à qui vous réclamez un animal domestique, une petite boule de poils que vous pourriez caresser, nourrir, cajoler, embrasser, avec qui vous pourriez jouer sans relâche et dont vous vous occuperiez. Mais comme le père Noël n’a pas l’air de vous écouter, vous décidez, sitôt la fête consommée, de partir avec ses rennes pour vous venger.
Écologistes et défenseurs des animaux ont souvent une conception étroite et naïve de la nature et ne savent pas qu'un loup en captivité, correctement soigné et surveillé par ses maîtres, a une espérance de vie bien supérieure à celle de son congénère sauvage. L'homme n'est pas l'ennemi du loup.
Moi, je voulais être boucher parce que j’avais envie de tuer. Peut-être que ça me faisait peur au départ mais en même temps l’idée me plaisait, je voulais devenir boucher pour tuer les bêtes.
La première contradiction est philosophique. On expérimente sur l’animal parce qu’il est proche de nous et en même temps on considère qu’il est suffisamment différent pour l’utiliser dans les expériences. Et la seconde est personnelle, en général les gens comme moi ont fait de la biologie parce qu’ils aimaient les animaux et le métier nous amène à les traiter sans ménagement, il faut s’y faire.