Je sortais de "
Poussière blonde", et regrettais ici même la narration trop enfantine qui jouxtait celle intéressante de
Marilyn Monroe. Certaines lectrices bien intentionnées m'avaient alors conseillé le meilleur roman de Tatiana de Rosnay, "
Elle s'appelait Sarah ". En route, donc, pour la Shoah et la rafle du Vél d'hiv...
Une fois encore, l'auteur sacrifie à la juxtaposition de deux histoires parallèles, l'une pendant l'occupation allemande en 1942, la seconde à l'époque actuelle, dont on devine très rapidement le lien avec la première.
L'histoire se calque sur
L Histoire, avec toutes les horreurs insoutenables si souvent rapportées. Pourtant, les recherches consciencieusement approfondies faites par l'auteur sur la rafle de 1942 m'ont apporté des détails insoupçonnés, et des lieux de mémoire qui m'avaient totalement échappé lorsque j'habitais Paris.
Mais pour quelle raison, une fois encore, l'auteur éprouve-t-elle le besoin d'y juxtaposer une histoire de fillettes narrée sur le mode enfantin, voire puérile ? le vocabulaire utilisé est digne de la Bibliothèque
Rose, mais indigne d'un lectorat adulte. Je me suis surpris plusieurs fois à sourire, ce qui, j'en conviens, est absolument incongru à propos de situations aussi dramatiques !
Les 50 dernières pages étant interminables, je me suis attaché au style. En voici quelques extraits
La mère d'Ornella me tapota la main...
Elle posa sa main rondelette sur mon épaule...
Elle me tapota gentiment l'épaule...
Zoé posa une main moite sur mon genou nu...
William déploya ses mains et secoua la tête...
Zoé mit la main dans mon sac...
William frottait ses mains l'une contre l'autre...
Elle se précipita vers moi et m'attrapa la main...
Zoé murmura en me pressant la main...
Zoé essuya frénétiquement mon visage avec ses mains...
Il serra les mains avec une élégance nonchalante...
Les deux hommes se tenaient toujours la main...
Édouard suivait, les mains dans les poches...
Michel, tu me prends par la main, et tu m'emportes...
J'aurais voulu lui prendre la main...
Je croisai les mains sur mon ventre, envahie de solitude...
Bertrand se tenait face à la fenêtre, les mains croisées dans le dos...
Zoé me prit la main et y déposa un long baiser...
Zoé, pour l'amour de Dieu, ne lâche pas la main de ta soeur...
Bertrand prit son courage à deux mains pour m'avouer qu'il aimait Amélie...
La forme de son crâne, sa façon de se tenir, ses mains...
Zoë était futée, elle m'avait pris la main dans le sac...
Dans ce magnifique printemps où la main de Neil était posée sur mon genou...
Je remarquai à nouveau à quel point ses mains étaient belles...
Il s'arrêta et passa la main dans ses cheveux...
Il avait dû lire sur mon visage car il posa sa main sur mon bras...
Je ne savais pas comment réagir, je posai la main sur son épaule...
Il finit par retirer ses mains, son visage apparut, beau et déchiré...
Je serrai fort sa main dans la mienne, je n'arrivais plus à le regarder dans les yeux...
Je fermai les miens et posai sa main contre ma joue....
Eh oui, la love-story prévisible comme happy-end : je l'apprehendais... Tatiana l'a fait !