Blotti dans mon pull, rêveur, absent, j’observais le soleil qui rosissait et se levait au-dessus de la mer quand, soudain, une main se posa sur mon bras, me faisant sursauter. Finn désigna du menton l’endroit où ils pêchait. Je regardai. La mer bouillonnait sur un cercle d’une dizaine de mètres de diamètre et je me demandai s’il fallait y voir l’annonce de l’apparition de notre Léviathan personnel.
Il en faut très peu pour améliorer ou empirer une vie. Un élément suffit.
La pertinence du cliché aurait dû provoquer mes rires, mais ma capacité à voir le côté amusant des choses m'avait temporairement déserté.
De ma vie, je n'étais entré dans une pièce sans aussitôt me former une opinion sur ce que les personnes présentes pensaient ou faisaient. Pour moi, c'était un réflexe aussi naturel que respirer.
J'avais envie de nous jeter tous les deux dans le ciel, de l'entraîner avec moi vers le soleil, où nous aurions volé comme des dieux sans jamais devoir retoucher terre.
En tant que pensionnaires, on veillait à assouvir nos besoins primaires, gavant nos esprits et nos corps de textes et vérités, mais nous mourions de faim de vivre, et ce d'une façon désespérée, catastrophique, terminale.
Le temps nous érode tous.
Les gens d'ici ne gaspillaient pas leur salive. Les mots étaient des outils, pas un bonbon. Vous ne les faisiez pas rouler sur votre langue, vous ne vous en délectiez pas.
Et ici, est le point où nous nous arrêtons un moment pour que je jette une poignée ou deux de cendres et d'ossements dans le vent et que j'adresse une prière à l'esprit de la mer et du ciel. Dans ma prière, je rends grâce pour tout ce qui a eu lieu, à tout ce qui a eu lieu, à tout ce qui a lieu, et tout ce qui reste à venir, p. 238
"Ça m'a appris qu'il en faut très peu pour améliorer ou empirer une vie.Un événement suffit,ou une idée.Quelqu'un d'autre.L'idée de quelqu'un"