Deuxième étape, après La
pastorale américaine, de ma relecture de cette trilogie de
Philip Roth qui m'avait tellement embarquée il a une quinzaine d'années. Et c'est toujours aussi fascinant de voir comment le grand Philip parvient à force de pas de côté, de mises en abyme et de chemins de traverse à aborder l'Histoire de plain-pied.
La page d'histoire américaine abordée ici, c'est la vague délirante du maccarthysme, sous-tendue de stupidité crasse et comme toujours d'antisémitisme bien ancré.
Issue d'un Midwest miséreux, Ira Ringold est un drôle de rouge, éructant ses viscérales convictions marxistes en toute occasion mais sans scrupules à se retrouver, certes par amour, à vivre dans les ors fins de la célébrité.
Un homme entier, mais pas d'un bloc, que la machine idéologique de l'époque n'aura aucun mal à broyer.
Reste néanmoins de l'homme un souvenir marquant et chéri par Nathan Zuckerman, le fameux double de Roth, qu'il évoque au soir de sa vie en compagnie de Murray, le frère d'Ira, jamais guéri de n'avoir su endiguer sa violence.
C'est brillant, comme toujours, et si j'ai eu un peu plus de mal à pénétrer l'univers du roman que pour La pastorale, c'est peut-être que les années cinquante, évoquées dans un quotidien d'un réalisme saisissant, sont à la fois trop et pas assez loin dans le temps pour me fournir des repères.