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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Paris, une fille, un garçon, un appartement. Assia et Franck viennent de se disputer pendant l'amour, un mot de trop ! Assia, jeune femme née en France de parents marocains, libre, intelligente, émancipé. Franck, 25 ans est un vrai parisien, élevé à la dure avec un père militaire.

La vie, la jeunesse, une rencontre, l'insouciance, le désir, l'amour naissant puis le déménagement, la vie à deux, la vie de couple, un bouleversement dans une vie. Mais, quand deux corps se décident à ne faire qu'un, chacun débarque avec sa propre histoire, ses habitudes, ses manies, son éducation ; et il faut faire de la place à l'autre et cohabiter.

Après cette dispute, Assia est dans la chambre à se poser mille questions, à écouter les bruits venant du salon. Franck dans le salon à repenser à ce qui vient de se passer tout en jouant à la console. Chaque chapitre alternatif entre le couple comme une sorte de duel auquel le lecteur assiste.

Roman a deux voix, le temps d'une nuit, Sandrine Roudeix nous plonge dans un huis clos percutant à l'aspect théâtral, jusqu'au moment où la difficulté d'aimer s'affronte et éclate. Comme dans son précèdent roman, Sandrine livre un récit très contemporain, ancré dans notre époque, vivant et féministe.

Sandrine Roudeix a un talent particulier pour parler de l'intime, pour parler de deux jeunes êtres qui ont du mal à accepter de s'aimer, car ils se croient émancipé et libre de tout, mais quand l'amour frappe à leur porte, doivent-ils perdre leur liberté, leur propre histoire et leur indépendance ?

Repli, approche, assaut : trois mots, trois chapitres, trois actes, tel est le nouveau roman de Sandrine Roudeix !
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Mon premier roman de l'année, ma première lecture en avant-première, mon premier plaisir de la découverte sans le moindre "spoil" et surtout mon premier coup de foudre. Dans "Pas la guerre", son dernier ouvrage, Sandrine Roudeix nous livre un texte sublime aux confins de la tragédie grecque et de la stratégie militaire.

Tragédie grecque, le roman en possède les trois unités : de lieu, l'histoire se déroule dans un appartement, de temps, une nuit, d'action, un échange entre deux personnes. Mais elle appartient aussi au domaine militaire en trois temps, trois chapitres : le repli, l'approche, l'assaut. le roman est ainsi parfaitement construit, l'écriture vive, sensible, piquante, le rythme parfait qui m'a entraînée tambour battant dans un tourbillon de sentiments exacerbés, d'une conversation d'une grande vivacité, d'amour fou. Oui, c'est bien d'une histoire d'amour dont il s'agit. Franck et Assia s'aiment. Il y a peu de temps Assia a traversé le périph' pour s'installer chez Franck à Paris. Tout devrait être pour le mieux dans le meilleur des mondes. Oui, mais voilà… "Elle avait senti sa sincérité, la certitude arrogante de leur complicité. Ce foutu feu entre eux. Sauf que les feux, parfois, brûlent tout sur leur passage."

Sandrine Roudeix a un don rare pour parler de l'intime. Son dernier ouvrage traitait de l'amour maternel, de la douleur pour une mère de laisser son enfant s'envoler. Cette fois, elle nous dépeint les difficultés de deux êtres à accepter de s'aimer. Ils ont chacun réussi dans leur domaine. Ils se croient libres, émancipés. Mais, lorsqu'il s'agit d'aimer, ils ont l'impression tout à coup de perdre leur indépendance, d'être envahis par l'autre ou obligés de se soumettre. Et tout remonte de leur enfance, de leur jeunesse, de leurs souffrances.

C'est la guerre, la confrontation, les mots jetés au visage de l'autre, les récriminations. Chacun déverse son trop-plein de tristesse, de regrets, son histoire familiale, ses origines, sa culture. Une véritable logorrhée se répand, une suite de mots, de phrases, toujours plus loin, toujours plus vite. Bientôt les gestes se joignent aux paroles, les voisins tambourinent. Et pendant ce temps, je continue ma lecture, la gorge serrée, le coeur cognant, mais l'envie de savoir chevillée au corps. C'est la guerre, jusqu'au bout… ou presque… C'est l'étude de ce que chacun porte en soi, de ce que le présent garde du passé, de ce que le poids de l'éducation entrave.

"Faire la guerre", un roman sublime qui parle d'émancipation et de féminisme, de transmission familiale, un roman sublime jusqu'à la couverture assortie au texte "…ils étaient nus sous la couette rayée." Sublime !

Lien : https://memo-emoi.fr
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« Pas la guerre » un huis-clos existentiel, l'intime tragique et passionné.
Réaliste, intranquille « Pas la guerre » : «Pourquoi lui a-t-elle dit ça ? » et soudain le silence.
Assia, 24 ans, une jeune femme repliée au creux des draps battus à froid. Une phrase de trop, l'imprévisible et l'urgence du dire.
Franck, 25 ans, « dans le miroir au dessus du lavabo, il se trouve l'air d'un mort. » La dispute est abyssale, glacier et morsure, cri dans la nuit noire.
Récit à deux voix, la tranchée boueuse laisse resurgir les mécanismes implacables et intransigeants.
Assia, professeur côté ville, née en France, d'origine marocaine.
Franck, le second fils d'un père militaire, rude et pragmatique. le moins aimé, le toujours moins en tout. Comment ces deux êtres peuvent -ils se bercer dans le cocon qui se fissure ?
« Pourquoi lui a-t-dit ça ? ».
L'écriture est feu, superbe, accueillante, féministe et politique. L'amour, ici est enrobé des diktats qui peuvent vaciller et vite. Deux êtres amoureux, fresque sexuelle, poignante, enivrée de désirs, sensuelle, lave de volcan, transfuge sur les identités. Elle acclame sa liberté de vivre, un petit coin pour poser juste sa brosse à dent dans l'espace spartiate. Creuser sa place et se sentir lovée dans les sentiments qui coulent comme l'eau sur les rochers en plein hiver des connaissances ultimes.
« Il lui faut gagner du temps, grains de sable précieux entre ses doigts brisés. Ou en perdre, elle ne sait plus très bien.
-Je refuse de devenir ce que tu m'accuses d'être. »
Déflagration ! Les mots sur les maux, le silence en option, prêt à prendre le relais.
Franck, bête traquée, égaré dans les vagues qui frappent, écoute immanquablement Assia. Revendiquer la vie, la sérénité, le droit d'être elle-même, française, l'amour libéré des carcans qui l'oppressent. Les non-dits emmurés à jamais. L'authenticité des fiançailles révélées, marcher la tête haute. Ne plus être transparente, l'invisible. Seul le diapason et la résistance aux dualités seront des caresses loyales.
« On n'incendie pas la cabane à chaque désaccord. On n'est pas des pyromanes. »
La trame n'est plus. Sandrine Roudeix délivre un roman lucide et contemporain, vivant, un hymne aux alphabets qui octroie la raison. Aux hommes et aux femmes égarés dans les méandres des contradictions. L'acceptation n'est pas la soumission. L'attention à l'autre est la dentelle de la tolérance et n'est jamais une future désillusion. Cette fresque nocturne, binôme sensible est une polyphonie bouleversante.
La maturité du style, « bouffés de trouilles et bardés de boucliers, mais amoureux » est un macrocosme qui laisse sans voix. Il y a tant à retenir dans ce récit claquant, éclairant et perfectionniste.
« Pas la guerre » et tout change dans le décor qui cède pour un lendemain initiatique.
Ce roman construit d'une main de maître est stupéfiant. L'émancipation est une aurore boréale. Un grand livre ! Publié par les majeures éditions le Passage.
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