À la voix du chef, les Nains-Rouges auraient combattu jusqu'au dernier. Mais à la mort de celui-ci, la panique les saisit ! Ils connurent qu'une énergie néfaste était sur eux. Pêle-mêle, ils fuirent, sans un regard en arrière, vers les terres natales et leur salut.
Trente hommes et six femmes gisaient sur la terre. Le sang coulait à grandes ondes, mais la plupart n'étaient pas morts ; certains succomberaient avant la nuit ; beaucoup étaient guérissables.
Mais les Nains-Rouges devaient subir la loi des hommes. Naoh lui-même, qui avait souvent enfreint cette loi, la reconnut nécessaire avec ces ennemis impitoyables. Il laissa ses compagnons et les Hommes-sans-Epaules percer les cœurs, fendre ou détacher les têtes. Le massacre fut prompt : Nam et Gaw se hâtaient, les autres agissaient selon des méthodes millénaires, presque sans férocité.
Les Hommes-sans-Epaules pansaient leurs blessés , d'une manière que Naoh décelait plus minutieuse et plus sûre que celle des Oulhamr. Naoh les devinait sages, mais leur vie lui paraissait chétive, leurs gestes lents et sans vigueur . . .
Peut-être les femmes se montraient-elles moins lentes. Elles semblaient aussi plus adroites et déployaient plus de ressources.
Les soins prodigués furent le signe définitif de l'alliance. Naoh songea que les Hommes-sans-Epaules étaient bien moins rudes que ses frères, que les Dévoreurs-d'Hommes et que les Nains-Rouges. Et son instinct ne le trompait pas . . . pas plus qu'il ne le trompait sur leur faiblesse.