A la fin de sa vie,
Jean-Jacques Rousseau entreprend de poser sur papier les rêveries et plus largement réflexions qui lui viennent lors de ses promenades solitaires. La parution
du Contrat social et d'Emile ou de l'Education lui avaient valu de violentes critiques le poussant à fuir la France. Après des années d'errance, il regagne Paris (il est suisse rappelons-le, mais son parcours de vie le ramène à notre capitale). Là, comme partout désormais, il se sent méprisé et moqué de tous. Il réalise que la compagnie des hommes lui fait plus de mal que de bien.
La solitude forcée lui est en fin de compte bénéfique. Il peut se recentrer sur lui-même, tâcher de savoir qui il est. Il sera jamais la seule personne à se connaître parfaitement. Les rumeurs qui viennent jusqu'à ses oreilles le heurtent car c'est un homme sensible, mais ne l'affectent plus avec tant de force qu'auparavant. Car les autres jugent un homme qu'ils ne connaissent pas, qui n'est pas lui.
J.
J Rousseau ne tait pas les difficultés qu'il a dû surmonter avant d'en arriver à cette conclusion. Par bonheur, les merveilles de la nature lui offrent un réconfort inestimable et il savoure les longues retraites passées seul à s'adonner à sa passion pour la botanique, à contempler la richesse de la faune et de la flore.
Le recueil est composé de Dix promenades. Les sept premières ont été achevées par l'auteur, les trois autres ont été finalisées par des amis éditeurs. Il s'agit d'un récit introspectif, faisant la part belle au « je », dans lequel Rousseau évoque longuement la solitude dans laquelle il a été contraint à cause des hommes. Il en profite pour développer plusieurs réflexions philosophiques, telles la valeur du mensonge, la vacuité de l'ambition et du paraître, qui conduisent l'être humain à se contenter d'exister au lieu de véritablement vivre.
C'est à la fois plein de mélancolie et de sérénité, de tristesse et de douceur. Rousseau apparaît un homme bon dans, qui s'enrichit des sourires des autres plutôt que de leurs pièces, qui se nourrit de leurs joies et fuit la méchanceté. Les rêveries délicieuses auxquelles il s'adonne le rendent fragile et aimable et je ne vois pas comment on peut terminer ce recueil sans être submergé d'amitié pour ce vieil homme qui regarde sa vie avec regrets mais sans haine. La sagesse prend le dessus.
Un ouvrage tendre, émouvant, pertinent que j'aurais plaisir à rouvrir pour y retrouver les nombreuses annotations qui font particulièrement écho en moi…
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