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Citations sur Une immense sensation de calme (78)

Je n’avais aucun endroit où aller. Je me souviens m’être demandé s’il était possible qu’une route ne finisse jamais. Alors j’ai décidé de commencer ainsi. Voir jusqu’où la route irait. Cela me semblait un bon début.
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Je comprends qu'il faudra oublier l'inquiétude et les explications.
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Le rituel (**dialogue annuel avec les morts) se déroule comme elle me l'a appris.(...)
Je raconte tout à Baba.Le travail dans la campagne, comment nous gagnons avec Igor de quoi manger, acheter les outils et les ustensiles de cuisine. Je lui parle des gens que j'ai rencontrés. La vieille Grisha, les frères Illiakov, Olga, Tochko et tous ceux croisés au fil de nos errances depuis que nous avons quitté la montagne.Je me souviens à quel point elle aimait les détails, aussi je me concentre pour ne rien oublier. Par-dessus tout je lui parle d'Igor.Je suis sûre qu'elle approuve.À la fin je demande aux esprits de prendre soin d'elle et de veiller à ce qu'elle ne manque de rien.
Je jette la première poignée de sel.Les grains grésillent un instant puis s'eteignent.Les esprits acquiescent.

( Les éditions du Sonneur, 2018, p.57)
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Je lampe l'air à grandes goulées, et ma langue reconnaît dans ce baiser un goût de terre et de ciel. Vert et bleu. La couleur des baisers d'Igor.
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Et l'on voyait dans sa démarche légèrement accablée le commerce de plus en plus intime qu'il avait noué avec la mort. Ce n'était pas de la résignation mais un signe de familiarité. Une sorte de lente préparation. Comme on dit d'un fruit qu'il est mûr lorsqu'il tombe, la vie de Pavel était la maturation de sa propre disparition. (p48)
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Le regard d'Igor abolit mon être. Il m'absorbe et arase toute autre réaction qu'un immense afflux de sang. Partout dans mon corps mille particules soulèvent mes membres, et c'est à la fois de la peur et de la glace, du miel et de la lavande.
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J'ai alors jeté une première moitié de terre: du limon de la rivière Zolotoï, près de la cabane où elle était née. Une deuxième poignée : de la glaise, ramassée à l'orée de la forêt, là où Baba avait accouché. La dernière, j'étais allée la chercher au petit matin, dans notre jardin. J'avais pleuré en creusant ce sol dont Baba disait n'en avoir jamais connu de plus fertile. Un ventre de géant. Les hommes du Comité ont ensuite recouvert le lit en y lançant de grosses pelletées. Je ne pouvais pas leur en vouloir mais j'aurais préféré que l'on ensevelisse son corps poignée après poignée, délicatement, pour, une dernière fois, prendre soin d'elle.

( Les Éditions du Sonneur, 2018, p.34)
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La vieille Grisha ressemble à toutes les babas qui n'ont pas quitté la forêt. Il y a longtemps, la guerre a ravagé le pays et elles sont restées veuves. Igor va de cabane en cabane; les aide à couper du bois, en échange de quoi elles lui donnent un billet.C'est mécanique, leur cœur à séché depuis trop longtemps et elles ont oublié ce que cela signifie d'être aidée par un homme.Parfois, quand le souvenir remonte dans la gorge des plus fragiles, elles essaient de pleurer.En vain.Avec les années, tout est devenu trop sec.

( Édition du Sonneur, 2018, p.14 )
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J'ai caressé ses traits figés sur sa peau froide. Il me semblait que je devais le faire. Une caresse pour une vie. Mes doigts parcouraient son visage et je pouvais sentir tout ce qu'elle avait été. Avec ma main, je lui disais Je prends. Elle me donnait sa droiture et sa fatigue, je lui disais Je prends. Son passé et ses blessures, je lui disais Je prends. Elle me donnait sa beauté et les rares joies arrachées à la vie. Je prenais. Son courage et sa vertu. C'était tout ce qui me restait. Longtemps ce serait mes seuls bagages.
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Un instant, les joues crépusculaires de la vieille sont parcourues d’un frisson soyeux. Mais la déchirure du temps, la douleur de l’absence ont tôt fait de violacer les reflets d’aurore et, dans le silence bruissant du passé, la vieille respire longuement, replace chaque ride, chaque pli sur son visage, et la peau froncée, gardienne du souvenir, fait refluer la mémoire de son corps loin à l’intérieur des chairs, scellée pour le futur. Le masque raide de la vieillesse reprend possession du visage, la vieille, elle, son récit.
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