Citations sur Sept histoires qui reviennent de loin (42)
Ne pas oublier, c'est bien beau, mais les commémorations, les musées, le souvenir, cela ne me satisfaisait pas. Pas du tout. Car, à mes yeux, rien n'est achevé. Les tragédies d'hier ne nous ont pas rendus quittes de celles d'aujourd'hui. La mémoire ne vaut que si elle éclaire le présent et l'avenir.
Cette part d'ombre n'a cessé de croître et de nous disputer notre lumière. Le monde servile a toujours eu deux visages : celui, maternel, familier et doux de nos nourrices, cuisinières, gouvernantes, et celui, violent et dangereux, des esclaves marrons, des révoltes sanglantes et des condamnations internationales. Finalement, nous avons remplacé l'esclavage par le travail libre, mais toujours misérable. Nous avons fait venir des Chinois, des Malais et des Indiens, qui devaient finalement supplanter tous les autres. Et la vie a repris de plus belle.
(Le refuge de Del Pietro)
Ma tentative pour écourter son récit ayant échoué, nous étions contraints d’attendre la suite. Après le couloir d’éboulis, toujours en plein soleil, ils avaient atteint une longue vallée avec un torrent. Mme Sand marchait devant en titubant et elle était tombée trois fois. Elle boitait et ses genoux étaient en sang. Derrière, le fils n’était pas en meilleur état et c’est sa femme qui le soutenait. La pauvre asthmatique à bout de force fermait le cortège, talonnée par son père qui braillait des chansons de marche.
(Les naufragés)
De caps en baies, nous avons mis la journée à tout voir. Et le soir, sans être jamais retournés en arrière, nous nous sommes retrouvés chez nous. Les données du problème nous étaient désormais connues : nous vivions dans un lieu clos, cerné par les eaux. A partir de ce jour, nous n’avons plus cessé de regarder la mer et notre île avec des alternances violentes d’amour et de haine.
La médecine en France est une société de castes. Ses brahmanes, depuis Napoléon, sont des internes des hôpitaux, choisis pour leur mérite.
Les naufragés: "La tendresse entre nous prend une tonalité presque douloureuse mais plus belle encore que pendant notre jeunesse.Ce que nous partageons n'est plus seulement la sante, la beauté et la force mais aussi les inconvénients de l'âge , l'angoisse du temps qui vient et les souvenirs, bons ou mauvais, qui ont fait notre vie."
Nous ne sommes plus des jouvenceaux. Je peux même dire que nous vieillissons. La tendresse entre nous prend une tonalité presque douloureuse mais plus belle encore que pendant notre jeunesse. Ce que nous partageons n'est plus seulement la santé, la beauté et la force mais aussi les inconvénients de l'âge, l'angoisse du temps qui vient et les souvenirs, bons ou mauvais, qui ont fait notre vie.
A l'heure où j'arrive au bord de l'eau, le soleil affleure à peine l'horizon. Les palmiers et toute la végétation alentour se dressent lentement vers le ciel tandis que les nuages, quand il y en a, fatigués d'avoir couru toute la nuit après la lune, s'allongent sur l'horizon et rôtissent au petit feu du soleil.
Cette ville, décidément, nous ressemble : le plan des rues, à angles droits, lui donne une apparence de raison, mais elle contient les édifices les plus hétéroclites, témoins des erreurs et des espoirs du passé.
L'excitation des autres nous paraît toujours plus futile que la nôtre et il est plus facile de lui opposer un front serein.