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EAN : 9782070309184
512 pages
Gallimard (02/06/2005)
3.71/5   1467 notes
Résumé :
L'univers de Jean-Christophe Rufin pourrait être celui d'un Nouveau Monde. Une démocratie compartimentée, régie par un calendrier où chaque jour a sa valeur, habillée de bulles de verre, assurant une température agréable et idéale toute l'année ; des indicateurs au service d'une protection sociale où dominent psychologues et officiers ; la volonté de faire perdurer les existences ; une prosp&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (106) Voir plus Ajouter une critique
3,71

sur 1467 notes
Un roman dystopique qui se passe dans un futur pas si éloigné que ça et qui explore les thèmes de la liberté, du totalitarisme, de la mondialisation, de la manipulation des masses, des inégalités sociales et de l'illusion du bonheur absolu. Globalia est un monde où la sécurité et la prospérité se construisent au prix d'un système ultra contrôlé et surveillé, fondé sur la peur, où tout est réglementé, y compris les naissances, les relations, et les déplacements ; où le pouvoir est au mains de l'économie et non plus du politique et où une partie de l'humanité reléguée dans les "non zones" est simplement abandonnée à elle-même dans l'insécurité permanente des guerres et des famines. La grande force du récit, c'est que tout se fait en douceur, pas de violence gratuite ni d'effusions de sang chez Rufin, la vraie liberté s'achète par la culture et les livres (introuvables ou presque dans ce monde ultra connecté). Au centre de ce récit, l'action d'un homme et d'une femme cherchant simplement à s'en sortir pour se retrouver, est grandement suffisante pour nous faire entrer dans l'enfer de Globalia maquillé en paradis par ses dirigeants. Magnifique !
Lien : https://www.babelio.com/list..
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A lire ! A lire ! A lire ! J'ai à la fois adoré et détesté ce livre. Adoré parce que ce livre est d'une part très bien écrit, et d'autre part, parce qu'il fait prendre conscience de ce que pourrait devenir le monde. Je l'ai détesté pour les mêmes raisons ! En le lisant je me suis dit à plus d'une reprise : « mais c'est ce qui est en train de se passer », à savoir une uniformisation de la pensée, un nivellement par le bas, un culture qui va s'appauvrissant inexorablement. Dans Globalia le pouvoir n'est plus aux mains des politiques mais aux mains des grands patrons et si l'on regarde bien autour de nous…
C'est un livre essentiel car il fait réfléchir et prendre conscience que l'on peut encore se battre pour ne pas, à notre tour, être enfermés dans Globalia
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Voilà pourquoi je ne suis pas Charlie, pourquoi je ne l'ai pas été, pour quoi je me garderai le plus possible de l'être jamais ! Et dans ce beau cortège panurgien dont la plupart n'avaient jamais lu ni un Hara-Kiri, ni un Charlie Hebdo, je n'aurais pas voulu être présent avec un T-shirt affirmant de face JE NE SUIS PAS CHARLIE et arborant de dos, pour rester dans l'esprit du journal, un magnifique pénis tendu à la verticale en guise de doigt d'honneur et en-dessous INTERDIT D' INTERDIRE. Je me serais fait huer, injurier, molester, jeter à la Seine ou dans le meilleur des cas dans un fourgon cellulaire. Au nom de quoi ? Au nom de cette belle liberté ! Dans une totale unanimité démocratique : "SALAUD LE PEUPLE AURA TA PEAU" ! Tout cela parce que j'aurais voulu défendre, adversaire que je suis des dérives du système, à la manière de Charlie Hebdo, la liberté d'expression.

Dans Globalia démocratie mondiale à pleine maturité n'existent ni Hara-Kiri, ni Charlie Hebdo, ni aucun autre journal à tendance satirique, ni presse contestataire, ni ni ! L'Histoire n'existe plus, elle a été abolie, les livres aussi, tout cela n'a plus cours ; des écrans diffusent en permanence et massivement des recommandations, du sport et ... les dernières infos sur les attentats terroristes venus de l'extérieur. Mais ... que l'on vit confortablement surprotégé dans de grands dômes en plastiques sous un contrôle permanent y compris de la température et du climat, et puis longtemps, longtemps, long... avec une fête annuelle différente chaque jour. LOL Participation socialement obligée, sous peine de stage psychologique de réinsertion : la démocratie globalienne c'est la dictature du plus grand nombre ! Du moins le plus grand nombre le croit : c'est donc forcément vrai !

"Vivre vieux, mourir jeune !" moyennant des transplantations d'organes régulières l'allongement de la vie accroît les besoins et la demande sécuritaire mais n'est qu'une phase temporaire. Oui l'objectif ultime, mortalité zéro et son corollaire impitoyable natalité zéro, est en vue, le tout au profit d'un groupe très restreint de super riches qui ont concentré tout le contrôle de l'économie dans leurs mains. Globalia c'est demain, sauf si c'est déjà aujourd'hui ! A lire absolument, à lire car prophétique, à lire même s'il est déjà trop tard (*).

En plus c'est bien écrit et je me demande si Jean-Christophe Rufin ne deviendrait soudain un ours mal léché. En tout cas j'ai adoré la plupart de ses coups de griffes bien distribués. Un livre qui demande de prolonger la réflexion et de méditer sur ce sujet grave. Et pourquoi ne pas relire et méditer aussi la fable de la Fontaine : le loup et le chien ? Comme quoi se référer à l' Histoire ...


(*) "Réalité augmentée, big data, nano-technologies, clonage, transgenisme, exo-squelettes, robots androïdes, transhumanisme, émergence de post-humains, transcendance de l'intelligence artificielle, université de la singularité... autant de nouveautés qui vont révolutionner le futur, autant de bonnes raisons, me semble-t-il, pour lire ou relire ce roman sous un autre éclairage." Citation extraite de la critique par Krout de L'enfant des lumières de Françoise Chandernagor.
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Avec Globalia, Jean-Christophe Rufin s'inscrit comme héritier des Orwell, Huxley et compagnie. Globalia consiste en une démocratie universelle à l'échelle mondiale. Elle se targue d'assurer la liberté et la sécurité à tous ses citoyens (sujets?). Ceux-ci vivent dans des zones sécurisées par des dômes de verre qui assurent un climat continu autant que la sûreté.
Globalia représente également la garantie de la démocratie et du bonheur absolus. Ce monde sous verre coule les Globaliens dans une béatitude artificielle. Consommer est l'activité principale. Les écrans omniprésents vantent à tout instant les mérites des produits à acquérir d'urgence. L'espérance de vie a été repoussée à des limites à peine imaginables grâce à la chirurgie esthétique et le remplacement des organes et éléments défectueux par des pièces renouvelables. Ça m'a fait penser au film Immortel, ad vitam d'Enki Bilal en 2004.
Avec ce processus de régénérescence s'est opéré un renversement des préférences. La jeunesse est dénigrée, voire haïe, au profit de la maturité. L'âge moyen pour son premier enfant est d'environ soixante ans. Certains jeunes subissent des opérations pour se vieillir et échapper à l'opprobre anti-jeune.

A côté de ces cités idéales fusionnées en un seul et même État existent des territoires sauvages, à l'air libre, indéfinis. Tant et si bien qu'ils sont appelés "non-zone". Il existe bien évidemment une propagande globalienne à propos de ces espaces. Et qui se met un peu trop en contradiction avec les valeurs de la cité se retrouve exilé dans ces non-zones.

L'histoire de Baïkal le rebelle, Kate sa fiancée et Puig un journaliste remercié avant que d'être permettent au lectorat de lever le voile des réalités de cette planète Terre à la fois si proche et si éloignée de nous. Manigances politiques et militaires parcourent le roman, chassant un terrorisme omniprésent créé par eux-mêmes. Et oui, la peur fédère plus que tout autre chose et c'est le constat cynique sur lequel se base une sorte d'éminence grise plénipotentiaire.

Globalia est une uchronie où se mêle aventures et réflexion. le roman se lit sans ennui et offre du grain à moudre pour penser l'avenir. Tant d'un point de vue politique (cette démocratie absolue produit plus d'effroi que d'envie) que de l'humanité. En le lisant, j'ai songé aux divers articles lus à propos du transhumanisme et de l'humanité améliorée. Ici, on est en plein dedans avec la mort sans cesse repoussée grâce à la technologie médicale. le Globalien, en vieillissant, devient un assemblage de pièces détachées, rivé à ses écrans, à ses achats et aux fêtes qui ponctuent quasi quotidiennement le calendrier de Globalia.

Jean-Christophe Rufin a créé un monde plausible et bien orchestré. Il reste des zones d'ombre sur lesquelles il a vite passé (les voyages d'une zone sécurisées à l'autre notamment et d'autres plus importantes). En même temps, il se devait de coller à son intrigue sans se perdre dans les explications didactiques. On suit avec intérêt ses personnages principaux, bien qu'ils souffrent parfois d'aspect caricatural. J'ai beaucoup apprécié l'association Walden et le personnage de Monsieur Wise (un nom qui lui va comme un gant).
Un petit bémol pour l'écriture, comme pour Katiba. Je n'ai pas trouvé son style extraordinaire. Efficace et agréable à lire mais sans plus. le fond rattrape sans problème la forme et Globalia restera, je crois, longuement fixé dans ma mémoire.
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Je l'ai lu juste après "Chronique des ombres" de Pierre Bordage que j'ai adoré. Même thème, même construction, même monde avec d'un côté les protégés, de l'autre les abandonnés, sauvages et pourtant deux livres très différents, l'un privilégie l'aventure, le suspense, l'épopée, on est dans l'émotionel, l'épique. Celui-ci est plus cynique, et cache derrière cette structure futuriste un monde qui nous est assez familier, il mêle habilement la notion d'utopie à celle de dystopie. Ce Globalia ressemble aux projections d'avenir radieux que notre propre société semble nous promettre, l'allongement de la vie, les loisirs à volonté, une société ludique, fraternelle. L'aspect futuriste n'a rien de très anticipé, et parfois même il existe déjà (l'obsolescence programmée - https://www.babelio.com/auteur/Jean-Christophe-Rufin/2592/citations/1485339 - la chirurgie esthétique, une société pour les seniors…). Jean-Christophe Rufin emprunte aux classiques de la dystopie, “1984”, “Fahrenheit 451”, “Le meilleurs des mondes”… sans pour autant se contenter d'une enième variation sur le sujet. Il se concentre sur certains points bien précis. Je me souviens de cette guerre dans 1984, elle reste en arrière plan, sa raison et son objectif ne sont jamais vraiment précisés, elle semble n'être qu'un prétexte pour maintenir une peur, une cohésion… C'est un sujet que Jean-Christophe Rufin approfondit ici. D'ailleurs, le thème principal c'est “pourquoi les démocraties ont besoin d'un ennemi ?”. D'autre sujets sont évoqués, c'est une critique de la société de consommation, du capitalisme... Jean-Christophe Rufin nous écorche nous et notre universalisme bienveillant, notre économie factice, nos plaisirs sans consistance, notre gestion des conflits extérieurs, notre vision du terrorisme, du sport, et même la démocratie en prend pour son grade, il égratigne tout ce qui est lisse. Il nous livre plusieurs thématiques à découvrir entre les lignes, l'histoire, l'information, la mémoire, la culture, les livres, l'identité, la démocratie... Personnellement, j'aime quand derrière la science-fiction surgit une critique de notre société, c'est même un aspect que j'aime y trouver. Mais il ne néglige pas pour autant le côté épique de l'aventure, le résultat est même cohérent, solide, rythmé, la lecture est très agréable, les personnages intéressants C'est un livre complet, consistant et assez marquant.
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Citations et extraits (171) Voir plus Ajouter une citation
Chaque fois que les livres sont rares, ils résistent bien. À l'extrême, si vous les interdisez ils deviennent infiniment précieux. Interdire les livres, c'est les rendre désirables. Toutes les dictatures ont connu cette expérience. En Globalia, on a fait le contraire: on a multiplié les livres à l'infini. On les a noyés dans leur graisse jusqu'à leur ôter toute valeur, jusqu'à ce qu'ils deviennent insignifiants.
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Le retour d'un être n'est pas seulement l'incarnation du souvenir qu'on avait de lui. C'est sa vie tout entière qui revient, son parfum, sa mimique, le son particulier de sa voix. Celui qui apparaît rapporte d'un coup tout ce qu'il est, ce dont nous nous rappelions et ce que nous avions oublié. À la révérence de la mémoire, il substitue l'insolence de l'inachevé.
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Le mot Fraiseur était un de ces fossiles polis par le temps. Sa carcasse fragile, d'où le premier être avait depuis long temps disparu, s'était durcie au point de devenir le totem indestructible d'une tribu, qui en ignorait le sens.
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[...] C'est cela une société démocratique : tu es libre de tout mais tu es coupable de tout. Et, pour finir, tu es victime de tout.
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C'est ça l'incroyable avec toi : tu vois tout et tu ne sais rien.
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Videos de Jean-Christophe Rufin (107) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Christophe Rufin
Rencontre avec Jean-Christophe Rufin à l'occasion de la parution de son roman D'or et de jungle aux éditions Calmann Lévy


Jean-Christophe Rufin est médecin. Il fut l'un des pionniers du mouvement humanitaire et, à ce titre, a parcouru de nombreux pays en crise. Il a exercé des fonctions diplomatiques (attaché de coopération au Brésil, ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie). Romancier, il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages qui ont tous conquis un large public en France et à l'étranger: Rouge Brésil (prix Goncourt 2001), Immortelle randonnée, le Tour du monde du roi Zibeline, ainsi que la série des aventures d'Aurel le consul… Il est membre de l'Académie française depuis 2008.
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