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sur 454 notes
La mère de Juan Preciado vient de mourir. Sur son lit de mort, elle a fait promettre à son fils de se rendre à Comala pour rencontrer son père. Elle lui a fait promettre puis s'est éteinte. Au début, Juan Preciado ne pensait pas se rendre à Comala. Il ne sait dire ce qui l'a fait changer d'avis.

Quoi qu'il en soit, le voilà qui arpente les ruelles du hameau de Comala. Il a choisi de rester même s'il a très tôt appris que Pedro Páramo – son père – est décédé. Pourtant ici, il n'y a en apparence nulle âme qui vive. le silence pèse sur chaque pierre du petit village. Et pas un souffle de vent pour épargner le voyageur de la chaleur qui règne ici. Pourtant, au détour d'une ruelle, il n'est pas rare d'entendre des voix et après quelques instants à errer au milieu des habitations, des habitants apparaissent dans l'encadrement d'une porte. Les conversations s'engagent, le gîte est offert. Juan Preciado est épuisé de son voyage. Il s'enfonce rapidement dans un sommeil agité où il côtoie les indigènes, les vivants et les morts. Et à son réveil, le doute l'assaille. En ce lieu, les défunts semblent habiter les lieux.



Troublant roman de Ruan Rulfo, auteur mexicain. On erre entre rêve et réalité, un rêve éveillé où l'on ne parvient pas à faire la part des choses. On se perd entre passé et présent, on se demande si l'on n'a pas atteint le royaume des morts, on se questionne au sujet de notre guide – le narrateur -, est-il vivant ?

On avance pourtant dans la lecture de ce récit chorale où les narrateurs se succèdent, quelle que soit leur génération, ils racontent la vie de Pedro Páramo, celle de ses ancêtres et celle de ses descendants. Celle des habitants du hameau est intiment mêlée à la vie de cette famille.

Ici, la vie n'est que misère. Commérages et superstitions alimentent les conversations. Rien que du factuels dans cet univers rural étriqué où les voix des morts se mêlent à celles des vivants. Les anecdotes du passé sont le quotidien de ceux qui vivent encore, comme si l'histoire des uns et des autres ne pouvait pas être oubliée. Comme si les défunts bousculaient les vivants pour que ces derniers ne les oublient pas.
Un roman atypique et complexe. J'ai eu du mal à rester concentrée durant la lecture. Rien n'est à sa place ici, présent en passé sont si enchevêtrés qu'il en est parfois difficile de savoir où se situer. Alors on lâche prise… et c'est peut-être ainsi que l'on profite le mieux de ce texte. Les bouts de récits patchwork s'organisent et l'ensemble prend tout son sens.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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Pedro Paramo est un livre à lire et surtout à relire, tout de suite, car il est court, on s'y perd dans les reçûtes de toutes ces personnages. Quels sont leurs liens ? Morts ou vivants, ils racontent. C'est une recherche du père, et à l'instar du film Memento de Nolan, l'histoire de Pedro Paramo et de sa famille se construit progressivement, à rebours ou par des flashbacks, c'est pourquoi on veut vite relire et remettre dans l'ordre ce que l'on a découvert par touches.
L'atmosphère du livre est aurait très forte, le Mexique, les esprits qui rôdent, la mort toujours présente, je ne connais pas cette culture mais je parie que c'est un livre profondément ancré dans la tradition mexicaine. On voyage avec les âmes d'une terre aride, les hommes aussi sont arides, et passionnés aussi.
Bref, très belle expérience de lecture, roman court et dense. J'ai adoré.
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J'ai été un peu surpris par la forme de ce curieux roman, ce qui m'a probablement fait passer à côté des qualités que lui prêtent semble-t-il de grands noms de la littérature sud-américaine. Il n'y a pas de chapitres, mais une successions de scènes dans un apparent désordre chronologique, aux personnages multiples, parfois nommés, parfois non. Je me suis perdu à essayer de suivre ou de trouver un fil conducteur en début de lecture, et ce n'est que lorsque j'ai renoncé que j'ai commencé à apprécier l'écriture proprement dite, au travers de chacune de ces scènes, toujours courtes (de quelques lignes à moins d'une dizaine de pages) et dont ressort une étrange poésie teintée de fantastique. À relire un jour ou l'autre.
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"Le village de Comala semble hors du temps, hanté par les fantômes. le paysage est animé par le monde intérieur des personnages, et l'espace est entrevu de façon poétique comme une vision onirique." comme le cite Jean-Paul Duviols dans son dictionnaire culturel d'Amérique Latine.

Je retrouve cette réalité magique que j'aime beaucoup grâce à un de mes auteurs latino-américains préférés Gabriel García Márquez, dont le style fut fondé par Juan Rulfo. Cette réalité magique me donne des frissons dans tout mon corps, même des larmes veulent se laisser s'écouler.

J'ai commencé à le lire , il y a environ 4-5 ans, mais j'ai abandonné sa lecture par faute de mon mauvais espagnol. Mais je me suis faite la promesse de le lire dès que mon espagnol aura progressé. Promesse tenue.

Je l'ai découvert grâce à mon frère de coeur mexicain qui me l'a conseillé pour pouvoir connaitre et mieux comprendre la culture et la croyance mexicaine. Je ne le regrette absolument pas ce classique de la littérature mexicaine.

Il est adapté au cinéma. Voici le lien du film sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=-9j45h78JeI



Ce livre est très prenant dès les premières pages.
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Présenté comme un livre de la mouvance du réalisme magique, l'histoire de Pedro Paramo est prenante, captivante, étonnante et réussit à tenir en haleine d'un bout à l'autre, malgré la juxtaposition de tant d'histoires qui semblent aléatoires au début, mais qui finissent par composer une fresque cohérente. Tous ceux qui s'expriment sont des spectres. J'ai beaucoup aimé cette lecture. Certaines fins de « chapitres » sont tellement poignantes qu'on les dirait écrite par les morts eux-mêmes s'ils pouvaient parler. Et ils parlent dans cette histoire! L'écriture de Rulfo est simple, mais scintillante et toujours juste. L'histoire est courte, il n'aurait pas fallu qu'elle traîne en longueur. Pour moi, cette histoire n'est pas du réalisme magique comme tel. le réalisme magique est fait de l'irruption de l'altérité étrange, d'un fait, un être ou une situation impossible dans un univers autrement tout à fait normal. Mais les spectres et les fantômes sont pour moi trop rattachés à l'univers de la religion catholique pour me sembler magiques ou déplacés ou étranges. Ceci dit, cela n'enlève rien à la force de ce récit. Mais s'il fallait qualifier de réalisme magique toute histoire dans laquelle paraît un spectre, Shakespeare aurait fait partie de la mouvance.
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Un récit déconcertant d'une part par son manque de cohérence chronologique et d'autre part par son changement très régulier de suivi des nombreux personnages, parfois à la première personne du singulier et parfois à la troisième, d'autant plus que lors d'un changement de ''chapitre'' (il n'y a pas vraiment de chapitres mais plutôt cinq ou six lignes de sautées entre des changements de personnages) je mettais parfois un peu de temps à savoir quel personnage j'étais en train de suivre. le coté fantastique (on est dans le réalisme magique) était également assez déroutant, je ne savais pas toujours si on avait affaire à des morts ou à des vivants. Ce coté troublant mis à part, je me suis facilement immergé dans cette région perdue du Mexique à l'atmosphère langoureuse, mystique, anxiogène et violente. le personnage central, Pedro Páramo est certes détestable mais intéressant à suivre à travers les points de vus des différents personnages. Quant à ces personnages plus ou moins secondaires, leurs variétés de rang sociaux, d'origines et de caractères en font des portraits vivants de cette région pauvre et aride. J'aurais donc aimé en savoir plus sur cette histoire et ses personnages, j'ai donc fini ma lecture sur le sentiment de ne pas avoir assez exploré ce monde et donc de rester sur ma faim. Ca reste cependant une assez bonne découverte.
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« Il y a des villages qui ont un goût de malheur. On les reconnaît dès que l'on avale un peu de leur air usé et stagnant, aussi appauvri et sec que la vieillesse ».

Le village de Comala est de ceux-là. Tenant la promesse faite à sa mère au moment de son décès, Juan Preciado s'y rend. Il vient y faire la connaissance de son père, Pedro Paramo, qu'il n'a jamais rencontré, et exiger de lui son « dû », selon les propres termes de la défunte.
Seulement, une fois arrivé à destination, les choses se corsent… Les rares âmes qui peuplent encore le village, ne sont justement que des âmes ! Accueilli par des fantômes, Juan va peu à peu apprendre de leurs murmures l'histoire de Comala, et notamment la place qu'y a occupé le fameux Pedro Paramo, grand propriétaire terrien qui imposa le règne de sa volonté par la terreur et la corruption.

C'est dans une atmosphère dépaysante et quelque peu angoissante que nous plonge Juan Rulfo, avec ce récit qui oscille entre conte fantastique et chronique rurale. Et ce n'est pas tant l'évocation de revenants qui suscite cette angoisse, que celle de la part obscure, malfaisante, tapie dans le coeur des habitants du village.
Viols, meurtres commis par les uns, avec la tacite complicité des autres, qui par lâcheté ou simple commodité, ont préféré ne rien voir… rien d'étonnant à ce que les morts de Comala ne parviennent pas à trouver le repos ! Même la terre, contaminée semble-t-il par l'esprit délétère des lieux, n'a jamais donné que des fruits au goût acide.

Tel est le funeste héritage de Juan Preciado : la transmission d'une histoire peu reluisante, peuplée d'âmes en perdition.
C'est en revanche un héritage d'une grande richesse que nous lègue Juan Rulfo avec ce roman particulièrement envoûtant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Pedro Páramo est un roman qui a marqué la littérature hispanophone du XXe siècle et qui impressionne en effet par son style incomparable. Influencé par le mouvement surréaliste, Juan Rulfo décrit la quête de sens d'un personnage dans une ville "morte" qui n'a plus aucun sens. La frontière entre le réel et l'imaginaire devient de plus en plus floue, à tel point qu'à un moment du récit, il semble que le narrateur nous parle d'outre-tombe.

L'absence d'une intrigue à proprement parler rend la lecture laborieuse et je dois avouer que je ne suis pas parvenue à me laisser porter par le style de l'auteur et l'atmosphère quasi fantastique du roman. Il est vrai que certains dialogues sont remarquables, à la fois absurdes et riches de sens. Mais l'auteur semble se jouer du lecteur en permanence (éléments contradictoires, ambigus, complexité des personnages et de la chronologie...) sans lui offrir de répit.

Si Carlos Fuentes considère Pedro Páramo comme un chef d'oeuvre voire une Odyssée moderne, je n'ai personnellement pas réussi à identifier de références mythologiques. J'ai plutôt eu l'impression d'un récit critiquant, en filigrane, la médisance dans les petits villages où les secrets honteux comme les viols et les incestes sont enfouis pour préserver les apparences.

Une lecture très exigeante donc, qui ne m'a pas du tout convaincue.
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Je viens de le finir, et je ne sais pas trop quoi en penser...
En fait, j 'ai bien aimé même si par moments j 'ai été une peu perdu et dérouté.
Sans savoir dire precisement pourquoi, je reste plutôt sur une bonne impression, mais je crois que je vais le relire car j 'ai du passer à coté de certaines choses...
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Mettre les pieds dans le village de Comala de Juan Rulfo n'est pas sans risque.
D'abord on naît plutôt à Comala qu'on n'y vient de son plein gré.
Et quand on est à Comala il n'y a pas de porte de sortie..... et même la mort laisse chaque souffle hanter cet endroit à jamais.
Et chaque souffle raconte son histoire obligatoirement liée à Don Pedro Paramo.

Colama ville fantôme qui se repaît également de l'âme du lecteur.
Juan Rulfo : une belle et poétique découverte
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