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sur 677 notes
Idaho, un titre qui a du souffle, de l'envergure, suffisamment pour te transporter vers les Rocheuses, la beauté de ses paysages faits de lacs, de hauts sommets enneigés, de profonds canyons, là où tout n'est que beauté sauvage préservée. Un titre qui ne dit rien, pourtant, de la force introspective qui traverse ce roman désespérément magnifique sur le deuil, la mémoire et la vie qui est là, malgré tout.

Le pivot de ce roman quasi choral est Ann, la seconde épouse, celle qui est entrée dans la vie de Wade après un terrible drame qui a détruit la famille de son compagnon. Wade souffre de démence sénile foudroyante et perd progressivement la mémoire.

« Un jour d'automne ensoleillé, allongée à côté de lui dans l'herbe, tandis qu'il somnolait, elle ( Ann ) a senti l'ancienne vie de Wade, ses souvenirs, s'évaporer à travers sa peau. Elle a senti que tout le quittait, tout sauf elle. Alors elle s'est à son tour vidée de sa propre vie pour être sur un pied d'égalité avec lui. Ils sont restés étendus l'un contre l'autre, tel un fragment dans le temps. Un nuage est passé devant le soleil et, à l'intérieur de Wade, il y a eu un basculement qu'elle a perçu. A ce moment-là, elle a laissé un basculement se produire à l'intérieur d'elle-même, et ainsi sils sont redevenus les êtres qu'ils étaient habituellement, encore tout chauds de l'amnésie qu'ils venaient de vivre. »

Mais Ann est terrifiée à l'idée qu'un jour ils n'auraient plus que ça. Elle veut comprendre ce qu'il s'est passé, cette tragédie que Wade a toujours tue et qu'il taira pour toujours avec sa maladie.
Elle veut s'emparer des souvenirs de Wade et c'est incroyable comme l'auteur parvient à faire résonner en nous cette possession lente jusqu'à en perdre la raison.

J'ai lu cette quête perdue d'avance comme hypnotisée par le style emplie de subtilité de cette toute jeune auteure étonnante de maturité. Envoutée par la structure polyphonique complètement affranchie de la chronologie, éclatée de 1973 à 2025. Ensorcelée par l'étrangeté qui se distille de chaque page. Ce n'est pas l'élucidation du pourquoi du drame qui intéresse Emily Ruskovich , mais le cheminement des âmes d'Ann, de Wade, de Jenny ( la première épouse ). Pas de tentative d'explications psychologiques basiques, la psyché des personnages reste opaque et complexe, et c'est tant mieux.

Le bouleversement qui s'est emparé de moi à la lecture des dernières pages est venu à petit pas, dans le souffle de l'intime scruté au plus profond. Il est des silences qui hurlent dans les forêts de l'Idaho.
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Ida, ho !
La dénomination de cet état serait le fait d'un énorme malentendu.
Ça tombe bien, sa lecture également.

Neuf fois sur dix, Gallmeister, ça matche.
La perfection n'étant pas de ce monde, il arrive parfois que l'on soit déçu au vu de l'attente légitimement suscitée par la quatrième de couv' et les notes flatteuses y afférant.

Puzzle éclaté sur fond de drame familial, Idaho alterne personnages et époques sans finalement délivrer toutes les clés. Et moi, j'suis comme passe-partout, si j'ai pas le trousseau au complet, je tourne vite chafouin.

Affirmer que le propos fut lisse et dénué de tout intérêt serait mentir.
L'entame fut parfaite, le ressenti final d'autant plus frustrant.

Ce manque de liant, cette multiplicité d'ellipses a totalement parasité ma lecture au point d'assécher mon curseur ravissement initialement au zénith.

Impossible de m'enthousiasmer tout de go sans qu'une vilaine rupture ne vienne pointer le bout de son récit particulier et annihiler toute la joie intériorisée éprouvée antérieurement.

Bref, ce que j'ai préféré chez Ruskovitch, c'est encore le pitch...
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2004. Ann et Wade sont mariés depuis 8 ans, installé à Ponderosa, dans l'Idaho, dans une humble maison à flanc de montagne. Ann, la seconde épouse de Wade, connaît peu de choses du passé de son mari. Et aujourd'hui, alors que ce dernier perd la mémoire, elle voudrait comprendre ce qui s'est passé en cette journée chaude d'août 1995, dans une clairière de montagne. Un jour noir et terrible qui a déchiré la famille... La petite May, alors âgée de 6 ans, est décédée. June, 9 ans, a, quant à elle, disparu. Alors, avant que tout ne s'efface de la mémoire de Wade, Ann va explorer ce passé douloureux et tenter de comprendre cette famille...

Au coeur d'une nature sauvage, parfois hostile, aux paysages grandioses, Emily Ruskovich nous emmène sur les routes sinueuses du souvenir. Avant que Wade n'oublie à tout jamais ses deux filles et ce drame qui a fait exploser sa famille, Ann s'aventure et va tenter d'explorer ce passé qui s'effiloche, qui se perd. Ce roman polyphonique, d'une force rare, intense, fait montre d'une parfaite maîtrise. L'on ressent les peines et les douleurs, l'on entend les murmures et le souffle du vent, l'on grelotte ou l'on suffoque. L'auteure, déployant son récit de 1973 à 2025 sans ordre chronologique, dépeint avec profondeur chaque personnage, dans ses forces et ses faiblesses et dévoile petit à petit les causes du drame et ses conséquences tragiques. Un premier roman dense, époustouflant et servi par une écriture intense, sensuelle et ciselée. Une tragédie bouleversante et inoubliable...
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Après la tragédie qui, il y a quelques années, a occupé la une des media et fait disparaître de sa vie sa femme Jenny et ses deux petites filles May et June, Wade vit toujours dans sa maison perdue dans les montagnes de l'Idaho. Désormais âgé d'une cinquantaine d'années, il est atteint de démence précoce et perd peu à peu toute notion de son passé. Sa seconde épouse Ann devient sa soignante, mais se sent aussi investie d'un devoir de mémoire : plus Wade devient l'ombre de lui-même, plus Ann entreprend de creuser son histoire, reconstituant le drame et endossant de bien lourdes responsabilités.


L'âpre et grandiose coin de nature qui isole Wade, Jenny d'abord, Ann ensuite, n'en rend que plus écrasants les événements qui pèsent sur leur vie : dans un tel espace, tout devient à la fois dérisoire face à l'implacable indifférence du cadre où ils se débattent, et insurmontable tant ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pourtant, leur combat perdu d'avance s'illumine d'une profonde humanité, d'autant plus émouvante que silencieuse et fragile : chaque personnage devient un cri muet, qui n'espère plus d'issue pour lui-même, mais trouve finalement une forme de rédemption dans son dévouement pour quelqu'un d'autre.


L'auteur nous livre des protagonistes complexes, qu'on se contentera d'accepter comme ils sont, sans jugement ni explication psychologique. Leur histoire se dévoile peu à peu, au rythme de leurs remords, de leurs souvenirs et de leurs reconstitutions parfois imaginaires d'un passé qui s'entremêle constamment au présent. Comment vivre avec la perte et la culpabilité, le doute et le dégoût de soi ? Comment se reconstruire sur des ruines ? Ici pas de mots ni de volonté consciente d'y parvenir : juste des réflexes de survie où finissent par refleurir des petits moments de grâce, où l'âme cherche la lumière dans un parcours semblable à un chemin de croix.


Paradoxalement, la lecture n'est jamais sombre ni pesante : l'on devine, l'on pressent, et l'on avance peu à peu, touché par le courage de ces gens ordinaires qui expient sans se plaindre, après avoir été abattus par des circonstances curieuses qui font paraître bien fragile la frontière entre le bien et le mal.


Idaho est une histoire troublante et étrange, qui fait hurler le silence accumulé sur des blessures anciennes et jamais cicatrisées, et brûler d'émouvantes flammes d'amour et d'humanité sur un terreau de désespoir résigné.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Premier roman d'Emily Ruskovich, « Idaho » est une réelle belle découverte. J'ai cru lire du Faulkner, c'est dire le talent immense de l'auteure. Alors que jenny, la mère de May six ans et de June neuf ans, se repose dans le pick-up pendant que Wade, le père, poursuit l'abattage d'arbres, le drame éclate. le roman d'Emily Ruskovich est une course poursuite après une mémoire qui fond comme la glace au soleil. J'ai gardé un « gout » bizarre et agréable dans ma tête, cette histoire finie. Mais finit-elle vraiment ?
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Voilà un premier roman étonnant, troublant en effet comme l'annonce le bandeau de couverture, tout en ellipses, lignes de fuite et sensations évanescentes, comme à la poursuite de la mémoire qui s'évanouit, ou bien comme si les faits ne s'ancraient pas véritablement dans une réalité.
On ne saura d'ailleurs jamais vraiment ce qui est arrivé à la famille ce jour terrible ou la petite May meurt et sa soeur June disparait, laissant derrière eux des parents dévastés : elle Jenny, littéralement enfermée à jamais dans sa faute et lui, Wade, détruit de l'intérieur à l'image de sa mémoire qui s'efface progressivement, et que Ann, sa nouvelle épouse, obsédée par le drame, s'acharne à éclairer avant qu'elle disparaisse.
Il y a des scènes fulgurantes dans ce récit à l'écriture sensible et constamment en mouvement, comme ces portraits d'artiste d'une June vieillie dans des réalités alternatives, comme ces évocations des deux petites filles courant dans l'herbe sèche de la montagne en été, ou encore comme cette mélodie qui s'échappe des doigts de Ann pour raconter l'histoire que ses autres sens ne captent pas.
Une véritable perle que ce roman, opale et magnétique, au coeur de l'Idaho.
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Quand j'ai vu que c'était le premier roman d'Emily Ruskovich, et sa photo (sur laquelle elle a l'air très jeune), j'ai un peu tiqué, parce qu'écrire sur un thème (ou des thèmes, plutôt) tel que celui de Idaho, il me semble qu'il faut un peu de bouteille pour ça. Et les exceptions sont rarissimes. Mais j'ai mis ça de côté en commençant le roman, qui, je le reconnais, est du genre à tenir en haleine son lectorat.

Cela dit, on sent au fur et à mesure que c'est bien un premier roman, avec ses défauts inhérents. D'une part l'auteure a voulu brasser trop de thématiques, on sent qu'elle a tout voulu mettre dans ce livre, ce qui pose certains problèmes, en conséquence. D'autre part, côté style, on retrouve le même souci : elle en fait un peu trop, elle prend trop le lecteur par la main, développe trop, précise des détails qui n'ont pas besoin d'être écrits, car ils se devinent. Ainsi de la phrase qui clôt le chapitre sur le couple de personnes âgées : on devine très bien la fin de la phrase, phrase que le mari ne veut pas que sa femme prononce. Or l'auteure en rajoute une couche en écrivant cette phrase en entier, à la dernière ligne. Elle a certainement peur de ne pas être comprise par les lecteurs, mais c'est très naïf de sa part : les lecteurs sont censés réfléchir un minimum. Et je dirais que là, ils n'ont même pas besoin de réfléchir énormément, car y compris sans l'achèvement de la phrase, c'est assez clair. Et il existe pas mal d'autres exemples de ce genre dans le roman.

Le problème majeur, c'est tout de même cette brassée de thèmes et la façon dont elle les multiplie, au point que les deux thèmes centraux (car il y en a déjà deux au départ) sont dilués. On parle tout de même de démence précoce et d'un énorme drame familial, ce qui pèse déjà lourd. On parle mémoire, et pas qu'un peu. Je veux bien qu'on me parle aussi de l'enfance, de l'Idaho et de ses montagnes hostiles, du début d'un amour, de l'histoire d'un autre, des regrets qu'on peut nourrir sur sa propre vie, tout ça m'intéresse. Mais pour le coup, ça suppose ici non seulement de délayer l'histoire principale du roman, mais aussi de s'arrêter sur tout un lot de personnages qui, à mon sens, ne servent pas à grand-chose (ainsi du couple de personnes âgés, ainsi d'Eliot, ainsi d'Elizabeth). Ruskovich aurait pu faire plus court, plus dense - et l'histoire méritait un traitement vraiment très dense -, plutôt que de se perdre dans des chemins de traverse qui sont souvent des impasses.

J'ai pourtant beaucoup aimé suivre Ann, la première narratrice, dans sa quête d'une histoire dramatique vécue par son mari des années plus tôt, histoire qu'il oublie lui-même peu à peu à cause de sa maladie. On va comprendre peu à peu, à petits pas, en quoi a constitué ce drame. On comprend juste au début que Wade, le mari d'Ann, avait auparavant une femme et deux filles, et qu'aucune des trois n'est plus là, puis on va saisir lentement ce qu'il est advenu de l'une, de l'autre, et enfin de la troisième (quoique...). Ce qu'Ann cherche, c'est le comment, puis le pourquoi du drame. le travail de mémoire qu'elle effectue, à propos d'une histoire qu'elle n'a pas vécu elle-même, sa façon de combler tous les manques en s'appuyant sur son imagination : à mon sens, le véritable enjeu du roman est là. C'est ce qui m'a donné envie de poursuivre ma lecture, ce qui m'a donné à réfléchir. Mais qui ne va pas jusqu'au bout. le fait qu'Ann se perde dans cette histoire jusqu'à insérer des morceaux de son enfance à elle dans celle de June et May, les filles de Wade, l'aspect malléable de cette histoire qu'elle retravaille, remodèle sans cesse, trouve une conclusion assez décevante. Il me semble que l'aspect thriller du roman donnait pas mal de possibilités à son auteure, et je me suis d'ailleurs prise à inventer des tas de possibilités à propos de l'histoire de Wade pendant que je lisais, et puis... ben non. La conclusion est hyper décevante. Je pense qu'Emily Ruskovich aurait pu basculer dans quelque chose d'encore plus sombre, de plus tordu aussi, et qu'elle a choisi la facilité : Ann comprend soudain parfaitement, malgré son manque d'informations, le pourquoi du geste fatal. Or ça relève de la révélation assez improbable, déjà, et de l'idée que tout le monde peut massacrer un peu n'importe qui pour n'importe quel détail. Là, ça sent l'explication du style Esprits criminels, mais en bien pire. Ça ne tient pas la route une seconde d'un point de vue psychologique, car même dans Esprits criminels on vous dira que quelqu'un qui bascule dans une crise psychotique meurtrière a déjà des sacrés problèmes avant. Là non (attention au divulgâchage), hop, il fait un peu trop chaud, on comprend que son mari ne vous aime plus vraiment et hop, on zigouille sa fille. Eh ben...

C'est dommage, parce que, déjà, ce chemin tortueux que prend Ann, cette obsession à comprendre et reconstituer, mais de façon obsessionnelle, et finalement malsaine, peu tangible, beaucoup trop subordonnée à l'imagination, à l'invention, au fantasme, est le thème captivant du roman. Ainsi que la question de l'enfance, la thème de la relations entre les deux soeurs dont l'aînée est en train de changer, thème qui n'est malheureusement pas mené à son terme. Une lecture qui fut donc une découverte prenante, un bon moment, qui traite d'un sujet passionnant, mais qui m'a carrément laissée sur ma faim.
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Ann est la deuxième épouse de Wade. La première, Jenny, est en prison pour avoir assassiné leurs deux filles, June et May. Ann a connu Wade peu de temps après et s'est émue de cette histoire. Elle n'a pas prêté garde au comportement bizarre de son futur époux, à ses excès de colère allant jusqu'aux sévices corporels. Alors que Wade commence à perdre la mémoire, elle essaie de reconstituer le puzzle de cette histoire sordide, de cette famille éclatée.

Voici un roman qui ne laisse pas indifférent ! J'ai eu du mal à lire quelque chose par la suite. J'ai été emportée par cette histoire, me disant qu'il allait peut-être y avoir une issue, qu'on allait apprendre quelque chose de plus. J'ai tourné frénétiquement les pages, j'étais Ann, je cherchais avec elle des éléments permettant de mieux comprendre…

L'écriture est superbe, les paysages décrits sont grandioses et viennent s'ajouter à l'atmosphère. Que dire de plus ? Lisez-le ! 😉
Lien : https://promenadesculturelle..
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Idaho, c'est d'abord le nom d'un état du nord-ouest des États-Unis. Ce sera le lieu de cet étrange roman difficile à définir. On est tenté de parler d'atmosphère, une atmosphère sauvage rendue par les montagnes de L'Idaho, mais aussi une atmosphère oppressante dont le noeud du roman est un meurtre. Un meurtre effroyable, une mère tue son enfant d'un coup de hachette, on ne saura jamais vraiment pourquoi.

Wade et Jenny mènent une vie austère avec leurs deux filles dans la montagne, jusqu'au jour où Jenny tue sa fille May, la plus grande June disparait, elle ne reviendra jamais. Ann, une jeune femme pianiste devient la nouvelle femme de Wade. Jenny, elle est envoyée en prison à perpétuité.
Le "décor" ainsi campé, on rentre petit à petit dans les obsessions de chacun des protagonistes.
Ann veut comprendre ce qui est arrivé à cette famille avant qu'elle n'y prenne une place.
Son mari Wade est atteint d'une maladie qui le conduit à perdre la mémoire. C'est arrivé à son père, son grand-père.
Ce roman flirte beaucoup avec l'introspection mais il ne nous livre pas vraiment de clés, on reste un peu sur sa faim.
Le roman navigue à travers différentes périodes, celles de la première famille, celle de la vie de Jenny en prison, celle d'Annn.
Ce qui m'a touché, c'est le rapport à la musique pour les différents personnages, un pouvoir un peu rédempteur qui annule une partie de la tristesse de passages du livre.
Néanmoins, je n'ai pas été emportée par l'histoire, ni l'écriture.
Un petit goût amer de: Tout ça pour ca.
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La mémoire en fuite de Wade, victime à cinquante ans de démence précoce, ne s'exprime plus que par d'incompréhensibles accès de violence, de petites agressions répétées, imprévisibles, suscitées par l'irradiation ténue de souvenirs anciens, fragiles et fugitifs. Alors, avant qu'il soit trop tard, avant que tout ce passé ait complètement disparu, Ann, sa seconde épouse, cherche à découvrir la vérité sur ce drame qui a frappé Wade et sa famille neuf ans plus tôt, dans ce coin de nature sauvage de l'Idaho.

Passé et présent se mêlent dans le récit comme dans la mémoire empêchée de Wade, tandis que se dévoile par petites touches successives, à la manière d'un puzzle dont les pièces éparpillées peu à peu se rassemblent, toute l'étendue de la tragédie effroyable qui, jusqu'au bout, conservera pourtant une part de son mystère. Comprendre le passé de Wade, investir son histoire, c'est pour Ann une nécessité afin de pouvoir continuer à soutenir et à aimer cet homme au comportement de plus en plus étrange et inquiétant.

Mais comprendre n'est pas sans risque, et il y a un prix à payer à s'approprier une histoire qui n'est pas la sienne, à ouvrir des portes obscures que la mémoire et la douleur ont choisi de refermer, à laisser venir à soi les fantômes. « Ann a franchi la barrière du mystère qui l'entoure, elle s'est immiscée dans l'amour passé de Wade, elle a touché les endroits interdits. Elle est entrée là où elle n'a pas sa place. »

J'ai été littéralement bluffée par ce premier roman époustouflant qui m'a tenue en haleine et que je n'ai pas pu lâcher jusqu'à la dernière page. La nature, omniprésente et sauvage, entre montagne, lacs et forêt, offre un écrin somptueux à cette intrigue étrange et oppressante dont les éléments habilement dosés plongent le lecteur dans un voyage troublant et hypnotique au coeur de la mémoire qui naufrage, des blessures du silence, des réalités incertaines et de l'amour désespéré.

Un premier roman d'une rare puissance et, pour moi, un grand coup de coeur.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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