Au coeur de l'
Idaho, dans un endroit retiré en pleine forêt au coeur d'une montagne, Wade et Jenny vivent sans histoires, avec leurs deux enfants, June et May. Jusqu'au drame.
Des années plus tard, Ann, la nouvelle épouse de Wade, est confrontée à l'omniprésence de l'absence. Celle de son mari atteint de troubles héréditaires de mémoire, celle de Jenny dont le geste incompréhensible hante encore les lieux, celle des enfants.
Ce roman evanescent et pointilliste, est une pure merveille.
Emily Ruskovich s'attarde sur les détails ou élude, semble s'égarer, avant de vous saisir brusquement aux tripes au détour d'une phrase. La justesse possible de sa description des états d'errance psychique et des troubles mémoriels est ce que j'ai lu de plus bouleversant depuis longtemps.
Le récit comme souvent désormais dans la nouvelle littérature américaine, est un peu bousculé. Mais là où ce procédé relève fréquemment d'un exercice de style un peu vain, il débouche ici sur un rythme naturel de flux et de reflux qui renforce encore la puissance du roman.
Plus que conseillé. Certains passeront vraisemblablement à côté tant l'histoire nécessite qu'on se laisse happer et qu'on laisse de côté la recherche de réponses, l'auteure ouvrant des chemins avant de s'en détourner.
Les autres peuvent se préparer à un grand moment de littérature.