D'aucuns ont décidé qu'un roman se devait d'avoir un début et une fin.
Ces d'aucuns-là ont aussi décidé qu'ils possédaient en eux la science nécessaire à l'analyse de livres qu'ils auraient été bien incapables d'écrire, eux qui ne savent que juger à travers de vagues ressentis, quelques périphrases, et une ou deux fautes d'orthographe qui piquent les yeux des maniaco-dépressifs.
Je te le dis tout de suite. Ce roman ne suscite que critiques élogieuses ou agacements. Des tas d'agacements, et ceci explique le S que j'ai déposé délicatement à la fin du mot.
Des agacements qui disent « j'ai pas compris » ou « Je suis resté sur ma faim » ...
Alors c'est un livre sur la mémoire, bien sûr, mais je ne te fais rien découvrir. Un livre aussi sur la naissance de la démence sénile et sur ceux qui accompagne ces êtres humains qui perdent leur vie, morceaux par morceaux, jusqu'à ne plus s'en souvenir…
Une histoire toute simple faite des mémoires de quelqu'un d'autre, mais aussi d'images inventées. Cette mémoire qui ajoute l'éclat du diamant à la noirceur de la rouille.
Ann perd la raison, sans doute. Elle cherche si fort l'histoire de celles qui l'ont précédée dans la vie de Wade qu'elle finit par ne plus exister qu'à travers des mensonges et quelques vérités.
Deux petites filles, leur mère, et Ann qui fouille ces vies jusqu'à ne plus exister par elle-même. Jusqu'à ne plus voir ou entendre la réalité qui lui fait fasse, celle de cet homme qu'elle aime profondément et qui perd pied, peu à peu.
Un pick-up, un couteau, une photo.
N'oublie pas que c'est d'un premier roman dont je te parle. Un premier roman qui te fait croire à nouveau en l'humanité et au talent inné de quelques écrivains. L'histoire, évidemment, mais surtout la qualité de cette langue parfois évanescente qui va t'emporter au fond de l'
Idaho.
Tu vas apercevoir la vérité, mais de si loin que tu n'arriveras pas à t'en approcher. Sans doute un des secrets d'
Emily Ruskovich.
Un morceau de littérature. Celle que tu aimes toi-aussi. Celle qui te fait vivre pour de bon, avec le bruit des pas et les odeurs de la forêt.
Une histoire faite comme une page de calligraphie, avec des pleins et des déliés. Avec ceux qu'on a enfermé dans des prisons de verre, et ceux qu'on a laissé partir. Une histoire où ceux qui manquent désespérément sont finalement ceux qui occupent tout l'espace de tes souvenirs.
De « tes » souvenirs.
Pas ceux de l'autre que tu n'as pas connu. Pas ceux que tu inventes pour en faire une réalité augmentée par le chagrin.
Bien sûr que tu vas devoir mériter ce roman, parce qu'on est à mille lieux de certaines piles, de la « passion » de ceux qui se targuent d'écrire mais qui le font comme on va aux toilettes.
C'est mon blog, et je dis ce que je veux.
De là à dire que certains bouquins du moment devraient finir en torche-cul, il y a un pas que je franchis allègrement.
Ce roman dure trente ans.
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