Marcher dans le mystère de la Nuit, au crépuscule jusqu'à l'aube, pour découvrir ce qui se cache dans le fond du fond des secrets de notre âme et de nos émotions, voilà ce que nous propose
Mélanie Rutten avec
Les Sauvages. Nous suivons deux enfants, qui, au lieu de dormir, s'aventurent dans la forêt et rencontrent des personnages, peut-être monstrueux, sûrement tendres.
“Il y avait celui qui pensait toujours aux autres et celui qui veillait à dormir et à manger. Il y avait celui qui rêvait et celui qui s'occupait de grandir.” Ensemble, ils aident le Petit à grandir avec curiosité, amour, éveillent ses cinq sens et, inévitablement, il grandit, il grandit, petit à petit sous son tipi bientôt trop étroit pour lui.
Comment ne pas penser aux maximonstres ? Même s'ils ne sont pas animés par la même colère que Max pour s'échapper un peu de la maison, les deux enfants sont d'abord des ombres et, lorsqu'ils sont seuls et assez enfoncés dans la forêt, ils peuvent enfin briller et illuminer de milles couleurs le décor qui les entoure. Sans compter qu'ils y accèdent en radeau, à travers les marécages, à l'image d'un Max capitaine sur la mer.
“La farandole criait, chantait et la clairière grandissait encore. C'était une bande de sauvages. Tout semblait possible… C'était comme ça dans la clairière”. La danse joyeuse avec ces gentilles bêtes n'est pas sans rappeler le climax sauvage de la fête épouvantable de Max et de ses Maximonstres. Que d'émotions, que de couleurs, que de joies, de tristesse et de colère, de tendresse et de paix ! Un ravissement pour les yeux et le coeur.
Tranquillement, les deux ombres rentrent chez elles, illuminées par le Soleil levant, dans un marécage des bayous comme dans un bon
Jim Jarmusch. le jour se lève, les splendeurs de la nuit se taisent, les enfants rentrent chez eux.
Est-ce un rêve ? (On espère que non !) Plutôt une légende intemporelle, l'histoire douce et amère de tous les enfants qui un jour, grandissent.
Les bêtes de l'enfance ne sont jamais bien loin. Elles les regardent, avec le sourire, toujours un peu en bord de livre-en bord de cerveau-au bord de coeur et des lèvres : l'enfance est toujours là, ne l'oublions pas. Car
Les Sauvages est bien un album sur l'enfance que l'on vit à pleines dents et que l'on quitte, non sans regret ni colère, mais surtout avec quiétude et douceur.
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