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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman ne raconte pas l'histoire d'une personne ou d'une famille, c'est l'histoire d'une petite ville d'Irlande en pleine crise. Crise économique, crise sociale.
Le point de départ, le départ d'un patron, laissant des employés démunis...
Puis quelques évènements plus dramatiques surgissent dans l'histoire : un meurtre, un enlèvement...
A partir de ce point de départ et jusqu'au dénouement de cet enlèvement, on passe d'un narrateur à un autre, on entre dans l'esprit du narrateur, dans ses pensées, et on suit tant bien que mal le déroulement de cette période...
On ne s'attache à aucun habitant en particulier et en même temps, on éprouve de l'empathie pour chacun d'eux.
Ce livre permet de comprendre que chacun a sa propre histoire, chacun réagit par rapport à sa propre histoire, chacun voit "midi" à sa porte, ...
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Réussir un roman choral n'est pas chose aisée. Olivier Adam, fort de son expérience l'avait parfaitement fait dans Peine perdue. Fort courageusement, l'écrivain irlandais, Donal Ryan, pour son premier roman, le coeur qui tourne s'est lancé dans l'exercice, axant son récit autour de Bobby Mahon qui a perdu son emploi et ne peut toucher les allocations chômage, comme les autres ouvriers et employés de ce Pokey Burke qui a disparu…

Tour à tour, vingt-et-une personnes s'expriment, donnant chair à cette Irlande en pleine crise avec un chômage endémique et des patrons voyous. Passant de l'une à l'autre, cela tourbillonne un peu et laisse sur la faim pour certaines dont on aurait aimé en savoir plus.
Bobby souffre et nous fait souffrir car ce type vraiment bien accumule les malheurs avec la perte de son travail de contremaître : « Je me croyais arrivé. le bâtiment c'était l'avenir. Quand je croisais des bébés en poussette, au village, je pensais, Formidable, c'est du boulot pour plus tard. Ces gens-là auront forcément besoin de faire construire un jour ou l'autre. Pokey était un connard, on s'en rendait compte, mais tout le monde s'en fichait. »
Quant à son père, il a dilapidé en boisson tout l'héritage du grand-père, pour se venger et a saccagé la vie de sa mère. Dans ce décor sinistre et lugubre, les témoignages vont se succéder comme celui du père de Pokey qui avoue que son fils n'a jamais régularisé les prélèvements de ces gars maintenant au chômage et sans ressources. C'est lui qui doit subir les assauts du fisc et des sous-traitants et il se demande : « Qui faut-il accuser, alors, quand un enfant est pourri comme ça ? »
Vasya, un immigré d'origine russe confie bien tristement : « trop loin du foyer de mon père, trop loin de la tombe de mon frère. » Dans le Pôle emploi local, il est obligé d'admettre ce que les autres lui disent : « tu n'existes pas. »
Plusieurs femmes s'expriment comme Lily qui attire les hommes et en est à son cinquième enfant dont le père vient de la battre. Il y a aussi Realtín qui a couché avec George, son patron, et habite, comme une dame âgée, dans ce lotissement de quarante-quatre maisons, jamais terminé. Les autres sont vides !
Brian rêve d'Australie. Trevor est hypocondriaque. Seanie la Frime a mis Realtín enceinte puis celle-ci s'est débarrassée de lui, même s'il passe voir son gosse de temps à autre. Il bossait comme soudeur pour Pokey et ajoute : « Il a engagé une bande de manoeuvres polonais qu'il s'est empressé d'entuber… Quand notre tour est venu de nous faire niquer, on a commencé à rire jaune. »
Un enfant est kidnappé. Un drame survient. Un innocent est accusé et l'on raconte n'importe quoi. Jim est lucide : « D'après moi, les grandes gueules de la télé et de la radio sont responsables de cette hystérie qui est en train de s'emparer des gens. Ils font leur beurre avec les peurs des autres. »

Enfin, c'est Triona, la compagne de Bobby, qui termine cette ronde de témoignages avec une lucidité poignante et une petite lueur d'espoir.
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« Planté au milieu du portail, il y avait un coeur en métal rouge qui tournait avec le vent. le pivot était rouillé et branlant à la fois, il grinçait et gémissait, mais le coeur arrivait encore à tourner. » Par ce portail, on pénètre dans la ferme du vieux Frank Mahon, père ingrat et incompétent, lui-même fils d'un père tout aussi ingrat et incompétent. Son fils Bobby est le premier qui parle dans ce roman choral sur fond de crise économique et d'amour filial bafoué. D'autres voix suivront, celles des habitants d'une petite communauté irlandaise aux prises avec la fermeture subite du plus gros employeur et les fourberies comptables d'un entrepreneur en construction en déroute. La relative harmonie dans laquelle vivait tout ce beau monde bascule alors dans les petitesses et les basses mesquineries, un déballage de secrets enfouis et de méchancetés gratuites.
Le coeur qui tourne, premier roman de Donal Ryan, présageait de son second, Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe, que j'ai trouvé beaucoup plus abouti. Un roman d'une portée universelle, livré avec intensité, et un auteur à suivre.
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Je vais avoir un problème majeur avec ce roman : comment en parler ? Ce n'est pas que je sois amnésique ou atteinte d'Alzheimer ou je ne sais quel problème de mémoire mais faute de pouvoir faire mieux, je l'ai lu en plusieurs fois. Ce n'est certainement pas la façon dont il faut lire ce livre, pas si épais que ça (180 pages) mais qui met en scène vingt-et-un personnages, soit presque tout un village irlandais de l'après-Tigre celtique ! Un roman polyphonique - la mode veut qu'on dise "roman choral", mais bof, ça me fait penser à des gens qui pousseraient la chansonnette, ce qui n'est pas franchement le cas car ils poussent plutôt des gueulantes, à tour de rôle et avec le bagou irlandais.
Pensez donc, le mec qui faisait vivre tout le village grâce à son entreprise, s'est fait la belle avec la caisse, laissant en plan ses ouvriers, qui n'ont plu qu'à aller pointer au chômage. Et comme si ça ne suffisait pas, ils découvrent qu'en plus, le gangster n'a pas rempli les formalités administratives pour les déclarer. Donc, point de chômage. La vie des gens s'effondre. Et comme dans un village, tout le monde se connaît depuis belle lurette, le passé ressurgit, on refait le portrait de chacun. L'amertume est capable de tout.

Le point de vue de chaque personnage qui prend la parole éclaire d'un jour nouveau le portrait du "voisin" qui a été fait par un autre. Au lecteur de se faire son avis, à condition de s'y retrouver car chaque personnage s'exprime une seule fois et vingt-et-une personnes, ça fait beaucoup. Pourtant, tout se tient parfaitement. Une vraie performance littéraire même si je pense qu'il faudrait que je le relise une deuxième fois pour tout comprendre parce que le puzzle est complexe.
Bref, c'est du costaud. En plus c'est à la fois drôle, sarcastique, haut en couleurs et tragique.

J'ai décidé de laisser la parole à Lily, sans doute celle qui m'a le plus fait rire :

"Quand j'étais à la maternité pour accoucher de mon cinquième enfant, une fouille-merde de sage femme s'est débrouillée pour me faire dire le nom du père." (parce qu'elle était sous tranquillisant !)

"Il y a quelque chose d'inexplicable dans l'attirance entre un homme et une femme. On ne peut jamais le définir. Comment est-ce que j'ai pu m'enticher bêtement d'un gros lourdaud mal fichu comme Bernie McDermott ?" (Ben oui, on se le demande !)

"Quand on tombe dans les orties, on ne risque pas de savoir d'où vient la piqûre."

"J'aime tous mes enfants comme l'hirondelle aime le bleu du ciel."

Bon allez, je donne aussi la parole à Jason qui a quelques soucis de santé :
"On m'a diagnostiqué un choc post-traumatique avec hyperactivité associée à un déficit de l'attention, trouble bipolaire, scoliose, psoriasis, tendance aux addictions et j'en passe" (un sex-symbole, quoi !)

C'est le premier roman traduit en français de Donal Ryan. Je pense qu'on entendra de nouveau parler de lui. Ce roman a été élu meilleur livre de l'année en Irlande en 2013. Il a été finaliste du Man Booker Prize en Angleterre et lauréat du Guardian First Book Award.

Un vrai bon roman, même s'il nécessite une bonne mémoire. A lire d'une traite ou à lire une deuxième fois.
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Ce livre est un roman contemporain qui se déroule en Irlande. Il s'agit d'un roman chorale qui à travers une bonne vingtaine de personnages nous fait découvrir une petite ville d'Irlande dans un contexte de crise économique et sociale.

Le tout tourne autour de deux évènements dramatiques que l'on découvre à travers cette succession de protagonistes et d'observateurs, même si toute une foule d'histoires secondaires foisonnent autour. La construction est intéressante, et cela donne beaucoup de profondeur à la ville et à l'environnement.

Cependant chaque personnage n'étant le narrateur que du chapitre lui étant consacré, difficile de s'attacher à eux et sur la bonne vingtaine je n'en ai retenu que quelques uns. Au final c'est plus l'histoire de la communauté, dans cette ville où tout le monde connait tout le monde.

J'ai apprécié le style, le format, et la cohérence de cet ensemble complexe de relations entre les personnages. Mais je dois avouer que j'ai trouvé ce roman un peu trop déprimant. Misère, mensonge, chômage, douleur sont vraiment au coeur de ce livre, peu importe le personnage suivi. Et pour moi, il manque cruellement une petite lueur d'espoir. Donc à découvrir si on n'a pas peur du désespoir.

Lien : http://raconte-moi.net/2017/..
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Le Coeur qui tourne est un roman choral brillamment mené, sur fond de crise économique en Irlande, l'après Tigre Celtique. Un village en déliquescence, où Bobby Mahon, le trop bon gars, va payer pour les autres, pour tout le reste.

Vingt-et-un chapitres pour vingt-et-un personnages, chacun avec son ton propre et une personnalité palpable. Vingt-et-une voix qui se succèdent et dont le chant imbriqué apporte sa pièce au puzzle. Donal Ryan, avec une lucidité mordante sur l'âme humaine, réussit un tour de force, ses personnages étant tellement travaillés qu'ils mériteraient presque tous leur roman dédié. Chaque rancoeur, chaque frustration, va donner du grain à moudre à notre compréhension de l'histoire. Pas seulement celle de Bobby, mais d'une manière plus globale, plus vaste, plus intime et universelle, l'histoire de ce village, de cette Irlande, de notre époque.

Mais la médaille a son revers : ce foisonnement exacerbé de personnages, de malheurs, de griefs, d'absence d'espoir, sur un roman aussi court (180 pages), c'est presque trop. Difficile de s'attacher à quiconque, pas le temps, et du coup c'est un peu frustrant.

Donal Ryan a une belle plume inventive et pleine de noirceur, d'humour et d'ironie. J'ai hâte de découvrir son deuxième roman, qui vient juste de sortir, également chez Albin Michel : Une Année dans la Vie de Johnsey Cunliffe. Pour l'anecdote, il y a déjà des Cunliffe dans le Coeur qui tourne
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C'est une petite ville irlandaise comme les autres, frappée de plein fouet par la crise. Chacun prend la parole pour raconter ce qui est arrivé depuis que l'une des plus grosses entreprises de construction du coin a fermé, depuis que le patron est parti sans payer ses ouvriers, sans leur laisser une chance de retomber sur leurs pieds. Alors quand l'un d'entre eux, le meilleur d'entre eux, commet l'irréparable, les langues se délient, les vieilles rancunes reviennent.
Pour son premier roman, Donal Ryan fait intervenir à tour de rôle la plupart des habitants pour raconter leur désarroi et leur sentiment d'impuissance face à la crise et face au drame qui a eu lieu tout près de chez eux. Un roman puissant et mélancolique.
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Bobby Mahon était le contremaître très respecté de l'entreprise de construction qui fait vivre son village en Irlande. Mais, Pokey Burke, le patron de l'entreprise, s'enfuit et laisse tous ses ouvriers au chômage et sans indemnité en pleine crise économique. Vingt-et-un narrateurs, membres de l'entreprise ou du village, se succèdent pour apporter leur voix dans ce roman choral. Plus ou moins proches de Bobby, ils dressent ensemble un portrait très honorable de l'ancien contremaitre, toujours prêt à aider ses ensembles, jusqu'à ce qu'un drame survienne...

Écrire un roman choral est un exercice difficile : chaque personnage doit avoir son style particulier et différent des autres et, quand on choisit d'en créer vingt-et-un, l'auteur doit faire preuve de beaucoup de talent pour éviter les redondances. C'est le cas ici : dans son tout premier roman, Donal Ryan, écrivain irlandais, maîtrise particulièrement bien cette technique. Les vingt-et-un personnages qui s'expriment forment un ensemble cohérent et jamais lassant. Tout de même, j'ai parfois regretté la trop courte longueur des chapitres qui s'enchainent à toute vitesse et laisse, mais rarement, un goût d'inachevé.

Bobby Mahon, cet homme de confiance accusé d'un terrible crime, revient au centre des pensées des personnages, et le portrait qu'il en ressort en est d'autant plus complexe. Mais au-delà de l'homme, c'est toute une vision de l'Irlande en pleine crise économique que donne voir ce roman avec une noirceur certaine, à travers de multiples personnages, hommes et femmes, prostituée ou policier, ouvrier ou employé. Avec cette communauté villageoise, Donal Ryan peint un tableau social, mais aussi véritablement humain.

Le premier roman de Donal Ryan publié aux éditions Albin Michel laisse entrevoir un grand écrivain que j'espère retrouver bientôt dans un nouveau livre.
Lien : http://leschroniquesassidues..
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« le coeur qui tourne », un titre évocateur qui colle parfaitement à ce roman à la narration surprenante. Ce court récit de 200 pages s'articule autour d'un chapitre unique par personnage, à la manière d'une chaîne dont chaque maillon s'intriquerait les uns à la suite des autres et laisserait voix à tout un ensemble d'individus. Un même fait est donc rapporté par de nombreux personnages, chacun avec leur propre version, qui va parfois à l'encontre les unes des autres. On assiste à une véritable valse des sentiments en passant d'un employé à son patron, à sa fille, à une collègue, à son petit-ami, et ainsi de suite. Je n'avais jamais lu un récit aussi ambitieux, qui ne s'attache à aucune intrigue en particulier mais qui laisse le champ libre à ses personnages !

...la suite sur mon blg !

Lien : https://avideslectures.wordp..
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Il n'y a pas que le coeur qui tourne, dans le roman de Donal Ryan... le récit lui-même gravite comme un tourbillon autour du personnage de Bobby Mahon, qui serait l'équivalent de l'oeil du cyclone. Sachant que l'auteur s'intéresse tout autant au cyclone qu'à son oeil...
La tête aussi vous tourne, à l'abord de ce récit polyphonique qui change de narrateur à chaque paragraphe (il en compte au total plus de vingt), l'ensemble formant une mosaïque dont chaque fragment pourrait aussi se suffire à lui-même.

Tous ces quidam ont tout de même un point commun, c'est celui d'habiter un village d'Irlande touché par la récession économique, dont une bonne partie de la population s'est retrouvée sur le carreau après le départ en catimini, et avec la caisse sous le bras, de l'un des principaux pourvoyeur d'emplois de la commune, un constructeur de maisons individuelles. Les lotissements construits pendant l'éphémère boom immobilier, inachevés et déjà décrépits, sont restés quasiment déserts.

Parents et enfants, jeunes et vieux, alcooliques et mères célibataires... tous ceux qui prennent la parole en livrant leurs craintes et leurs déceptions, leurs douleurs et leurs défaites, mais aussi leurs joies et leurs espoirs, ajoutent au tableau une couche d'humanité, faite d'un subtil amalgame de noirceur et de lumière.

Si leurs histoires respectives instillent au récit une solide dose d'amertume, de sordide et de tristesse, Donal Ryan a l'intelligence, malgré la brièveté de ces multiples portraits, de ne pas réduire ses personnages à de caricaturales représentations de victimes de la crise. Certes, on est frappé par la perte de confiance en l'avenir et d'estime qui plombe la plupart d'entre eux. Englués dans des existences sans réelle perspective, ressassant leurs malheurs, frappés à la fois d'une sorte d'inertie et d'une étroitesse d'esprit qui leur fait craindre l'ailleurs et l'étranger, beaucoup font preuve de fatalisme. Mais "Le coeur qui tourne" offre aussi de jolis moments de rires et de sensibilité, parce qu'il est fait d'un assemblage de tous ces petits détails qui démontrent la complexité des individus, leurs forces et faiblesses mêlées, leur capacité au cynisme et à la cruauté, comme à la mansuétude et à la bienveillance.

Et donc, au coeur -on y revient- de cette mosaïque, par bribes anodines, au fil de digressions lâchées par ces multiples narrateurs, se dessine la figure de Bobby, à qui la vie a donné à la fois le pire et le meilleur, l'amour et l'humiliation, le charisme et le mépris de soi, des atouts certains et quelques tonnes de malchance...

On referme ainsi le roman de Donal Ryan avec en tête les résonances d'une vingtaine de voix qui, par miracle, ne forment pas une cacophonie, mais une véritable musique à la fois poignante et envoûtante.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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