Un tout petit livre, moins de 100 pages, pour aborder un grand sujet presque avec silence...
Erik Sablé décrit avec grande simplicité ce qu'est le mental, comment le comprendre et savoir ce qu'il est. Il nous amène à entrer dans l'intimité des mécanismes du " moi " à l'origine du flux des pensées errantes et à découvrir ce qui se joue derrière les apparences en démystifiant le jeu du mental. Qu'est-il ? D'où vient-il ? Que cherche-t-il ? de cette exploration et clairvoyance, pourra naître un silence qui n'est pas le produit d'une tension, mais qui vient naturellement de l'intérieur, comme une " grâce ".
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En fait, il se produit un curieux dédoublement du regard. Nous sommes conscients de ce fond de Présence et en même temps des pensées qui émergent et se déploient dans l'espace mental. C'est une subtile division entre la part témoin qui observe et celle observée. Car, en apparence du moins, il existe bien deux formes de conscience. D'une part la Pure Présence d'être, lumineuse et claire ; d'autres part, la conscience égotique, intrinsèquement liée aux modifications mentales. Et c'est en s'appuyant sur la première que l'on peut prendre suffisamment de distance avec la «seconde» pour la connaître.
Tout est dualité dans le devenir : la lumière se détermine toujours par rapport à l'ombre, et le mental révèle son fonctionnement lorsqu'il apparaît sur le fond silencieux de l'être immobile. C'est ainsi que pourront se révéler les secrets de la pensée. C'est seulement une fois établit dans le silence et le vide que l'on pourra comprendre le «moi».
C'est d'ailleurs pour cela que les psychologues occidentaux demeurent toujours à la surface et ne peuvent avoir une vision juste des mécanismes qui se jouent dans les profondeurs de la psyché. Il leur manque cette distance, ce «point d'appui», intérieur, ce fond de silence.
En réalité, il s'agit d'effectuer une prise de conscience «sur le vif» des mécanismes du moi, et pour cela d'ouvrir ses sens intérieurs pour explorer les multiples nuances de la pensée, des sentiments, des sensations ; d'épanouir la fleur de l'intériorité ordinairement voilée par les préoccupations quotidiennes.
C'est un peu ce que préconisait le Bouddha, mais nous avons notre propre chemin à faire, libre et nu, loin de toute emprise religieuse, même la plus noble.
Les états de concentration ou l'esprit est focalisé, centré, conduisent à l'absorption du Samadhi. Mais la vigilance nécessaire pour percevoir les mécanismes du «moi» est très différente. C'est un état d'attention globale, non centré, ou la conscience est simplement présente à elle même, sans être fixée sur rien de particulier, attentive aux pensées et aux émotions qui surgissent sans les juger, sans les accompagner, en demeurant simplement en retrait.
Nous sommes dans notre petit laboratoire intime. Pour cela pas besoin d'instruments compliqués. Notre attention suffit. Tout est là, immédiatement présent. Nous sommes installés dans un certain état de recueillement, de Présence à soi, de silence. Car, paradoxalement, c'est le silence qui permet de saisir en profondeur le «bruit» des pensées. Elles se révèlent «par contraste», en quelque sorte, comme des vagues de cette eau paisible qui nous enveloppe lorsque nous sommes établis dans un certain silence.