Citations sur Payer la terre (30)
En ce temps-là, il n'y avait pas de rôle masculin ou féminin. Tu risques toujours de te retrouver dans la forêt à un moment donné. Le jour où ça t'arrive, si tu ne sais pas cuisiner ni coudre... ni faire des choses soi-disant réservées aux femmes, tu es fichu.
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"Ma mère nous a emmené à la plage avec mes frères. Elle pleurait."
Marie estime qu'environ 90% des personnes qui ont témoigné à la Commission de vérité et réconciliation ont admis avoir consommé des drogues et/ou de l'alcool après avoir regagné leurs communautés. Mais la plupart n'utilisaient pas le mot "addiction" signale-t-elle. Ils en parlent comme d'un médicament : "c'était le seul remède que j'avais contre toute cette souffrance".
-Dans le camp, on est un individu, on est unique, on est important, on a un rôle...
Dans les pensionnats autochtones, il n'y a pas d'individualité...On vous donne un numéro, et vous êtes ce numéro.
-Vous vous rappelez votre numéro ?
-263
-A quoi ce nombre servait-il ?
-Tous vos vêtements sont numérotés...Vos draps...Presque tout. L'équipement de hockey. Les affaires de sport. Si vous aviez reçu du courrier, par exemple, au lieu de "Paul", c'était : 263 !
C'était un moyen d'effacer votre personnalité...Vous n'êtes rien ni personne. Donc ils vont devoir vous remodeler. C'est le processus.
Avant de creuser des trous, de faire du tapage, [les Dene] disaient de prier, et de payer la terre. Donner quelque chose, de l’eau, du tabac ou du thé.
(…) La séparation de l'or et du minerai génère de la poussière de trioxyde de diarsenic, une substance mortelle, même à de très faibles doses. La mine Giant en a produit 237.000 tonnes. Où les mettre ? Dans la mine bien sûr !
(…) Quelle est la vision du monde d’un peuple qui ne murmure ni remerciements ni prières, qui extrait tout ce qu’il veut de la terre, et paie ses dettes avec de l’arsenic ?
Les femmes luttent depuis si longtemps contre les violences qui leur sont faites, [...].
Il est temps que les hommes s'impliquent à leur tour et se mettent au travail, même si c'est loin d'être simple.
A nous de relever le défi. Arrêtons de culpabiliser, même si on a de bonnes raisons pour ça.
[...] Mais on arrivera à rien si nous, les hommes, ne combattons pas nos propres démons pour devenir meilleurs.
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Peter Redvers, qui a encadré des recherches ethnographiques dans la région de Dehcho, me dit que la sédentarisation a entraîné "un véritable changement culturel, une transformation radicale des rôles hommes-femmes chez les Dene.
A partir de ce moment là, les femmes sont restées avec les enfants dans la communauté et ce sont les hommes qui sont sortis faire la récolte. C'était le début de la rupture de l'implication familiale sur le terrain.
Le système des pensionnats autochtones a débuté vers 1850 et s'est poursuivi pendant environ 150 ans, mais il n'a jamais été remis en question par...Le courant dominant au Canada. C'était juste une composante importante de la colonisation. J'imagine que si vous n'êtes pas concerné, vous n'avez pas de raison de le remettre en question...C'est indubitablement un nuage sombre dans notre histoire, dans celle du Canada.
Ils ont continué à tenir la douleur à distance en se soûlant et ils en sont morts.
Environ 150 000 enfants indigènes sont passés par les pensionnats autochtones du Canada. Plus de 6000 personnes (soit 4%) sont mortes des suites de maladie, de négligence, de mauvais traitements ou de blessures variées alors qu'elles étaient livrées au système. Mais les corps brisés et les enfants traumatisés faisaient partie d'un panorama plus large mis en évidence par la Commission de vérité et de réconciliation. Son rapport final de 2015 concluait que le gouvernement canadien et les Églises s'étaient rendus coupables de "génocide culturel".