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EAN : 9782878270853
105 pages
Rackham (26/11/2004)
3.74/5   48 notes
Résumé :
Guide, éclaireur, interprète... Des professions liées à la guerre qui existent au moins depuis que les guerres existent. Avec la forte médiatisation des conflits, commencée à la fin du siècle passé, ces métiers ont pris de plus en plus de poids, si bien que les journalistes anglo-saxons ont crée un nouveau terme pour le définir : fixer. Ce mot vient du verbe to fix, (littéralement " arranger ") qui a du mal à trouver un équivalent dans la langue française mais qui e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Voilà une curieuse bande dessinée d'un auteur très très réputé pour les reportages dessinés qu'il a produits. Dès les premières pages, j'ai été dérangée par le trait de Joe Sacco et ses personnages aux traits bruts, bavant sur leurs clopes et le regard hagard. Une lecture malaisée du point de vue du dessin donc, qui est pourtant très fourni en détails et qui en dit beaucoup sur les scènes esquissées ; je pense notamment à cette triste case où des soldats s'éloignent de dos, tandis qu'une culotte abaissée aux chevilles laisse deviner l'horreur que vient de subir la femme, anonyme et hors champ.

Il y a aussi ce personnage, Neven, le "fixeur", et qui représente un type d'homme tout sauf sympathique pour une lectrice européenne : fanfaron, menteur, aux justifications parfois alambiquées, escroquant son compagnon journaliste, jamais en reste pour évoquer ses exploits ou pour trouver une prostituée dont la photographie seins nus fera la une des reportages des journalistes occidentaux.

En surface, The fixer a tout pour me rebuter, surtout que la trame n'est pas facile à suivre entre les récits du journaliste, ceux de Neven, et les analyses du point de vue de tel ou tel personnage...Et pourtant, Joe Sacco parvient au fil des pages à montrer l'importance et le symbole que fut la ville de Sarajevo dans la Yougoslavie aux prises avec une affreuse guerre civile, comment des hommes de toute ethnie ou religion la défendirent, organisés en milices au pouvoir grandissant, incorporées à l'armée par le gouvernement, puis écrasées et jugées pour des exactions qu'elles auraient seules commises...Ce que la guerre a d'incompréhensible et d'absurde suinte des pages et des discours, tandis que Joe Sacco réussit finalement un très bel exercice d'humilité : celui de présenter le journaliste étranger comme un parfait intrus, incapable de vraiment comprendre ce qu'il se passe à quelques centaines de mètres, obligé de s'en remettre à un "local" qui voudra bien l'aider, lui présenter des personnes, le guider à travers un conflit dont il est lui-même partisan...On en viendrait même presque, dans les ultimes pages, à éprouver un peu de pitié, de compréhension pour Neven et sa carapace qui dévoile peu à peu sa fragilité.

Un troublant témoignage de la guerre à Sarajevo, et un livre qui achèvera de vous démoraliser si vous êtes déjà d'humeur noire. Après tout, puisqu'on en est là, pourquoi ne pas poursuivre avec Gaza 1956, en Marge de l'Histoire ou Palestine, puisque c'est dans l'ère du temps ?
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C'est intéressant de suivre un conflit, aussi complexe soit-il, des yeux d'un reporter journaliste sur le terrain. Ce dernier s'adjoint les services d'un fixer c'est à dire d'un correspondant sur place qui connait toutes les ficelles. A l'heure de la médiatisation de tous les conflits de la planète, c'est une démarche intéressante de se plonger au coeur même du journalisme d'investigation.

La lecture a été plutôt difficile en raison de la multitude de personnages évoqués, notamment des généraux bosniaques et serbes ainsi que de nombreux flash-backs qui ponctuent le récit. Cela devient à la fois compliqué et fastidieux. Etait-ce réellement nécessaire de multiplier les portraits des protagonistes qui ont participé à cette guerre fraticide ? Ils se ressemblent presque tous. A la fin, on éprouve beaucoup de confusion en se perdant dans la géopolitique.

Pour autant, il y a des aspects du récit qui m'ont plu comme la description d'une atmosphère à Sarajevo qui devait être bien singulière. C'est déjà la ville qui avait été le déclencheur de la Première Guerre Mondiale avec l'assassinat de l'archiduc d'Autriche et de son épouse. Par ailleurs, il n'y a point de dramatisation à outrance. L'auteur semble nous livrer sa vision des choses ce qui implique qu'il occulte beaucoup de faits historiques.
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Joe Sacco nous fait rencontrer Neven, un serbe musulman engagé dans une guerre où il est parfois difficile de comprendre les enjeux mais surtout qui sont véritablement les victimes à part les civils de ces pays balkans.
Pas de positionnement véritablement ici mais vraiment la volonté de nous faire partager cette rencontre avec Neven qui a pris part à ce conflit à Sarajevo. Entre réalité et invention, Neven nous raconte sa guerre et sa vie, les difficultés quotidiennes, les relations entre les seigneurs de guerre, les soldats, la population et le gouvernement bosniaque. le récit de guerre est entrecoupé des discussions entre l'interviewé et le reporter.
Double intérêt donc au sein de cette bande dessinée. Joe Sacco soulève ici un des nombreux pans de la guerre en ex-yougoslavie mais surtout s'implique pleinement dans son travail. Pour la première fois, nous le suivons dans ses pérégrinations et nous pouvons ainsi nous rendre compte de la difficulté du travail sur le terrain. La difficulté de faire confiance, celle de prendre assez de distance avec le sujet, de prendre du recul...
Visuellement, c'est un pur plaisir de trouver le trait de Sacco. Et quelle trouvaille pour alterner récits de guerre et travail journalistique, une simple alternance dans la couleur du fond.
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C'est en entendant Joe Sacco à la radio que j'ai eu envie de lire son oeuvre. Il vient de publier une BD sur le conflit israélo-palestinien, mais c'est sur un autre conflit, tout aussi complexe, que je me suis penché, avec "The Fixer, une histoire de Sarajevo".
Il s'agit d'une oeuvre reportage, comme peut le faire Raymond Depardon au cinéma.
On est en 2001. Retour à Sarajevo pour Joe Sacco qui se met en scène sur les traces de Neven, son « fixer », celui qui lui donnait les tuyaux, qui offrait des pistes, qui servait de guide pour les journalistes en demande de scoop pour couvrir le conflit des Balkans. L'auteur l'avait rencontré dans le hall de son hôtel en 1995, lorsque la ville sortait meurtrie d'une terrible période de guerre et de siège entre les forces musulmanes et les Serbes.
Sous le portrait de cet homme énigmatique et charismatique, tout un pan de l'histoire des guerres se dévoile : le pouvoir de la force et de la brutalité, le règne de l'iniquité et du crime, l'exacerbation des pulsions les plus violentes d'une humanité primitive. Mais Neven reste bien au centre de ce récit dessiné, il est la source de toutes les informations, le maître du jeu dans cette ville en ruine, un narrateur qui peut se jouer de son auditoire en fabulant quelque peu sur la réalité des faits, un faiseur d'histoires pour le bonheur de l'Occident
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Je poursuis mon exploration de l'oeuvre de Joe Sacco, en changeant de continent puisqu'il s'agit de cette fameuse guerre qui s'est déroulée à notre porte, pas celle qui est en ce moment à notre porte, celle d'avant, celle de l'ex-Yougoslavie. Mais cet opus m'a hélas moins convaincue que mes précédentes lectures. Peut-être à cause de l'angle : ici il est question d'un seul personnage, et c'est sa vision de la guerre que l'on voit, alors que j'avais beaucoup apprécié le caractère polyphonique des précédents reportages bd que j'avais lus. Et puis il faut avouer que je me suis laissée tromper par le titre : je m'attendais à une réflexion sur le rôle du fixer dans le journalisme, et en particulier le journalisme de guerre, d'autant que l'on voit l'importance de son rôle par exemple dans [Gaza 1956]. Mais il n'en est rien. Neven, le personnage dont il est question, est effectivement fixer(entre autres choses), mais la façon dont il exerce cette activité n'est jamais véritablement évoquée dans le livre.
C'est donc une sorte d'interview en bd, entremêlée de considérations sur l'étrange relation (qualifiée d'amicale par Joe Sacco, mais qui parfois confine à l'extorsion) entre le témoin et son interlocuteur. Pas inintéressant, certes, mais pas aussi prenant que les autres reportages que j'ai pu lire de Joe Sacco.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je me suis demandé…
De quel côté je suis ?
En tant que Serbe, tu vois.
Et j’ai décidé de miser mes cartes sur la Bosnie. J’ignore vraiment pourquoi.
Vu que je m’étais toujours considéré comme un nationaliste serbe.
Je suis nationaliste dans le sens où j’aime ma nation.
Mais je ne déteste personne.
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Lorsque j'ai accepté d'enseigner à Sarajevo pendant la guerre, ce n'était pas par générosité ou don de soi. Plutôt une sorte d'excès par quoi je me définissais et où je pensais que je finirais par me perdre ou mieux m'aimer.
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Le seul moyen pour nous de survivre après la guerre, c'est d'ouvrir un restaurant ou un bar ensemble, un truc de ce genre. Je ne rêve pas d'un gros truc. Juste de quoi nous faire vivre tous les trois. Avec nos familles bien sûr. On est tous susceptible de se marier et d'avoir des familles tôt ou tard. On a touché le fond, les choses devraient s'arranger.
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Videos de Joe Sacco (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joe Sacco
La Petroleuse présente la bd BUT I LIKE IT (LE ROCK ET MOI) Joe Sacco (Futuropolis - 2018 - 138 p. 20 x 27 cm - Cartonné) Dispo/Available here: https://www.la-petroleuse.com/fr/bandes-dessinees/5166-livre-but-i-like-joe-sacco.html
"1988, Portland, Oregon. Joe va prendre l'avion. Son vieux pote depuis le lycée, Gerry, chanteur des Miracle Workers, lui a dit qu'il pourrait être de la tournée en Europe, s'il vient vendre des T-shirt les soirs de concert. Ce qui motive Joe, c'est plutôt de faire une BD au sujet de la tournée. Ça change des affiches qu'il dessine pour eux... Quand Joe rejoint le groupe, Gerry lui dit qu'en fait, il n'y aura pas de place dans le tour bus... Ça tombe mal, Joe a tout plaqué : préavis pour son job, remise des clés d'appartement. Et voilà son bizutage, c'était une blague !!! Il embarque finalement en compagnie du reste du line-up, Robert, Matt et Hutch. Direction Amsterdam. le vol est sans encombre, les mecs se bourrent la gueule à la bière. Cependant, le look rock-star torchée, ça ne passe pas trop bien à la douane hollandaise, qui embarque Matt à deux grammes cinq. Contrôle de passeport, pas de billet retour, 31 $ en poche..."
Audio: Miracle Workers (Love Has No Time) 1985
+ Lire la suite
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