Pas moins de trente-deux mille actes sont rédigés pendant les trente-deux années de règne de François 1er, soit mille par an. Un collège de notaires veille sur leur bonne application, ce qui assure une meilleure diffusion des rouages de la politique d'un Etat de plus en plus centralisé et absolutiste. Tous ne passent pas le seuil de la postérité, mais l'un d'eux peut être légitimement considéré comme le chef-d'oeuvre du règne, l'édit de Villers-Cotterêts, signé le 15 août 1539.
Non pas dans son ensemble, puisque celui-ci comporte cent quatre-vingt-douze articles ayant pour but de réformer la justice. Mais les articles 110 et 111 sont fondamentaux, ils stipulent que "les enquestes, contrats, commissions, sentences, testaments et autres actes et exploicts de justice, ou qui en dépendent, sont prononcez, enregistrez et délivrez aux parties en langaige maternel français et non autrement."
Qu'est-ce que cela signifie ? Que cet avatar du romain qu'avaient progressivement adopté les Gaulois conquis par César, et que, depuis le serment de Strasbourg conclu en 842 par Charles le Chauve et Louis le Germanique, on appelait vaguement le "franc", le "francien" ou le "français", est désormais l'unique langue administrative pour l'ensemble du royaume de France. L'usage du latin est relégué à l'Eglise et celui des langues régionales au bas peuple des campagnes, ces "gens de néant", chargés seulement de nourrir le royaume et non de le gérer.
L'édit de Villers-Cotterêts accélère brutalement l'unité linguistique du royaume de France et ouvre cette tradition glotophage qui, accentuée par le décret Barère sous la Révolution, va combattre les idiomes locaux de l'Oïl ou de l'Oc (breton, picard, wallon, normand, limousin, gascon, provençal) sans pouvoir cependant les éradiquer. Ce texte a aussi pour conséquence de favoriser non seulement le monde de l'édition, mais encore celui de l'Université, et d'enclencher un mouvement de restructuration et d'organisation du français, avec la construction progressive des règles d'orthographe, de prononciation, de ponctuation, de grammaire et de syntaxe. Ce sont ces règles qui, deux siècles plus tard, aboutiront à cette perfection de la langue de Racine, de Molière ou de Voltaire. Grâce à elles, le français servira de langue diplomatique commune à l'Europe jusqu'au congrès de Vienne, au début du XIXème siècle.
Pages 391-392
Elle se nomme Anne d'heily, compte parmi les quelques quinze rejetons des trois mariages d'un petit seigneur de Pisseleu, dans la Beauce. Il semble évident que le souverain, en la vyant pour la première fois, en est tombé immédiatement amoureux....
Le 02 mai 1519, Léonard (De VINCI) rejoint, à l'âge de soixante-sept ans, celui qu'il appelle "l'opérateur de tant de choses merveilleuses".
"Chaque fois que le roi crée un office, Dieu crée un sot pour l'acheter"
[Relax67] Preuve que l'on peut cumuler génie et gaucherie dans des domaines différents:
"Ainsi est Machiavel: un pacifiste qui ne traite que de la guerre et un stratège dérouté par les surprises de la vie privée. Incapable de se servir lui-même, il est un collaborateur d'exception pour les autres."
Mais la forme, l'âme , la finesse de la Renaissance, c'est à la souveraineté de la femme que nous les devons. Elle est à la fois signée par l grâce de l'intelligence et l'intelligence de la grâce. A l'avant-garde, Christine de Pizan, fille d'un médecin et astrologue italien, entrée au service du Roi Charles V et première femme de lettres. C'est elle qui a ouvert la voie. Anne de Bretagne, qui possédait une galiote sur la Loire et une meute de vingt-quatre chiens, était surtout une lectrice d'élite. Elle se plongeait avec passion dans les ouvrages que son mari Charles VIII avait rapportés d'Italie. (...)
Que dire encore des trois dames du Clos-Lucé, ces égéries royales aux talents multiples : Anne de Bretagne, duchesse en sabots, Louise de Savoie, mère de François Ier, et Marguerite de Navarre, notre premier grand écrivain français.
Avant-propos
François 1er répondant aux admonestations de sa mère pour sa relation avec la comtesse de Chateaubriand :
"ma mère, j'ai conviction que vos intentions sont les meilleures du monde quand vous portez de mauvais jugements sur certains de mes actes, mais je répondrai qu'un roi, fut-il, comme vous le dites, promis à un destin supérieur, est aussi un homme. Comme tel, il lui appartient de se délasser des affaires de l'état en sacrifiant, quand il le peut, à son bon plaisir...."
il (François 1er) éclata en sanglots et prononça la plus belle des oraisons funèbres : "pour chacun de nous, la mort de cet homme est un deuil car il est impossible que la vie en produise un semblable".
(en parlant de léonard de VINCI).
"Croyez-vous, Mon Fils, que la place de cette femme soit céans, alors que vous traitez des affaires de la France ?
- Ma Mère, la comtesse, comme les autres dames qui nous accompagnent, est présente pour donner du plaisir à nos ébats, tels des bouquets de fleurs dont on garnit les tables"
La Renaissance, c'est cela : cette égalité acquise par les grands artistes avec les maîtres du monde : François Ier écoutant, penché, les maximes murmurées de Vinci, et Charles Quint plié en deux pour ramasser le pinceau échappé des mains de Titien.