Constamment présent sur le terrain, toujours disponible pour ses sujets et impatient, surtout, de faire ses preuves en matière administrative, comme il l'a fait dans le domaine militaire avec les routiers, il va, en effet, modifier en profondeur la vie quotidienne de ce territoire et achever de l'ancrer dans la terre de France, comme en témoigne son sceau associant les lis et les dauphins. A peine installé il se comporte en souverain, faisant d'abord savoir à tout le pays que son chef est là, le visitant ensuite en détail, quels que soient l'éloignement et la difficulté d'accès des populations, recevant tout ceux qui viennent lui porter leurs doléances ou prodiguer leurs conseils - paysans, artisans, bourgeois, nobles et prêtres -, les écoutant attentivement et leur promettant de se consacrer exclusivement au bonheur de tous, ce à quoi il ne faillira jamais.
Partant chacun de leur rive respective, les deux souverains se mettent en chemin seuls, laissant leurs proches et leurs troupes derrière eux et, en s’apercevant, ôtent chacun son chapeau et se saluent avant de s’embrasser à travers les trous pratiqués sur le guichet. Le roi de France dit alors à assez haute voix pour être entendu de tous : « Monseigneur et mon cousin, soyez le très bienvenu. Il n’y a homme au monde que je désirasse tant à voir que vous. Et loué soit Dieu, de qui nous sommes assemblés à cette bonne intention. » Le roi d’Angleterre lui répond sur un ton tout aussi aimable et chacun -les dames surtout!- admire la belle allure d’Edouard IV, dont le mètre quatre-vingt-treize tranche singulièrement avec la taille des hommes de son temps, et la joie qui se lit sur les traits plus ingrats de Louis XI, d’autant que, si Édouard est somptueusement vêtu, Louis, comme à son habitude, porte son costume ordinaire.