On se battait pour une reine enfant et pour l'indépendance du pays contre un ennemi haï depuis longtemps, ces Anglais si riches et si arrogants, qui méprisaient l'Écosse, pauvre et sauvage.
Après une parodie de jugement, puisque les accusés ne furent pas entendus et qu’ils n’eurent pas d’avocats, ils furent reconnus coupables de haute trahison et condamnés à la peine des régicides : être éventrés et éviscérés, puis écartelés jusqu’à ce que mort s’ensuive. Supplice particulièrement long et insupportable, que l’on abrégeait d’habitude en étranglant les condamnés. Cette fois, on les laissa souffrir et hurler jusqu’au bout, Elisabeth y avait veillé… Le peuple de Londres, d’habitude si friand de ce genre de réjouissances, fut finalement écœuré devant le supplice subi par ces hommes si jeunes et si beaux… Bien des femmes pleuraient parmi la foule et l’image d’Elisabeth n’en sortit pas grandie.
- Je ne veux prendre aucun risque, avant de savoir si la lance est entrée profondément dans le crâne et comment l'en extirper sans causer les plus graves dommages. Il me faudrait au plus vite des crânes frais pour les perforer à leur tour sous le même angle et étudier les dégâts causés.
- Vous les aurez, dit Catherine.
[...] S'il lui fallait des crânes pour sauver un époux bien-aimé, il en aurait. Elle fit aussitôt appeler son intendant et lui commanda d'ordonner au bourreau, M. de Paris, d'exécuter sur l'heure les condamnés à mort. Il y en avait six et le bourreau fut chargé d'apporter les crânes au Louvre.
Quand Marie aperçut pour la première fois le dauphin, un petit garçon de quatre ans et demi qui lui arrivait à peine à l’épaule, à la peau blême couverte de pustules d’un eczéma envahissant, à l’air souffreteux, aux yeux saillants la regardant avec une admiration timide, elle décida de le prendre sous sa protection.
Il n'y avait que les appartements du roi et de sa famille qui fussent à peu près confortables. On s'y installa et ce fut un prétexte, pour Antoinette de Guise, de séparer en douceur sa petite-fille de sa suite écossaise, jugée fort rustique et ne sentant pas trop bon.
Des cris montaient des rues de la ville. Partout, les soldats royaux trucidaient un peu au hasard tout ce qui pouvait ressembler à un huguenot, violaient les femmes suspectées d’être favorables à la Réforme ou simplement coupables d’être trop jolies. Les rues étaient rouges de sang. Près de mille cinq cents victimes pourfendues au hasard périrent ce jour-là dans les rues d’Amboise.
Le ventre de lady Fleming, la trop séduisante gouvernante de Marie Stuart, s’arrondissait et Marie de Guise trouva que ce n’était pas un bon exemple pour sa fille. Lady Fleming accoucha discrètement d’un fils, mais toute la Cour savait que le roi Henri II en était le père, la gouvernante l’avait assez dit et les airs enamourés du roi le proclamaient. Marie de Guise, avec l’aide de Madame Catherine et de Diane de Poitiers, qui tenaient toutes deux à maintenir l’équilibre du trio bien compromis par la sulfureuse Ecossaise, se hâtèrent de faire rembarquer la gouvernante, couverte d’honneurs et de présents, mais qui dut laisser le bâtard royal à la cour de France. Il y serait élevé avec les autres enfants royaux et reçut le nom d’Henri d’Angoulême.
Restait à Marie de Guise à trouver une autre gouvernante à sa fille. Pour ne pas réitérer la même expérience, elle choisit une certaine Françoise Paroy, au visage ingrat et à l’âge certain.