Je m’interroge aujourd’hui sur cette obstination à refuser un baume pour la plaie à vif. Je n’étais pourtant ni méchante, ni coquette, ni ambitieuse. Sans doute, la crainte inconsciente d’engager trop tôt mon avenir m’empêcha-t-elle de parler… Cet avenir, il m’était cependant impossible de l’envisager sans Yanis. Le cœur des femmes est ainsi, plein de mystère, d’incertitudes.
Elle a envoûté l’animal, comme elle a mis le grappin sur mon frère. Une vraie sorcière, cette fille-là !
Ce mot représente la plus grande injure qu’il soit possible de proférer en Pays Basque. Malgré notre foi profonde nous conservons encore des superstitions séculaires et le souvenir des maléfices attribués au Moyen Age à certains sorciers a encore le pouvoir d’effrayer.
Il aimait parler de sa patrie et je l’y encourageais. D’après lui, la Californie, c’était la terre promise, le pays des merveilles, l’Etat où il y avait le plus d’avions, le plus d’or, le plus de bonheur. Les arbres y étaient incomparables, les fleurs luxuriantes, les orangers si beaux qu’on plaçait le paradis terrestre dans ces lieux enchanteurs.
L’épreuve a cela de bon qu’elle nous permet de découvrir ce que nous sommes et de quoi notre adversaire est capable. Par sa dureté de cœur, son incompréhension, ses calomnies, ses injustices, Willy venait de perdre à jamais mon estime. Dans une circonstance aussi dramatique, la jalousie ne pouvait être qu’une piètre excuse.
Pour vous, « aimer », c’est rencontrer une fille pas trop moche, sortir avec elle, s’en amuser, et la plaquer ensuite. Si d’aventure vous allez jusqu’au mariage, le divorce est commode pour vous en débarrasser. Pour nous autres, Basques, l’amour et le mariage ne s’envisagent pas ainsi.