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Citations sur Mémoires, tome 1 (91)

"[...] ... Les mêmes Bouillons n'étaient pas moins ennemis des Telliers. M. de Louvois, brouillé à l'excès avec M. de Turenne, et diverses fois humilié sous son poids, l'avait rendu depuis à toute sa famille, et jusqu'à MM. de Duras, ses neveux, l'inimitié s'était perpétuée. ...[...]"
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"[...] ... [Fénelon] eut auprès de Mme de Maintenon presque autant de succès qu'il en avait eu auprès des deux ducs ; sa spiritualité l'enchanta. La cour s'aperçut bientôt des pas de géant de l'heureux abbé, et s'empressa autour de lui. Mais le désir d'être libre et tout entier à ce qu'il s'était proposé, et la crainte encore de déplaire aux ducs et à Mme de Maintenon, dont le goût allait à une vie particulière** et fort séparée, lui fit faire bouclier de modestie et de ses fonctions de précepteur, et le rendit encore plus cher aux seules personnes qu'il avait captivées, et qu'il avait tant d'intérêt de retenir dans ces attachements. ... [...]"
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" [...] ... Melle de Quintin ne tarda pas longtemps à avoir son tour. M. de Lauzun la vit sur le lit de sa soeur, avec plusieurs autres filles à marier. Elle avait quinze ans et lui plus de soixante-trois ans : c'était une étrange disproportion d'âge ; mais sa vie jusqu'alors avait été un roman, il ne le croyait pas achevé, et il avait encore l'ambition et les espérances d'un jeune homme. Depuis son retour à la cour et son rétablissement dans les distinctions qu'il y avait eues, depuis même que le roi et la reine d'Angleterre, qui le lui avaient valu, lui avaient encore procuré la dignité de duc vérifié, il n'était rien qu'il n'eût tenté par leurs affaires pour se remettre en quelque confiance avec le Roi, sans avoir pu y réussir. Il se flatta qu'en épousant une fille d'un général d'armée, il pourrait faire en sorte de se mettre entre le Roi et lui, et, par les affaires du Rhin [les opérations guerrières menées par Louis XIV sur la frontière], s'initier de nouveau et se rouvrir un chemin à succéder à son beau-père dans la charge de capitaine des gardes, qu'il ne se consolait point d'avoir perdue.

Plein de ces pensées, il fit parler à Mme la maréchale de Lorge, qui le connaissait trop de réputation et qui aimait trop sa fille pour entendre à un mariage qui ne pouvait la rendre heureuse. M. de Lauzun redoubla ses empressements, proposa d'épouser sans dot, fit parler sur ce pied-là à Mme de Frémont et à Messieurs de Lorge et de Duras, chez lequel l'affaire fut écoutée, concertée, résolue, par cette grande raison de sans dot, au grand déplaisir de la mère, qui, à la fin, se rendit, par la difficulté de faire sa fille duchesse comme l'aînée, à qui elle voulait l'égaler. Phélypeaux, qui se croyait à portée de tout, la voulait aussi pour rien, à cause des alliances et des entours, et la peur qu'en eut Melle de Quintin la fit consentir avec joie à épouser le duc de Lauzun, qui avait un nom, un rang et des trésors. La distance des âges et l'inexpérience du sien lui firent regarder ce mariage comme la contrainte de deux ou trois ans, tout au plus, pour être après libre, riche et grande dame : sans quoi, elle n'y eût jamais consenti, à ce qu'elle a bien souvent avoué depuis.

Cette affaire fut conduite et conclue dans le plus grand secret. Lorsque M. le maréchal de Lorge en parla au Roi : "Vous êtes hardi, lui-dit-il, de mettre Lauzun dans votre famille ; je souhaite que vous ne vous en repentiez pas. De vos affaires, vous en êtes le maître ; mais pour des miennes, je ne vous permets de faire ce mariage qu'à condition que vous ne lui en direz jamais le moindre mot." ... [...]"
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"[...] ... L'intrigue, l'adresse, et, quand il le fallait, la bassesse servait bien [M. de Luxembourg.] L'éclat de ses campagnes et son état brillant de général de l'armée la plus proche et la plus nombreuse lui avaient acquis un grand crédit. La cour était presque devenue la sienne par tout ce qui s'y rassemblait autour de lui, et la ville, éblouie du tourbillon et de son accueil ouvert et populaire, lui était dévouée. Les personnages de tous états croyaient avoir à compter avec lui, surtout depuis la mort de Louvois, et la bruyante jeunesse le regardait comme son père et le protecteur de leur débauche et de leur conduite, dont la sienne, à son âge, ne s'éloignait pas. Il avait captivé les troupes et les officiers généraux ; il était ami intime de M. le Duc [Condé], et surtout de M. le prince de Conti, le Germanicus d'alors ; il s'était initié dans le plus particulier de Monseigneur [le Grand Dauphin, fils aîné de Louis XIV], et enfin, il venait de faire le mariage de son fils aîné avec la fille aînée du duc de Chevreuse, qui, avec le duc de Beauvillier, son beau-frère, et leurs épouses, avaient alors le premier crédit et toutes les plus intimes privances avec le Roi et avec Mme de Maintenon.

Dans le Parlement, la brigue était faite. Harlay, premier président, menait ce grand corps à la baguette ; il [M. de Luxembourg] se l'était dévoué tellement qu'il crut entreprendre et réussir ne serait que même chose, et que cette grande affaire lui coûterait à peine le courant d'un hiver à emporter. Le crédit de ce nouveau mariage venait de faire ériger, en faveur du nouvel époux, la terre de Beaufort en duché vérifié sous le nom de Montmorency et, à cette occasion, il ne manqua pas de persuader à tout le Parlement que le Roi était pour lui dans sa prétention contre ses anciens, lorsque, bientôt après, il la recommença tout de bon. Le premier président, extrêmement bien à la cour, l'aida puissamment à cette fourberie, de sorte que, lorsqu'on s'en fut aperçu, le plus grand remède y devint inutile : ce fut une lettre au premier président, de la part du Roi, écrite par Pontchartrain, contrôleur général des Finances et secrétaire d'Etat, par laquelle il lui mandait que le Roi, surpris des bruits qui s'étaient répandus dans le Parlement qu'il favorisait la cause de M. de Luxembourg, voulait que la compagnie sût par lui [Harlay, premier président] et s'assurât entièrement que Sa Majesté était parfaitement neutre, et la demeurerait entre les parties, dans tout le cours de l'affaire. ... [...]"
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"[...] ... Le prince d'Orange, étonné que le feu continuel et si bien servi de son canon n'ébranlât point notre cavalerie, qui l'essuya six heures durant sans branler et tout entière sur plusieurs lignes, vint aux batteries en colère, accusant le peu de justesse de ses pointeurs. Quand il eut vu l'effet, il tourna bride, et s'écria : "Oh ! l'insolente nation !" ... [...]"
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Il ne songea même, comme on le verra, tout de bon à gouverner que lorsque force fut d'être perdu et déshonoré ou d'exercer les droits de sa naissance, et, quant à régner, je ne craindrai pas de répondre que jamais il ne le désira, et que le cas forcé arrivé, il s'en serait trouvé également importuné et embarrassé. Que voulait-il donc ? me demandera-t-on : commander les armées tant que la guerre aurait duré, et se divertir le reste du temps sans contrainte ni à lui ni à autrui. C'était en effet à quoi il était extrêmement propre. Une valeur naturelle, tranquille, qui lui faisait tout voir, tout prévoir et porter les remèdes, une grande étendue d'esprit pour les échets d'une campagne, pour les projets, pour se munir de tout ce qui convenait à l'exécution, pour s'en aider à point nommé, pour s'établir d'avance des ressources et savoir en profiter bout à bout, et user aussi avec une sage diligence et vigueur de tous les avantages que lui pouvait présenter le sort des armes.
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Les meilleurs remèdes et les plus habiles échouent à bien des maladies; à plus forte raison ces sortes de gens qui donnent le même remède, tout au plus déguisé, à toutes sortes de maux, et qui à tout hasard entreprennent les plus désespérés, et des gens à l'agonie à qui les médecins ne peuvent plus rien faire, dans l'espérance que, si ces gens malades viennent à réchapper, on criera au miracle du remède, et qu'on courra après eux, et que, s'ils n'y réussissent pas, ils auront une excuse bien légitime par l'extrémité que ces malades ont attendue avant de les appeler.
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Toutes ces affaires différentes ne furent rien en comparaison d'une autre qu'elles firent naître, et dont l'entreprise donna lieu à la plus grande plaie que la pairie pût recevoir, et qui en devint la lèpre et le chancre.
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Laissons-les aller, et admirons la Providence qui se joue des pensées des hommes et dispose des États. Qu'auraient dit Ferdinand et Isabelle, Charles V et Philippe II qui ont voulu envahir la France à tant de différentes reprises, qui ont été si accusés d'aspirer à la monarchie universelle, et Philippe IV même, avec toutes ses précautions au mariage du roi et à la paix des Pyrénées, de voir un fils de France devenir roi d'Espagne par le testament du dernier de leur sang en Espagne, et par le vœu universel de tous les Espagnols, sans dessein, sans intrigue, sans une amorce tirée de notre part, et à l'insu du roi, à son extrême surprise et de tous ses ministres, et qui n'eut que l'embarras de se déterminer et la peine d'accepter ? Que de grandes et sages réflexions à faire, mais qui ne seraient pas en place dans ces Mémoires!
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On ne pouvait avoir plus d'esprit, plus d'intrigue, plus de douceur, d'insinuation de tour et de grâce dans l'esprit, une plaisanterie plus fine et plus salée, ni être plus maîtresse de son langage pour le mesurer à ceux avec qui elle était. C'était en même temps de tous les esprits le plus méchant, le plus noir, le plus dangereux, le plus artificieux, d'une fausseté parfaite, à qui les histoires entières coulaient de source avec un air de vérité, de simplicité qui était prêt à persuader ceux même qui savaient, à n'en pouvoir douter, qu'il n'y avait pas un mot de vrai ; avec tout cela une sirène enchanteresse dont on ne se pouvait défendre qu'en la fuyant, quoiqu'on la connût parfaitement. Sa conversation était charmante, et personne n'assenait si plaisamment ni si cruellement les ridicules, même où il n'y en avait point, et comme n'y touchant pas ; au demeurant plus que très galante tant que sa figure lui avait fait trouver avec qui, fort commode ensuite et depuis se ruina pour les plus bas valets.
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