Contrairement aux apparences, cette chronique ne rentre pas dans mes lectures du Pumpkin Autumn Challenge, bien que la novella soit une lecture parfaite pour ce challenge ! Car je l'ai lue au cours du mois d'août mais, ayant du retard dans mes retours de lecture, mon billet n'arrive que maintenant sur le blog.
En août, j'ai en effet pris de l'avance sur mes lectures automnales, sans doute parce que j'étais impatiente de retrouver le PAC ! J'ai donc lu
le respir de
Saintclair HJ, une novella parue l'année dernière aux éditions du Chat Noir. Elle me tentait déjà dès sa sortie mais les thématiques, auxquelles je suis sensible, ainsi que ma santé mentale fragilisée à l'époque par plusieurs deuils, ont fait que j'ai préféré attendre d'être plus solide pour me lancer. Un an après sa sortie, je me suis sentie prête et l'ai donc emprunté à ma bibliothèque.
Ce qui frappe au premier abord, c'est la plume. Excessivement travaillée, poétique, musicale, on savoure les phrases comme un mets délicat ! Ensuite, on se laisse porter par l'histoire de Pierre, ce lycéen aux passions morbides, et par son obsession pour son professeur, dont il est convaincu qu'il s'agit d'un mort-vivant. Un respir.
Le respir reprend tous l'attirail du gothique jusqu'à en frôler la caricature : lycéens vêtus de noir, errances dans un cimetière, fascination pour la mort… Mais l'auteur évite brillamment cet écueil du « trop » en jouant de façon subtile avec sa tonalité : ainsi
le respir se présente sous la forme du journal de Pierre, qui admet que sa prose lyrique ne correspond pas à sa façon de « parler » (Pierre est muet et s'exprime à l'écrit). Plus tard, lui et son amie Claire rencontreront d'autres jeunes qui, eux, caricaturent vraiment ce qu'est le gothique ! Ce qui souligne d'autant mieux le jeu subtil de l'auteur avec son texte, en opposant ces deux visions du genre.
Le texte aborde des thèmes difficiles (le résumé est clair à ce sujet), l'obsession mortifère de Pierre comme son mal-être évident créent un malaise diffus qui nous suit jusqu'à la dernière page. En le lisant, j'ai aussi souvent pensé aux oeuvres de
Baudelaire et de
Poe, où le macabre devient un objet d'esthétique littéraire. D'ailleurs, ça m'a donné envie de replonger dans ces oeuvres !
Le respir est une novella qui m'aurait totalement ravie si je l'avais lue adolescente, époque où je dévorais des textes sombres, gothiques, horrifiques. Aujourd'hui, ma sensibilité a évolué et la thématique du suicide est devenue quelque chose que j'aborde avec beaucoup de précautions, car source potentielle d'angoisses bien réelles. Mais je me félicite d'avoir justement attendu d'être prête, car la novella de
Saintclair HJ est la digne héritière du romantisme noir et m'a offert une belle lecture toute imprégnée du spleen cher à
Baudelaire !
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