Le premier texte de
Saintclair HJ sort aujourd'hui. Il s'agit d'une novella, parue aux Éditions du Chat Noir. L'ayant précommandée, je l'ai reçue récemment et me suis calée un moment hier pour la lire. Si vous aimez les récits gothiques, le spleen qui fait vaciller l'esprit dans le monde de fantasme ambulant, cette lecture est pour vous !
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« Je suis suicidaire, et mon professeur est un cadavre.
C'est sa mort étrangement animée qui me maintient en vie.
(…) Sans cette intrigante apparition, moi non plus, je ne respirerais plus. »
La superbe couverture de
Marcela Bolivar, de même que le titre, le résumé et les premières lignes du Respir confirment nos attentes de passionnés de fantastique, de gothique et d'étrangetés. D'une prose littéraire qui rend hommage aux auteurs du XIXème,
Saintclair HJ nous entraîne dans le fantasme de son narrateur, Pierre. Lycéen en classe de Terminale, ce jeune homme possède une âme gothique. Muet et solitaire, il aime la pluie et les cimetières, d'ailleurs il se promène régulièrement au Père Lachaise, en compagnie de sa seule amie, Claire. Mais Pierre est aussi suicidaire. Et alors qu'il pense avoir causé la mort de son professeur de littérature, l'apparition du remplaçant de ce dernier va repousser le suicide du lycéen. Car Pierre en est persuadé : M. Aubespin ne respire pas.
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Comment peut-il en être autrement ? de sa peau livide, à sa maigreur, en passant par ses lèvres cyanosées, le plus marquant pour Pierre est sans conteste son torse qui ne se soulève pas au rythme respiratoire. M. Aubespin est un mort vivant, cela ne fait aucun doute ! Pour prouver ce fait à Claire, Pierre décide qu'ils enquêtent tous deux. Des archives à un ouvrage vandalisé intitulé
le Respir, nos deux amis vont se frotter à un étrange groupe lors d'une cérémonie à minuit dans un cimetière. Leurs découvertes ne rendent que plus fébrile Pierre, tandis que Claire tente de le tempérer. Jusqu'à ce que son amie attrape un mal étrange, la clouant au lit ; la fascination de Pierre pour son professeur devient une obsession, il prône une adoration à M. Aubespin.
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Pierre sait que son professeur est un respir, homme qui ne respire plus mais qui demeure vivant. Sa macabre fascination tend à un amour interdit. Toutefois, n'est-il pas lui-même différent ? Il vénère la mort comme une civilisation autre que l'humanité ; et si M. Aubespin le reconnaissait ? Son professeur matérialise son plus profond fantasme, et Pierre rêve de noyade, de cimetière, de métaphore du corps en tombe. On imagine aisément le narrateur vêtu de noir, les yeux maquillés d'ébène, à lire
Baudelaire et Rimbaud, à flâner dans les cimetières. Après tout, son quotidien est gris et pluvieux : gris comme le ciel et les tombes, aqueux pour la pluie et le fleuve de la noyade.
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Entraînés dans cette atmosphère gothique, par la fascination de Pierre, à la fois macabre et pieuse, nous sommes happés dans ce texte empli de spleen. Cimetières, catacombes, âme gothique etc, l'univers écrit par
Saintclair HJ est fortement empreint de mysticisme et d'un relent d'ésotérisme. Bien que le récit se déroule à Paris, à notre époque (automne-hiver 2019-2020), la prose et les thématiques nous plongent dans un XIXème siècle victorien. C'est évidemment tout ce qui m'a attirée à ce livre ; je possède un amour profondément ancré pour le fantastique classique, pour les esprits névrosés aux pensées et fantasmes étranges qui vacillent dans le mysticisme, le surnaturel. Et je n'ai pas été déçue !
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En bref : Pierre est fasciné par son professeur de littérature qui ne respire pas. Enquêtant avec son amie Claire, ils pénètrent un peu plus dans le Paris mystique, avec ses cimetières (le Père Lachaise notamment) et cette étrange cérémonie à laquelle ils participeront. Tandis que Claire tente de lui faire entendre raison, Pierre s'obstine et développe une obsédante fascination pour son professeur, car n'est-ce pas son fantasme le plus profond qui prend vie ?
le Respir tient toutes ses promesses ! Il ne pourra que ravir les âmes gothiques éprises des atmosphères grises et aqueuses des cimetières sous la pluie.
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